5 février 2014

Temps de lecture : 2 min

Circulez : y a tout à lire et à partager

La SNCF se met au bookcrossing sur ses Transililiens et ses RER et distribue 60 000 polars avec Le Monde. Une initiative généreuse créatrice de liens entre ses passagers.

En inventant, le bookcrossing, Ron Hornbaker voulait « faire du monde une bibliothèque ». Pari tenu. Car 13 ans après, cette initiative est partagée par des millions de terriens et ce qui aurait pu n’être qu’une utopie d’un doux rêveur intellectuel est un concept qui fait des émules. Non seulement en raison de la simplicité de son principe qui consiste à donner une autre vie à un livre qu’on a aimé en le déposant dans un lieu public pour qu’un inconnu puisse le découvrir. Mais aussi parce qu’il repose sur des notions aussi nécessaires que le partage, l’engagement, l’ancrage communautaire, la liberté, le jeu, la connivence… Car le livre n’est ni « abandonné » ni « dégagé de ses étagères ». Référencé gratuitement sur le site bookcrossing.com et estampillé d’un numéro et du logo de l’initiative, son itinéraire peut être tracé à tout moment.

Et quoi de plus merveilleux pour son propriétaire de le voir passer de mains en mains et de lieux en lieux…. De se sentir utile tout en donnant du plaisir. De plus, si c’est l’occasion pour certains de « faire prendre l’air » à un livre qui leur tient particulièrement à cœur, c’est pour d’autres le moyen de donner du sens à l’acte en combinant le thème du livre avec le lieu ou d’inviter à la création comme l’« Eurobookcrosser Diary », qui proposait à ses possesseurs successifs d’écrire un texte.

S’engager dans une chaîne culturelle pour modifier les pratiques de la ville

Universel, généreux et sans prise de tête, le concept est forcément repris régulièrement par des entités publiques, des marques et même des particuliers pour des opérations plus ou moins éphémères. Ainsi, dans les années 2000, Manchester a lâché des centaines de livres pour animer la ville et donner le goût de la lecture. D’autres l’ont adapté comme Gabriel Levinson qui a lancé son Book Bike à Chicago, ou l’Anglais James Econs, qui a transformé les fameuses cabines rouges de téléphone en  » Phoneboox « , et l’Américain John Locke qui a aussi customisé celles abandonnées de Manhattan, en bibliothèques. D’abord équipés de ses livres personnels, très vite ces mobiliers urbains revalorisés ont aussi accueilli les exemplaires d’autres voisins de l’artiste, ravis d’échanger.

La France n’échappe pas à ce phénomène revisité des bonnes vieilles chaînes de l’amitié car source très bénéfique de nouvelles pratiques dans la ville. De nombreuses municipalités ont craqué pour ce nouveau lien. Même des institutions s’y collent. Ainsi depuis le 20 janvier, la SNCF – qui avait lancé sa première opération en novembre sur la ligne TER Amiens-Paris – surprend agréablement ses usagers des Transiliens et du RER franciliens en distribuant gratuitement 60 000 « petits Polars du Monde », issus d’une coédition entre les deux partenaires. Son objectif : offrir des livres pour que les passagers en fassent ce qu’ils veulent : les emporter, les faire circuler ou les laisser, une fois lus, sur leur banquette pour que d’autres voyageurs puissent en profiter aussi. Et ainsi transformer un wagon en un lieu plus chaleureux d’échanges et un trajet routinier en une évasion parfois tellement nécessaire… L’opération a remporté un vrai succès populaire qui s’est confirmé sur les réseaux sociaux, où les messages de remerciements envers la SNCF ont afflué. Parallèlement, les lecteurs ont jusqu’au 17 février pour voter pour leurs romans préférés sur polar.sncf.com. L’adhésion ne peut qu’être au rendez-vous !

Florence BerthierRubrique réalisée en partenariat avec l’Agence ELAN

John Locke a customisé certaines cabines abandonnées de Manhattan, en bibliothèques

L’Anglais James Econs a transformé les fameuses cabines rouges en « Phoneboox »

Tandis qu’à Chicago, Gabriel Levinson a créé Book Bike

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