INfluencia : vous êtes tout d’abord une littéraire, et une femme de télévision. Après quinze ans de petit écran, vous êtes appelée pour incarner Lou, de quoi s’agit-il?
Clémence Majani : tout d’abord, J’ai grandi à Paris, j’ai fais des lettres modernes à La Sorbonne, et j’ai démarré tout de suite en TV. J’ai commencé par travailler deux ans, sur Ça balance à Paris animé par Pierre Lescure, sur Paris Première, et ce sont des gens solides qui m’ont formée. Après ces deux années, j’ai rejoint Yann Barthès et Laurent Bon au sein de l’équipe du Grand Journal, je faisais partie des journalistes reporters qui ramenaient des images de politiques et de stars, en coulisse. Au moment ou il y a la rupture Grand Journal, Petit Journal, j’ai suivi Yann et Laurent, et puis, les deux compères montent leur société de production, Bangumi et imaginent Quotidien (TMC). Quatre ans à embarquer les spectateurs dans des endroits auxquels personne n’a accès normalement. Je suis la petite souris de l’histoire, la chronique s’intitule La Mondaine, et je suis les yeux de ce que l’on voit, j’ai la caméra dans une main, le micro dans l’autre et un ingénieur du son à mes côtés.
IN. : vous aviez déjà en tête votre prochaine aventure, comment décidez-vous de quitter Le Quotidien et votre famille de TV après quinze ans?
C.M. : alors cela m’est vraiment tombé dessus. J’ai deux enfants, je viens d’avoir quarante ans et j’ai toujours raconté ma vie dans mes reportages… D’ailleurs, pour l’anecdote, lorsque j’apprends que je suis enceinte, plutôt que de l’annoncer à Yann dans son bureau, ce qui m’angoissait un peu, je décidais de le faire à l’antenne, en me disant, là il ne pourra rien me dire, il sera forcément content pour moi. Donc, pour en revenir à ma manière de fonctionner, disons que je suis alignée. Je suis une journaliste, je suis aussi une mère, et une femme. C’était acquis et naturel dans mon travail, lorsque Anne-Henri me contacte pendant les vacances de Noël, pour m’explique le projet Lou, cela relevait de l’évidence, c’était oui ! pour lui et pour moi.
IN. : c’est donc un projet que Neo portait?
C.M. : oui absolument. Neo avait ce projet dans les tuyaux depuis longtemps et les fondateurs cherchaient la bonne personne pour l’incarner. Également, pour vous faire comprendre l’évidence du projet. J’ai immédiatement vu Yann et lui ai expliqué que je quittais le navire, que c’était pour moi une occasion qui ne se refusait pas, ce qu’il a très bien compris. Comme vous le savez sans doute, cela ne se fait pas vraiment de quitter une émission en pleine saison… Mais face à l’évidence… ils ont été très élégants.
IN. : Lou existe depuis cinq jours… pouvez-vous nous expliquer le concept?
C.M. : il s’agit d’un média social féminin. Le premier qui s’adresse aux femmes, mères, de tous les territoires. Nos concurrents sont Simone, Period et Fraiches, qui eux sont bien plus urbains. Personnellement, ces médias ne me parlaient pas vraiment, et puis comme vous le savez, si les médias s’adressent à de jeunes femmes, en revanche, les quadras, sont bien moins « traitées ». Lou a donc un boulevard… Nous parlons donc aux femmes qui ont, ou auront des enfants, qui travaillent et qui ont une vie sociale, nous quoi. En cela, le projet me ressemble énormément.
IN. : Neo, ce sont des hommes, essentiellement, qui y travaillent, à part votre rédactrice en chef adjointe, Eglantine Despres (ex BFM-TV), qui sont vos compagnons de route?
C.M. : elle c’est la jeunesse, la fraicheur, le terrain à fond, moi, l’expérience, la maman, la femme quadra, nous cherchons encore aujourd’hui des journalistes, vous l’aurez compris nous sommes tous neufs! Nous recherchons des profils hyper autonomes, à mon époque, on était deux à faire les reportages, aujourd’hui, une personne toute seule fait son reportage. Par ailleurs, nous travaillons évidemment avec les équipes de Neo, au centre de Paris, et il y a effectivement beaucoup de garçons…
IN. : Lou s’adresse à quelles femmes?
