La campagne « This Girl Can », lancée en 2015 par Sport England, a encouragé 450 000 femmes à faire du sport au Royaume-Uni. Décryptage extrait du rapport Golden Club réalisé par la rédaction d’INfluencia et en partenariat avec M6 Publicité.
Le fessier se ballotte dans le legging. L’image est tournée au ralenti. Une jeune femme voilée, qui porte des gants de boxe jaunes, donne de violents coups de pied dans un sac de frappe. Une joueuse met un protège-dents avant de plaquer sans vergogne une adversaire. Des mères de famille font du fitness leur bébé dans les bras. Une retraitée effectue des longueurs dans la piscine et une handicapée court sur un sentier avec une prothèse. Le second spot publicitaire de Sport England, l’association publique qui a pour but d’inciter la population à faire du sport en Grande-Bretagne, reprend les mêmes recettes que la campagne qu’elle avait lancée en janvier 2015. Intitulé This Girl Can, le premier film d’une minute trente a été visionné plus de 100 millions de fois sur la Toile et il a reçu plus d’une cinquantaine de récompenses. Tout est parti d’un simple constat…
Pas assez « bonnes » pour faire du sport
Il y a tout juste deux ans, le nombre de femmes britanniques âgées de 14 à 40 ans qui faisaient une activité sportive était près de deux millions inférieurs à celui des hommes alors qu’elles étaient 75% à vouloir être plus actives. Pour comprendre les raisons qui expliquent ce fossé, Sport England a interrogé pendant neuf mois aussi bien les fédérations sportives, que les clubs de football et les jeunes mères de famille. Les résultats de cette enquête, qui sont détaillés dans un rapport de 600 pages, sont édifiants.
Les Anglaises jugent ainsi qu’elles ne sont pas assez « bonnes » pour faire du sport. Plus d’un quart d’entre elles estiment ne pas avoir les compétences nécessaires pour se dépenser. 36% des écolières qui rechignent à aller aux cours de gym sont complexées par rapport à leur physique. Une femme sur quatre explique « détester son apparence » quand elle fait du sport et 81% des mamans d’enfants de moins de quinze ans jugent plus important de passer du temps en famille que de rester en forme. 44% affirment même avoir mauvaise conscience lorsqu’elles s’accordent une pause pour elles seules. Culpabilité quand tu nous tiens…
Le premier spot a connu un succès immédiat
Pour tenter de renverser ces idées préconçues, Sport England a demandé à six agences, qui travaillent généralement avec des associations publiques au Royaume-Uni, de lui proposer des concepts pour une campagne nationale. FCB Inferno a remporté la compétition en préparant non pas un slogan mais un véritable manifeste. « Les femmes ont des formes, des tailles et des niveaux différents », explique le texte « Cela n’a aucune importance si vous êtes nulle ou experte. L’important est que vous soyez une femme et que vous fassiez quelque chose… ». Le premier spot diffusé le 12 janvier 2015 sur ITV a connu un succès immédiat. La campagne d’affichage a, aussi, eu un grand retentissement. Sur les réseaux sociaux, un algorythme envoie automatiquement des tweets d’encouragement aux femmes qui diffusent des messages concernant leurs derniers entraînements ou leurs craintes d’aller dans une salle de fitness. Près de 500 000 personnes sont abonnées à la page Facebook de cette campagne et 117 000 internautes lisent ses tweets. Une application permet, en outre, aux sportives de mettre en ligne des photos les montrant en plein effort. Les meilleurs clichés sont affichés dans des centres commerciaux aux quatre coins du royaume.
Marks & Spencer soutient la campagne
Des partenariats ont également été signés avec plusieurs marques très populaires outre-Manche. Le distributeur Marks & Spencer a ainsi lancé ,en collaboration avec Sport England, une gamme de vêtements de sport pour les femmes comprenant notamment des leggings, des t-shirts et des soutiens-gorge. Plus de 8000 « supporters » allant du simple club de sport de quartier en passant par la fédération anglaise de football et des salles de fitness ont apporté leur soutien à cette campagne dont le succès a dépassé toutes les espérances. En deux ans, la différence entre le nombre d’hommes et de femmes qui font du sport au Royaume-Uni s’est réduite de 1,75 à 1,3 million. « L’objectif est de boucher ce fossé et de normaliser l’exercice physique pour les femmes de tout âge et de tous niveaux », résumait dans les colonnes du quotidien The Telegraph, Jennie Price, la directrice générale de Sport England. This Girl Can semble en passe de réussir cet ambitieux défi.
Découvrez notre rapport
Génération guerrière, un modèle à suivre publié par INfluencia
Génération guerrière, un modèle à suivre publié par INfluencia