16 novembre 2022

Temps de lecture : 3 min

Comment notre cerveau se reprogramme passée la quarantaine

Qui ose dire que les jeunes sont plus performants sur le plan cérébral que leurs aînés ? L’essentiel des chercheurs et de la littérature scientifique en la matière ..? Ah d’accord…

Dans une étude publiée en septembre dernier dans la revue Psychophysiology, des chercheurs de l’université Monash, en Australie, ont passé en revue la littérature scientifique sur notre cerveau pour comprendre le chemin qu’il parcoure, et la manière dont sa connectivité évolue, à mesure que nous vieillissons. Certes, en fonction de vos habitudes de vie et de votre patrimoine génétique, certains finiront toujours en meilleur état que d’autres, mais plusieurs paramètres, immuables à tout être humain, méritent d’être décortiqués. Les données recueillies suggèrent qu’au cours de la cinquième décennie de notre vie, à partir des quarante ans donc, notre cerveau se reprogramme radicalement. Cette mue se traduit par une plus grande intégration de divers réseaux synaptiques au cours des décennies suivantes, ce qui induit de grandes conséquences sur notre cognition. Pas d’inquiétudes, vous allez comprendre.

Depuis le début du siècle, les neuroscientifiques considèrent le cerveau comme un réseau complexe composé d’unités, regroupées ensuite en régions – télencéphale et diencéphale –, sous-régions – trop pour qu’on vous les énumère toutes – et en neurones individuels. Ces unités sont connectées entre elles de manière structurelle, fonctionnelle ou les deux. Grâce au développement des technologies de scanner, les neuroscientifiques peuvent désormais stimuler précisément certaines parties du cerveau et étudier les réactions obtenus, ou même décortiquer notre caboche au repos avec beaucoup plus de précision. Des avantages considérables sur les précédentes générations de neurologues quand on cherche à comprendre comment notre cerveau se synchronise.

 

Un organe en constante évolution

L’équipe de chercheurs a passé en revue 144 études qui ont eu recours à ces techniques d’imagerie pour sonder le cerveau de dizaines de milliers de sujets. À partir de ce vaste corpus, ils ont dégagé une tendance générale sur la façon dont le cerveau évolue au cours d’une vie : De l’adolescence à l’âge adulte, le cerveau se construit à partir d’une multitude de réseaux synaptiques indépendants, cloisonnés les uns des autres, mais avec une grande connectivité interne, ce qui reflète alors une plus grande capacité à traiter et intégrer une activité spécifique. Rien de plus logique, car c’est à cette époque que nous apprenons à faire du sport, à développer une ou des pratiques artistiques et à parler des langues étrangères. Vers la quarantaine, cependant, les choses évoluent. Les unités d’un même réseaux sont de moins en moins connectées entre elles et notre cerveau commence à davantage s’intégrer globalement, c’est à dire à travers ces différents réseaux. Ainsi, lorsqu’un être humain atteint les 80 ans, son cerveau sera moins spécialisé sur les différentes régions qui le composent et plus largement connecté et intégré dans sa globalité

 

 

Très bien tout cela, mais quelles sont les conséquences sur notre manière de vivre ? Comme l’expliquent les auteurs de l’étude, et comme chaque petit fils et petite fille l’observent à tous les repas familiaux : « Les personnes âgées ont tendance à faire preuve d’une moins grande souplesse d’esprit, notamment sur l’appréhension de nouveaux concept ou pour développer une pensée abstraite, et semble moins propices à contrôler leur émotions et à raisonner numériquement. Ces changements qui affectent nos comportements peuvent être observés pour la première fois chez les adultes de quarante ans et plus, ce qui est cohérent avec les résultats obtenus dans notre étude ».

 

Votre lobe frontal vous dira merci

De là à dire que vous ne servez plus à rien passé vos quarante ans, c’est – heureusement ! – loin d’être le cas : « Les tâches reposant sur des processus bien déjà bien intégrés sont moins affectées par l’âge et peuvent même s’améliorer tout au long de la vie, comme le vocabulaire et la culture générale », nous rassurent les auteurs. Passé l’inquiétude de l’obsolescence générationnelle, nous devons nous demander pourquoi ces changements dans la « mise en réseau » de notre cerveau se produisent-ils ? Comme les chercheurs l’expliquent dans leurs travaux, le cerveau est un organe extrêmement gourmand en ressources, et notamment en glucose : « Le cerveau adulte représente environ 2 % du poids corporel total, mais nécessite environ 20 % de l’approvisionnement total en glucose ».

Mais avec l’âge, notre corps a tendance à ralentir et le cerveau devient moins efficace. Ainsi, non seulement il reçoit moins de glucose, mais surtout il l’utilise à mauvais escient. Cette reprogrammation synaptique que nous venons de décortiquer réseau résulte probablement du fait que le cerveau se réorganise pour fonctionner aussi bien que possible avec des ressources qui diminuent et un « matériel » vieillissant. Une bonne alimentation, un exercice régulier et un mode de vie sain peuvent le maintenir en bon état de marche et amoindrir les effets que nous avons décrit dans cet article. En voilà un slogan convainquant, même si quelque peu réducteur : « Mangez 5 fruits et légumes par jour si vous ne voulez pas devenir plus bête ». Le fonctionnement interne du cerveau demeure mystérieux, certes, mais grâce à ce travail de recherche approfondi, nous pouvons au moins à avoir une vue d’ensemble de la façon dont il évolue au cours de notre vie. A vous d’entretenir votre propre « tuyauterie ».

 

 

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