C.M. : si je devais expliquer Lou, je dirais que nous sommes le premier féminin social à offrir des reportages vidéo comme le font Brut ou Konbini. Notre claim est d’ailleurs, » Des mères fortes, des femmes inspirantes ». Et aussi des femmes ordinaires aux histoires extraordinaires.
IN. : quelle est votre « périodicité »?
C.M. : en tant que media social, nous sommes assez libres, dans l’immédiat, nous testons, et publions deux « sujets » par jour. Une citation, celle de Leïla Slimani « Être une femme puissante c’est avoir le courage de déplaire », une vidéo que nous trouvons particulièrement inspirante et que nous récupérons sur Internet, une interview face caméra d’un invité, nous avons invité Manu Payet, daddy cool qui raconte ses galères avec les enfants, et puis un reportage plus important, que nous produisons sur le terrain, et qui fait une très belle audience, sur La double vie de Lola, cette jeune mannequin qui entre deux shootings, s’occupe de sa maman, qui victime d’un AVC est désormais tétraplégique… En 24 heures, nous avons atteint les 100 000 vues, nous sommes très heureux. C’est une très belle histoire de résilience, d’humanité.
IN. : vous diriez que Lou est éclectique ?
C.M. : nous sommes un media généraliste. Par définition, cela fonctionne sans rubrique, ce sont les formats qui prennent le dessus.
IN. : vous avez des idées de contenus, vous êtes d’une certaine manière en phase de test…
C.M. : on se lance, et on va pouvoir réorienter nos sujets en fonction de nos datas. C’est d’ailleurs ça qui est incroyable, pour moi qui suis une débutante en la matière! Nous savons très vite ce qui prend, nous n’attendons pas des semaines ou des mois pour savoir où nous en sommes, c’est assez excitant.
IN. : à vous écouter, nous pourrions vous prendre pour une influenceuse… Vous considérez-vous comme telle?
C.M. : Ohhhh… Je n’avais pas mesuré cette dimension… Si je suis une influenceuse?… Je préfère dire que je suis une journaliste. Encore une fois, tout est très nouveau pour moi.
IN. : sur quel réseau vous lancez-vous?
C.M. : notre réseau chéri c’est Instagram, Tik Tok en deux, et Facebook en trois. Facebook parce que malgré tout ce que l’on peut dire sur la « fin annoncée » de la plateforme, celle-ci est toujours la plus puissante, et celle où sont les annonceurs… Instagram est notre chouchou, parce que là, nous rencontrons notre cible, celle des social mums. TikTok est le bon véhicule pour les reportages…
IN. : l’humour?
C.M. : on a envie de divertir, tout en racontant de belles histoires, d’être un antidépresseur par les temps anxiogènes qui courent. Avoir un ton léger, et à la fois, positif, toujours. Feel good, drôle, une bande de copines, en somme.
IN. : quel est le modèle économique?
C.M. : Lou est gratuit ! Il faut que l’on gagne de l’argent en faisant du brand content ! Les équipes de Neo qui s’occupent de cette partie, vont le faire en parallèle pour nous.
En résumé
NEO le media social viral, positif et proche des gens lance Lou
Konbini, Brut, Loopsider, voilà les concurrents de NEO media intégralement vidéo créé en 2020 en plein Covid par cinq compères, qui désormais sont quatre. Une media social qui parie sur la viralité des contenus et sur la proximité des territoires. Avec des reportages dont les personnages ordinaires, sont par leurs récité, extraordinaires. Pas de politique, pas de mauvais esprit, ici. La start-up média réalise 75 % de son chiffre d’affaires grâce au brand content pour, Leboncoin, EDF, Groupama, ainsi que pour le Comité Colbert, lobby des maisons de luxe françaises. A sa tête, quatre fondateurs, Sami Biasoni, Anne-Henri de Gestas, Louis Perrin, Stéphane Simon (Bernard de La Villardière ayant quitté le navire). Le média vidéo a bouclé une deuxième levée de fonds ( 2 millions d’euros), au début de 2023, argent destiné notamment à lancer Lou. C’est chose faite.