Des affiches choc pour lutter contre les agressions verbales dans les trains anglais
Une campagne d'affichage britannique montre avec force ce qu'il en coûte d'insulter et agresser des agents de train.
Elle transpose habilement l’inaudible en images frappantes.
Quiconque prend régulièrement le train a déjà été témoin de voyageurs qui, sous l’effet de la frustration, s’en prennent verbalement aux agents ferroviaires. Ces abus, loin d’être anecdotiques, marquent durablement ceux qui les subissent.
C’est ce constat que la South Western Railway (SWR), compagnie de trains anglaise, met en scène dans une nouvelle campagne d’affichage, dévoilée ce lundi 15 septembre. L’occasion de rappeler que les mots blessants ne s’arrêtent pas aux quais : ils suivent les victimes jusque chez elles.
Sur les affiches, on voit des usagers – présumés toxiques – désormais placés dans un contexte judiciaire – cellule, salle d’interrogatoire, box des accusés – avec, superposée sur leur visage, leur photo tirée de la caméra-piéton de l’agent, victime de l’agression verbale. Le message… et la signature de la campagne sont clairs :
« Body cam footage is evidence. It pays to be kind » – à savoir « Les caméras embarquées sont des preuves. Ça paye d’être aimable ».
Lancée sur l’ensemble du réseau britannique, la campagne s’appuie sur un dispositif visuel direct, pensé comme un rappel des sanctions encourues. Les caméras portées par les agents enregistrent en effet les événements de leur point de vue, incluant insultes et agressions.
Si elles constituent des preuves clés pour poursuivre les contrevenants, leur valeur réside surtout dans leur rôle dissuasif. « Nos collègues ne viennent pas au travail pour être insultés ou frappés », a souligné Grant Robey, responsable sécurité de SWR, en insistant sur l’impact préventif du dispositif.
Les agents équipés de caméras subissent 47 % d’agressions en moins
Depuis 2021, tous les contrôleurs SWR disposent de caméras portées sur le corps, et leur extension à d’autres fonctions – agents de guichet ou de circulation – est prévue. Une étude de l’Université de Cambridge, commandée par le Rail Delivery Group et la police des transports en 2024, a montré que les agents équipés de caméras corporelles subissent 47 % d’agressions en moins.
Cette campagne illustre une tendance croissante : les entreprises et institutions ne se contentent plus de réagir aux abus, elles cherchent à modifier les comportements à travers des stratégies narratives et émotionnelles.
L’usage du réel – témoignages, objets quotidiens – mêlé à des visuels puissants, marque un glissement vers une communication plus immersive et empathique.
Pour les médias, cela pose la question de l’éthique dans le storytelling : comment représenter les victimes sans verser dans le spectaculaire, et comment accompagner un changement durable au-delà du message choc ?
Plus largement, elle reflète une demande sociale forte pour des environnements publics sûrs, où respect et civilité deviennent des normes attendues et mesurables.