17 avril 2020

Temps de lecture : 3 min

Connerie

Auteur et concepteur-rédacteur, Laetitia Lantieri (naguère chez Publicis) a la plume facile et la langue affutée. Ici elle s'attaque à la connerie. Un sujet cher à Michel Audiard. Comme lui; elle est sûre d'une chose " les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait".

Auteur et concepteur-rédacteur, Laetitia Lantieri (naguère chez Publicis) a la plume facile et la langue affutée. Ici elle s’attaque à la connerie. Un sujet cher à Michel Audiard. Comme lui,  elle est sûre d’une chose  » les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait ».

Décryptée par les philosophes qui cherchent à la cerner, la classifier, la justifier, voir même parfois l’excuser… Analysée par les scientifiques qui tentent, non sans mal, de mettre le doigt dessus et se retrouvent plutôt à mettre les doigts dedans… Tournée en dérision par les artistes tel un Audiard promettant à ses détenteurs une belle mise en orbite… La connerie est omniprésente dans nos vies.

Alors vous me direz, ce n’est pas nouveau. Mais j’ai quand même le sentiment plus ou moins diffus (et plutôt plus que moins ces derniers temps) que « ça ne va pas en s’arrangeant », que « le monde marche sur la tête » et que « tout part à vau-l’eau ». (Ce sera tout pour les poncifs.)

Ce qui frappe surtout en ce moment, c’est que la connerie touche plus que jamais le monde politique et qu’elle est souvent bien mal camouflée, à grands coups de « je ne crois pas au réchauffement climatique », de « mais non, je n’ai pas fait de bain de foule en Seine-Saint-Denis » et j’en passe. Et c’est surtout ça le problème.

Que la connerie coure les rues, passe encore. Qu’elle soit latente chez tout un chacun, bon… Mais que ceux qui nous gouvernent en fassent leur festin, c’est insoutenable. Parce qu’on attend mieux d’eux, mieux de ces gens que nous désignons pour nous guider collectivement et gérer ce que nous nous sentons incapables de gérer. Alors quand on se rend compte qu’ils le font moins avec le cerveau qu’avec les pieds, le vide s’ouvre sous les nôtres.

Mais pourquoi, pourquoi sommes-nous tellement déçus ?

Ces hommes et ces femmes ne sont pourtant pas des dieux, nous le savons ! Nous ne sommes pas crédules ! Alors comment expliquer notre désarroi devant leur conn…. enfin je veux dire, leurs manquements ? Parce que nous restons à jamais des enfants et comme des enfants, nous croyons que « les grands » sont plus forts.

Ça commence à la maternelle quand, « petites sections » tout frais sortis de la crèche ou jamais sortis de chez papa-maman, nous regardons avec admiration les « moyennes sections », tout dévoués à la sagesse des « grandes sections ». Depuis la cour de ce lieu de baptême social, nous avons les yeux rivés sur la cour de l’école primaire avec envie. Un jour, on ira nous aussi. Mais serons-nous aussi forts ? Aurons-nous les épaules ?
En primaire, on est fier de passer au collège, au collège de voir approcher le lycée et ainsi de suite. Et à chaque étape, on se rend compte combien nos craintes anticipées étaient ridicules et l’admiration que nous portions aux plus grands, injustifiée. Il n’en reste pas moins que les enfants regardent le monde des adultes en se disant qu’un jour ils feront partie de ce cercle de gens qui « savent », de ceux qui décident… quoi manger, quoi regarder à la télé, quoi faire le weekend, où partir en vacances. Et c’est ce même regard qu’adultes nous portons – par réflexe ? par reproduction ? par humilité ? – sur le monde politique dont nous ne ferons en revanche jamais partie (ou si peu). Nous regardons « les grands » en nous disant : eux « savent », eux décident… quoi faire avec le budget de l’état, quelle position adopter sur le réchauffement climatique, comment gérer les retraites et la crise du COVID-19.

Malheureusement, les occasions se multiplient où l’on est bien forcé de constater qu’on ne sait pas trop ce que font les politiques… et qu’eux non plus ! Bim ! Bam ! Tchac ! Comme ça, par grands à-coups, on passe directement de la maternelle à l’université. On réalise qu’en fait « les grands sont nuls ». Puis, on retombe subitement en maternelle au détour d’un discours galvanisant qui nous redonne quelque espoir. Mais ça ne dure qu’un temps et de nouveau, on grandit d’un coup. Et on se demande comment on a bien pu regarder ces gens en se disant qu’ils savent, pensent et agissent mieux que nous.

Je ne suis ni scientifique, ni philosophe. Artiste, je ne sais pas, mais j’aime tourner les choses en dérision. Et une chose est sûre, j’ai gardé une âme d’enfant en dépit des gigantesques « sauts de classe » que les hommes et les femmes politiques me font faire. Et comme quand j’étais (vraiment) enfant, j’aime rire. Alors je ris de ce monde-là, même si c’est en grinçant des dents.

Toujours sur le même sujet mais sur un ton plus léger, retrouvez la plume de Laetitia Lantieri (et celle de Jean-Rémi Chaize) dans les pastilles humoristiques « Chargés de Com/Chargés de Cons » sur les réseaux sociaux.

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