8 février 2012

Temps de lecture : 3 min

Le citoyen crowdsource

Le crowdsourcing s’est imposé ces dernières années comme une tendance forte. Plus question désormais de concevoir un produit sans impliquer ses clients…

 A l’avenir cela promet de nouvelles formes de participation, une révision de la notion de propriété et de nouvelles façons d’envisager le monde du travail. Avec l’explosion du crowdsourcing, il est devenu presque impensable de s’affranchir d’une concertation avant la conception d’un produit…

L’IMPORTANT C’EST DE PARTICIPER
Réseaux sociaux aidant, tout le monde peut potentiellement participer. Aussi incongru que cela puisse paraître, l’Islande a ainsi crowdsourcé sa nouvelle constitution, devenue nécessaire avec la chute du gouvernement consécutive à la crise. Le tout animé par une page Facebook .On s’implique donc dans la vie politique via le crowdsourcing. Ou dans la vie sociale : BribeSpot est une application qui propose de dénoncer (dérive?) par géolocalisation les pratiques de corruption. . Plus fun, les Mexicains peuvent désormais prendre part à la gestion d’un club de foot. Le Murcielagos FC n’a ainsi ni coach ni entraîneur : il est géré en crowdsourcing par ses fans. Le Guardian propose, quant à lui, aux lecteurs de participer aux décisions éditoriales. Le journal offre en avant-première à certains d’entre eux un aperçu des sujets à venir (sa «newslist») …afin de recueillir leurs commentaires, les demandes de précision, etc. Une façon de s’assurer qu’il colle bien à la demande. Enfin des agences de production de contenus se vantent déjà de travailler en crowdsourcing. C’est le cas d’Edency par exemple. Dans le secteur de l’info, le site/appli Scoop Shot propose du photoreportage crowdsourcé. Les photographes amateurs postent en ligne leurs clichés d’actu qui sont alors rendus visibles aux journalistes. Ceux-ci peuvent les acheter et une partie du prix de vente est reversée à l’auteur. Une façon -que la profession des photoreporters trouvera certainement dommageable- de s’assurer un flux d’images à bas coût et une présence sur tous les événements.

UNE VIE TRES REMPLIE
Demain, la participation deviendra un fait incontournable. Associée au phénomène des slachers (ces trentenaires qui cumulent plusieurs jobs pour leur équilibre personnel et par dégoût du modèle de travail «à la papa»), cela donnera des individus totalement éclatés, impliqués dans un nombre impressionnant de projets et dans le même temps investis de façon un peu superficielle. Sparked est dans cette dynamique. Cette interface propose la première formule de bénévolat «minute». Le bénévole identifie une cause (bien souvent une ONG qui a besoin d’un logo d’un slogan ou d’une stratégie media mais qui n’a pas les moyens de se les offrir) puis lui accorde quelques instants en prodiguant des conseils ou un travail rapide. Les quelques minutes s’ajoutent à toutes celles données par les autres participants. Un simple principe de crowdsourcing dédié au micro-volontariat. A l’avenir, il n’est pas impossible que l’on voit donc fleurir des CV longs comme des cartes de resto chinois. Un candidat aura aussi bien participé à la création d’un bar, qu’à celle d’un paquebot, d’une boutique, à la gestion d’une ferme (et c’est d’ailleurs un peu ce que propose déjà Buitengewone Varkens, une entreprise d’élevage de porcs crowdsourcée, ) à la rédaction d’un projet de loi, conçu un nouveau parfum de thé, un film et planté une forêt, etc. Bref, les vies pro sont appelées à évoluer considérablement.

LES GOUTTES D’EAU FONT LES GRANDES RIVIERES
Un savoir-faire + ceux des autres = un potentiel immense où tout le monde s’engage. En prenant part un peu à tout, la notion de propriété même est appelée à évoluer également. Comme avec le microcrédit qui fait de l’investisseur un micro-actionnaire, le crowdsourcing fait un micro-concepteur de celui qui prodigue un conseil ou s’implique dans un projet. Quand ce n’est pas carrément un micro-propriétaire.L’exemple le plus intéressant est celui de Banco de Bosques qui propose aux internautes de choisir sur une carte un morceau de forêt vierge argentine. Ceux-ci l’achètent et peuvent suivre ensuite l’évolution de la parcelle. Le but: préserver ces forêts des coupes sauvages. Autant d’acheteurs, autant de surface épargnée.A long terme, il n’est pas impossible qu’on retrouve certains un peu partout : sur cette plaque de musée posée en remerciement aux «impliqués», sur la carte de ce resto pour avoir inspiré un plat, sur les maillots de foot de l’équipe locale, etc. Tous impliqués, tous responsables. Une nouvelle forme de citoyenneté crowdsourcée ?

Alexis Botaya
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