La data open-source générée et publiée par Twitter sert à beaucoup de choses. Comme, par exemple, vérifier si oui ou non les Américains des grandes cités sont plus ouverts d’esprit que les autres.
« Nous travaillons avec les universités en leur donnant accès à notre data, sans hésiter à partager quand c’est pour la bonne cause », nous confiait en exclusivité européenne Chris Moody, VP data strategy chez Twitter, lors des Cannes Lions 2015. Est-ce que savoir si le citadin d’une grande ville étasunienne est plus ouvert d’esprit qu’ailleurs relève du combat socio-humanitaire ? Pas franchement mais les données produites par l’oiseau bleu permettent aujourd’hui à deux universités californiennes de s’attaquer à des préjugés sociologiques trop rarement confrontés à la réalité analytique.
Réalisée par des géographes de UC San Diego et UC Santa Barbara, l’étude qui s’intitule « Est-ce que les villes internationales permettent une meilleure ouverture d’esprit » a été publiée cet été dans le journal PLOS One. Ses conclusions ? Les résidents des mégalopoles nourries par la diversité culturelle et ethnique ont une meilleure connaissance géographique du monde qui les entoure. En revanche même si internet a fait de notre planète un village global, la proximité géographique continue d’impacter sur le degré de connaissance de l’autre.
Afin de pouvoir quantifier le degré de connaissance des auteurs de quelque cinq millions de tweets analysés –et qui tous mentionnent une autre ville que celle dans laquelle il a été posté- les auteurs de l’étude ont créé l’Index du Savoir Global. Plus l’ISG est élevé, plus la ville mentionnée dans le tweet est distante de son lieu de rédaction. Pour représenter visuellement l’ISG des 50 villes nord-américaines les plus peuplées choisies comme cobayes, l’étude a également utilisé l’analyse cartographique et spatiale de la data récupérée. En comparant les degrés de connaissance des utilisateurs Twitter de New York et San Francisco, mais aussi les mentions des deux mégalopoles dans le reste du monde, l’étude livre deux constats.
L’oiseau bleu voit tout !
Primo, la proximité géographique impacte la connaissance des villes étrangères et nord-américaines. Concrètement, un habitant moyen de Los Angeles connait mieux la côte ouest qu’un Newyorkais, qui, a contrario, est plus éduqué sur la géographie de la côte est. Secundo, la taille et l’internationalisation de la ville habitée influence son appétence pour l’étranger. Une autre carte publiée par l’étude oppose les ISG de deux cités moins peuplées. D’un côté San José, ville nouvelle du sud de San Francisco nichée en plein cœur de la Silicon Valley. De l’autre Jacksonville, cité résidentielle très ethnocentrique du nord de la Floride. Entre décembre 2013 et février 2014, les tweetos de San José ont mentionné des noms de villes plus de 50 000 fois (53 625 pour être précis). Sans surprise, San José elle-même et les voisines Sunnyvale et San Francisco arrivent en tête des mentions. Pour Jacksonville, la seule auto-mention représente 84% des références et contrairement à San José, la connaissance du monde extérieur est bien plus limitée.
Donc oui les Etats-Unis peuvent abriter des millions de citoyens centrés sur eux-mêmes, incapables de situer des capitales européennes. Mais le label de l’ignorance n’est pas égalitaire et ne s’appose pas plus aux habitants des cités internationalisées des Etats-Unis qu’à ceux des grandes villes du Vieux continent. Tiens d’ailleurs, cette assertion subjective assumée mériterait bien une étude, non ? Après tout Twitter nous habitue déjà à mieux appréhender une ville ou un pays en prenant la température de l’opinion publique. Le réseau social est-il également le meilleur baromètre pour définir la réputation d’un pays, comme par exemple la France ?