29 septembre 2021

Temps de lecture : 2 min

« 39% des 16-25 ans ne sont pas sûrs de vouloir devenir parents ». Charlotte Debest, sociologue.

Déjà en 2012, la docteure en sociologie s’intéresse à la parentalité en consacrant sa thèse au choix d’une vie sans enfant. Le point de vue Charlotte Debest, est aujourd’hui confirmé par une étude publiée dans The Lancet qui interroge… 40% des jeunes de 18- 25 ans sur l’ensemble de la planète, se diraient prêts à renoncer à avoir une progéniture. Le réchauffement climatique et les questions géopolitiques  seraient les causes de ce refus… C’est selon la sociologue, aux gouvernants de rassurer la jeunesse.

 

 

INfluencia : avez-vous été étonnée de constater que près de 40% des jeunes du monde entier hésitent aujourd’hui à avoir des enfants en raison du changement climatique ?

Charlotte Debest : pas spécialement. L’écologie et le dérèglement climatique sont devenus de véritables questions sociales de nos jours. Les jeunes constatent aujourd’hui dans leur vie quotidienne les conséquences du réchauffement de la planète et cela les fait hésiter à devenir parents. Si vous ajoutez à cela les craintes liées à l’emploi et le climat géopolitique, vous comprenez pourquoi 39% des jeunes ne sont pas sûrs de vouloir devenir parents. L’évolution de la société, l’individualisme croissant et les médias ont par ailleurs rendu plus acceptable le fait de ne pas avoir d’enfant ou tout du moins la possibilité d’envisager de ne pas en avoir. Par ailleurs, si la contraception et l’IVG ont d’abord été pensées comme une avancée pour les femmes de choisir le (bon) moment pour faire des enfants, aujourd’hui les différentes méthodes contraceptives peuvent être vues comme une possibilité de ne pas faire d’enfant. Pour autant, la maternité est toujours considérée comme faisant partie de l’identité des femmes.

IN : les craintes des jeunes ont-elles tendance à s’estomper au fil des ans ?

C.D. : sans aucun doute. Les enquêtes montrent qu’à peine 5% à 6% des adultes affirment ne jamais vouloir d’enfant. Le fossé entre ces 5% et les 39% de l’enquête publiée par The Lancet me paraît étonnant mais il peut s’expliquer. La question posée aux jeunes ne portait en effet pas sur leur choix de ne jamais faire d’enfant mais sur leurs hésitations de devenir parents. La nuance est importante. Le dérèglement climatique a toutefois un impact de plus en plus important sur le désir de parentalité des plus jeunes. Nous avons récemment fait une étude auprès de Français qui ont choisi de ne pas en avoir,  et si 44% des moins de 30 ans nous ont révélé que l’écologie était une des raisons pour laquelle ils avaient décidé de ne pas être parent, ce pourcentage ne dépassait pas 22% chez les 30 ans et plus.

IN : si la proportion de jeunes qui hésitent à avoir des enfants est comparable dans les pays européens et aux Etats-Unis, elle est nettement moins importante au Nigéria (23%) qu’au Brésil (48%) et aux Philippines (47%), trois pays en voie de développement. Comment expliquez-vous ces différences ?

C.D. : les questions liées à la fécondité sont très liées au niveau d’éducation des femmes et le Nigéria est un pays très pauvre avec un faible taux d’alphabétisation, notamment chez les femmes. Aux Philippines et au Brésil, les taux d’alphabétisation sont nettement plus élevés et l’accès aux contraceptifs beaucoup plus facile. Ces deux pays subissent également de plein fouet les conséquences du changement climatique et leurs habitants comprennent les conséquences que ce phénomène peut avoir sur leur avenir.

IN : comment peut-on inverser cette tendance et rassurer les jeunes ?

C.D. : tout dépend de ce que vont faire les gouvernements. Ils doivent prendre des mesures qui rassureront les jeunes concernant le dérèglement climatique. Si rien ne change, les 16-25 ans hésiteront de plus en plus à devenir parent, car la question écologique est d’abord une question sociale, et cela aura un impact certain sur la natalité dans le monde.

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