30 janvier 2024

Temps de lecture : 4 min

Comment One Piece s’est imposé comme phénomène culturel à travers le monde.

À l’image de l’industrie du manga toute entière, la série One Piece vient de clôturer une année record. Entre le succès de sa live adaptation sur Netflix, ses innombrables opérations marketing inventives – et donc très médiatisées – et l’annonce d’un remake à venir de sa série animée… 2024 pourrait même être l’année du couronnement.

En France, comme partout ailleurs, l’industrie du manga, -le festival d’Angoulème qui vient de fermer ses portes en atteste – et celle, qui en découle, l’animation – continue de retourner les têtes, et les portefeuilles, des consommateurs. Selon une vaste enquête publiée en 2023 par le cabinet d’étude GFK, le 9ème art représentait 57% du marché de la bande dessinée en 2022. Concrètement, 1 livre sur 7 acheté en France cette année-là était un manga. Toujours selon cette enquête, la vente des tomes japonais sur notre territoire a été multipliée par 4 sur les dix dernières années, de quoi faire du pays d’Astérix le second marché de la discipline le plus important au monde, juste derrière le Japon bien évidemment.

En bref, malgré une légère baisse des ventes enregistrée au cours du premier trimestre 2023 – -18% par rapport à 2022 selon GFK –, qui est davantage le stigmate de l’augmentation des prix à la vente que d’un désamour des lecteurs, la « bulle » n’est pas prête d’éclater. Comme le résume Mathieu Adment, chef de produit au sein de la maison édition Kana, l’un des poids lourds du secteur : « 18%, c’est effectivement une baisse, mais qui survient après une très forte hausse, à la fois en volume et en valeur. Aujourd’hui, les ventes sont encore quasiment deux fois supérieures à ce qu’elles étaient en 2019, avant le Covid ».

 

 

 

Un grand pas pour le Japon, un pas de géant pour la fiction

Et à ce petit jeu lucratif, peu de franchises cartonnent autant que One Piece. La saga légendaire – dont la publication a débuté il y a déjà 25 ans (!!!) et qui n’est toujours pas finie – sort d’une année particulièrement faste grâce à la diffusion tant attendue – parfois redoutée, on ne va pas se le cacher – de sa première adaptation en live-action produite par Netflix. Cette nouvelle itération du manga imaginé par le maitre Eiichirō Oda lui a permis d’étendre sa fan base à toute une flopée de viewers pas forcément consommateurs d’animés jusque-là. Une réussite médiatique qui en a même fait la franchise, toutes disciplines confondues, la plus successful financièrement parlant de 2023 au Japon selon les statistiques produites par Oricon.

 

 

Les adaptations d’animés en prises de vue réelles, en film comme en série, n’ont que trop rarement été bien accueillies par le public… et encore moins par les critiques. On peut citer les cas récents de CowBow Beebop et de Death Note, produits également par Netflix –, d’Alita : Battle Angel – au cinéma cette fois – ou même de l’effroyable version française de Nicky Larson par Philippe Lacheau qui ont tous déçu les fans de leurs œuvres originales respectives. La faute à de mauvais choix scénaristiques ou de castings qui ont fini par desservir le matériau d’origine. Bien conscients qu’il fallait soigneusement éviter ces écueils, les producteurs de cette nouvelle série One Piece ont eu la brillante idée de laisser Eiichiro Oda lui-même la superviser. Une décision qui a permis de garantir une certaine continuité narrative tout en se laissant l’opportunité de rajouter quelques éléments originaux pour mieux surprendre les fans et ainsi rehausser l’expérience.

Un raz-de-marée marketing

Bien conscient de la potentielle poule aux œufs d’or qu’il avait entre les mains, le géant du streaming s’est donné les moyens financiers d’en assurer le succès en allouant à chacun de ses épisodes la coquette somme de 18 millions de dollars. Comparativement, la série animée, bien que très coûteuse pour Toei Animation, fonctionne avec un budget moyen d’environ 80 000 à 100 000 dollars par épisode.

Sans oublier un budget marketing presque illimité qui a donné lieu à quelques superbes opérations à travers le monde. Le 26 août dernier, par exemple, une immense chasse au trésor avait été lancée via le compte X de Netflix. Les fans français étaient invités à déchiffrer les indices afin de dénicher 20 prix cachés autour de la capitale qui comprenaient des produits dérivés de la série et même des billets pour découvrir les deux premiers épisodes de la série en avant-première au Grand Rex quelques jours plus tard.

 

 

Outre-Atlantique, Netflix a carrément relooké plusieurs attractions de la célèbre fête foraine de la baie de Santa Monica, à l’image de son iconique grande roue qui s’est muée en Jolly Roger pour l’occasion, le symbole de l’équipage de la série.

 

 

 

On peut encore citer pêle-mêle la tenue d’une vaste chasse aux drapeaux à Jakarta, l’organisation d’une exposition sur les coulisses de la série à Tokyo ou encore l’installation de répliques du célèbre bateau de Luffy, le protagoniste du manga, à Rio de Janeiro et à Bangkok.

 

 

Avec tous les ingrédients pour devenir un succès mondial, cette adaptation en live-action de One Piece a battu plusieurs records en devenant notamment la série la plus regardée dans 84 pays différents pendant 3 semaines d’affilée, avec environ 50 millions de téléspectateurs cumulés. De quoi lancer le développement d’une deuxième saison déjà particulièrement attendue. La première couvrait la saga East Blue, et la prochaine pourrait se concentrer sur l’arc Alabasta, très apprécié des fans.

Une adaptation peut en cacher un autre

Si vous pensiez avoir assez de contenus pour un bon moment… Netflix vient d’annoncer – tant la rentabilité de la saga n’est plus à prouver – un remake complet de l’animé. Appelé judicieusement The One Piece, il sera réalisé par le Studio WIT, bien connu pour son travail sur Spy X Family, Vinland Saga saison 1, et Attack On Titan pour les trois premières saisons. De quoi dépoussiérer l’animé d’origine ?

Le plus grand avantage de cette nouvelle itération par rapport à l’animé d’origine est sa temporalité : dès le début, les scénaristes ont 20 ans de contenu à adapter entre les mains sans avoir à se précipiter chaque semaine pour suivre le rythme effréné du manga, comme ce fut le cas pour les animes de Toei Animation. En bref, avec le soutien indéfectible du plus grand service de streaming, One Piece a le potentiel de devenir le plus grand animé de tous les temps… Naruto et San Goku font déjà la moue.

 

 

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