27 avril 2023

Temps de lecture : 3 min

« c’est tout l’univers du numérique qui est potentiellement dangereux », Claire Rénier (Happn)

« Plus que pour manier le bulletin de vote, les mains des femmes sont faites pour être baisées ». Cette citation est authentique -prononcée en 1919 au Sénat- et elle fait partie des messages que les célibataires utilisant happn ont pu découvrir depuis une semaine. Cette campagne militante, co-créée avec l’ONG A Voté et en partenariat avec le Gouvernement, célèbre un anniversaire très spécial : le droit de vote des femmes. Le concept ? Rappeler le long chemin rempli de misogynie parcouru par les Suffragettes pour que le droit de vote et d’éligibilité devienne universel. Claire Rénier, responsable des tendances chez happn nous explique pourquoi l’application entreprend ce travail de mémoire.

INfluencia : il est rare pour une application de rencontres de s’associer au gouvernement et à une ONG pour faire passer des messages…

Claire Rénier : Happn est une application de rencontres française créée en 2014, qui a 11 millions d’utilisateurs en France et 135 millions dans le monde. Notre mission est la rencontre bien évidemment. Et notre technologie repose sur la géolocalisation. Depuis 2017, année de toutes les affaires de viol et de maltraitance dévoilées un peu partout dans le monde, notamment en France et aux US, nous avons décidé que notre rôle devait aller au-delà de la rencontre. Il nous semblait essentiel, qu’en tant que « lieu de vie », d’échanges, de rencontres, nous devions apporter notre pierre à l’édifice, et utiliser happn, pour faire passer des messages importants.

IN. : cette vocation n’était pas dans l’ADN de happn, donc…

C.R. : non, cette conviction est vraiment née en 2017. C’est là que nous nous sommes dit que nous avions notre rôle d’éducateurs à jouer, je dirai que nous nous sommes éveillés en parallèle des « affaires » qui voyaient le jour. Pour nous, c’était un changement sociétal majeur auquel nous devions participer. Nous avons ensuite assez vite, fait une campagne contre le cyberharcèlement, puis sur le consentement, avec HandsAway. Celle-ci rappelait à tout un chacun les bases du consentement, avec cette fameuse accroche « ceci n’est pas un consentement ».

L’opération Ceci n’est pas un consentement réalisée par happn et HandAway

Donc je dirai que l’appli a un devoir d’éducation, une mission politique aussi. Le sujet du consentement est une vraie question, encore plus quand on est dans « la drague ». Le féminisme, est aussi un sujet essentiel aussi pour notre présidente qui est très impliquée sur ces questions. Il faudrait être bien innocent aujourd’hui pour penser que les individus vont sur une application uniquement parce qu’elle « marche bien », il nous semble que si les gens y font appel c’est parce qu’ils comprennent qu’il y a un état d’esprit, une raison d’être commune…

IN. : c’est audacieux de la part d’un gouvernement de s’associer à une application de ce type ?

C.R. : les applications se sont démocratisées au point de devenir, pour ainsi dire, des réseaux sociaux. Nous avons pu nous associer avec le Gouvernement, parce que lui aussi de son côté à des informations, des messages à faire passer. Sur happn, les 18-35 ans sont à l’écoute. Notre rôle c’est de devenir la place où on se parle. « Accrocher » les jeunes est primoridal.

IN. : tout peut arriver sur les plateformes…, ce n’est pas anodin, ce n’est pas neutre, et cela peut être dangereux…

C.R. : plus que des applications, c’est tout l’univers du numérique qui est potentiellement dangereux. La campagne sur le cyberhacelement c’était déjà pour nous une manière d’avertir et d’éveiller les jeunes… A notre manière, nous participons aussi à l’évolution des meurs.

IN. : pourquoi avoir choisi le sujet des suffragettes, qui est bien loin des jeunes ?

C.R. : l’idée de créer une campagne pour parler de ces femmes, les suffragettes, qui ont vécu entre 1914 et 1950, était permettre à nos publics de comprendre à quel point nous revenons de loin. Et à quel point il faut continuer à se battre pour que les meurs continuent d’évoluer dans le bon sens. Ces femmes qui se sont battues entre autres pour avoir le droit d’être des citoyennes, sont incroyables, si l’on se replace dans notre histoire.

IN. : il y a de plus en plus de célibataires… les hypermarchés de la rencontre, c’est assez angoissant, non ?

C.R. : les relations humaines sont passionnantes. L’usage du numérique a créé des phénomènes qui sont mis en exergue, mais qui existaient déjà dans la vraie vie. Le ghosting, n’est pas nouveau. Il se fait dans la vraie vie. Un écran ne protège ni la personne qui l’utilise, ni celle qui la subit. C’est donc bien plus intéressant de creuser notre connaissance de nos célibataires et utilisateurs, en leur apportant des informations riches de sens qui élèvent les esprits, plutôt que de rester passifs.

IN. : avez-vous déjà des résultats à nous donner?

C.R. : sur les réseaux sociaux, les résultats sont excellents. En revanche, nous en saurons plus en fin de semaine. Je suis ravie et tout le monde est très fier de cette opération, car cela engage notre société,. La campagne est audacieuse et on est ravis.

 

Cette campagne (ci dessous) est à retrouver sur les sites et réseaux sociaux de l’ONG A voté, et sur ceux du gouvernement. Depuis vendredi dernier, ces visuels choc sont postés sur Linkedin, Instagram.

 

 

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