27 janvier 2020

Temps de lecture : 3 min

Une colère verte couve en Amazon…

Plus de 350 employés du géant américain critiquent, dans une lettre ouverte, la politique environnementale de leur employeur qui refuse d'être salie par ses salariés responsables.

Plus de 350 employés du géant américain critiquent, dans une lettre ouverte, la politique environnementale de leur employeur.

L’initiative est courageuse et louable. Plus de 350 salariés d’Amazon ont publié une lettre ouverte dans laquelle ils critiquent la politique environnementale de leur employeur. Réunis au sein d’un comité baptisé « Amazon Employees for Climate Justice » (AECJ), ces collaborateurs prennent le risque d’être licenciés car leur action va à l’encontre du règlement intérieur mis en place par le leader du commerce en ligne.

« En tant que travailleurs d’Amazon, nous sommes responsables non seulement du succès de l’entreprise mais aussi de son impact, souligne Sarah Tracy, une ingénieure spécialisée dans le développement des logiciels. Il est de notre responsabilité morale de nous exprimer et les changements apportés à la politique de communication (du groupe) nous empêchent d’exercer cette responsabilité. Ce n’est pas le moment de faire taire les employés, surtout lorsque le climat représente une menace sans précédent pour l’humanité ».

La répression s’organise

Au mois de septembre juste après que plusieurs de ses salariés aient annoncé leur intention de participer à une manifestation en faveur de la lutte pour la protection du climat, le géant américain a modifié son règlement intérieur. Auparavant, les employés devaient recevoir l’approbation par courriel d’un vice-président senior de l’entreprise s’ils souhaitaient parler à la presse. Aujourd’hui, ils doivent obtenir l’accord d’un supérieur après avoir rempli un formulaire sur la page intranet de l’entreprise. Cette requête doit obligatoirement contenir une « justification commerciale » pour être approuvée. Un concept pour le moins nébuleux qui prohibe, de fait, toutes les critiques envers son employeur.

La colère au grand jour

Loin de museler les salariés, cette décision les a, au contraire, poussés à révéler leur colère au grand jour. 357 personnes ont déjà publié des commentaires peu flatteurs sur le site Medium. « Les données scientifiques sur le changement climatique sont claires, juge Amelia Graham-McCann, Business Analyst sur la plateforme de vente en ligne. Il est inadmissible qu’Amazon continue à aider l’industrie pétrolière et gazière à extraire des combustibles fossiles tout en essayant de faire taire les employés qui s’expriment ». Michael Sokolov ne dit rien d’autre. « Amazon a un impact important sur l’économie mondiale, reconnaît cet ingénieur. Attendre des employés qu’ils gardent le silence est vraiment excessif et je suis fier de saisir cette occasion pour démontrer mon refus de me conformer  à cette directive ».

Microsoft va plus loin

Cette initiative tombe au plus mauvais moment pour Amazon qui livre 10 milliards de colis par an. Son fondateur, Jeff Bezos, cherche en effet à jouer au « chevalier vert » en promettant de rendre son groupe neutre en carbone en 2040 grâce notamment à l’achat de 100.000 véhicules électriques. Mais « Microsoft prévoit d’être négatif en carbone d’ici 2030 alors que nous visons 2040, critique Duncan Scott, un ingénieur informatique. Comment Amazon peut donc prétendre « voir les choses en grand ? » Certaines questions peuvent avoir l’effet d’un coup de poignard dans le cœur…

Amazon ne veut pas céder à la pression de ses collaborateurs

Visiblement gêné aux entournures, le géant américain ne semble pas vouloir céder à la pression de ses collaborateurs. « Bien que tous les employés soient invités à s’engager de manière constructive avec l’une des nombreuses équipes d’Amazon qui travaillent sur la durabilité et d’autres sujets, nous appliquons notre politique de communication externe et ne permettrons pas aux employés de dénigrer publiquement ou de déformer l’entreprise ou le travail acharné de leurs collègues qui développent des solutions à ces problèmes difficiles », expliquait dans un communiqué un porte-parole du groupe suite aux questions posées par Recode, un site d’informations spécialisé dans la Silicon Valley. Les signataires de l’appel lancé par l’AECJ devraient, peut-être, commencer à chercher du boulot dans une autre société…

Allez plus loin avec Influencia

the good newsletter

LES FORMATIONS INFLUENCIA

les abonnements Influencia