22 mars 2023

Temps de lecture : 12 min

« C’est fou de penser que Paris n’a toujours pas de musée olympique ! », Diane de Navacelle de Coubertin

Elle est l’arrière-arrière-petite nièce du baron Pierre de Coubertin. Diane de Navacelle de Coubertin est membre du bureau de l’association familiale Pierre de Coubertin. Sa mission : s’assurer que l’idéal olympique imaginé par son glorieux aïeul soit respecté et que perdurent les valeurs de l’olympisme au travers notamment de nombreuses actions auprès de la jeunesse. Elle est d’ailleurs devenue présidente de la Commission Éducation et Héritage de l’ISF, la Fédération internationale du sport scolaire, en juin 2022. Une interview à retrouver dans la revue #42 d’INfluencia.

En relation régulière avec le Comité international olympique, elle fait partie d’une commission sur le lien qui unit les arts et l’olympisme, Oly Art Committee. Au-delà de son héritage familial, elle est artiste : joaillière pendant plus de quinze ans, aujourd’hui elle sculpte et enseigne l’anglais auprès d’étudiants en audiovisuel. Elle nous parle de l’héritage de celui qu’elle appelle « Pierre » et de ses missions propres.

INfluencia : toute votre jeunesse a été imprégnée de la mémoire du baron et de l’olympisme, mais quand avez-vous vraiment attrapé le « virus » des Jeux ?

Diane de Navacelle de Coubertin : cela a été très progressif. Mais c’est lors de ma première représentation officielle en tant que membre de la famille Coubertin aux Jeux de Pyeongchang en 2018, que j’ai réalisé à quel point ce qui se passait était passionnant, donnant plus de sens à l’histoire dans laquelle je baignais depuis ma naissance. J’ai compris que j’avais envie d’y jouer un rôle et d’apporter ma pierre à l’édifice. Aujourd’hui, je suis sculptrice et travaille l’argile, et je suis également professeure d’anglais, mais plus de la moitié de mon temps est consacré à l’olympisme et au paralympisme, avec Paris 2024 en point de mire et des actions à beaucoup plus long terme.

IN : quelles sont vos missions ?

DNC : j’ai un devoir de transmission, d’être garante des origines. Et petit à petit, j’ai pris des engagements sur plusieurs terrains : en premier lieu l’éducation. D’abord parce que c’était l’un des piliers de Pierre, qui était persuadé que le sport est un des meilleurs moyens de transmettre l’éducation aux jeunes. Et tout ce qu’il a fait, il l’a fait en pensant à eux et au futur. Je mène un certain nombre d’actions en ce sens, cela a commencé par des petites interventions dans des écoles, où je parlais de l’olympisme. Et puis cela a pris plus d’ampleur. En juin 2022, j’ai été élue présidente de la Commission Éducation et Héritage de l’ISF* et je travaille aussi de plus en plus avec l’UNSS, l’Union nationale du sport scolaire (plus d’un million de licenciés), ce qui permet de toucher beaucoup de jeunes. Le gros événement de l’ISF, ce sont les Gymnasiades**, qui ont eu lieu en mai 2022 en Normandie ; 1500 bénévoles, 3500 jeunes athlètes venant de 63 pays ont concouru pendant une semaine dans 20 disciplines et pour la première fois 3 para-sports.

J’interviens également régulièrement dans les écoles, les lycées et même parfois dans les universités. C’est un travail que je prends au sérieux parce que cela me permet d’être force de proposition et de pouvoir éduquer et transmettre cette culture de l’olympisme à tous ces jeunes, à la fois en France et à l’étranger, en rétablissant parfois certaines vérités. Je me suis rendu compte que beaucoup de jeunes n’avaient aucune idée de ce que sont les JO et encore moins le mouvement olympique. Pire encore, parfois on leur a appris des choses erronées ! J’aimerais leur donner les bonnes clés de compréhension. Il est quand même dommage qu’ils vivent les Jeux dans un peu plus d’un an sans avoir conscience de ce qu’ils signifient. Je n’ai pas envie qu’ils se disent qu’il s’agit d’un énième gros match de foot ! J’aimerais qu’ils puissent vivre ces Jeux pleinement, se les approprient, mesurent la chance que c’est de les vivre « à la maison »… C’est quelque chose qui n’arrivera probablement qu’une fois dans leur vie ! Bien sûr, il y aura probablement des loupés, des dérives, des choses à revoir… Le moins possible j’espère. Mais c’est pour cela qu’il est très important pour moi de leur transmettre cette culture olympique, qu’ils comprennent pourquoi et avec quelles intentions initiales Pierre a créé les Jeux olympiques modernes, en quoi ils sont complètement uniques. C’est le plus gros rassemblement mondial sportif multisport où s’affronteront les meilleurs athlètes mondiaux de 206 pays dans plus d’une trentaine de disciplines sportives.

 

IN : quel est votre deuxième cheval de bataille ?

DNC : l’art et la culture, et comment depuis l’Antiquité ils sont liés intrinsèquement aux JO : on y dansait, chantait, lisait de la poésie, jouait des pièces de théâtre… Pierre était très sensible à l’esthétique et aux arts, il disait que « l’art éclaire l’intelligence, captive la pensée, incite l’ambition ». Il faut rappeler que les arts l’ont toujours entouré : son père était peintre, sa sœur Marie une excellente harpiste et sa femme était la fille d’un marchand d’art. Lui-même était un très bon dessinateur d’ailleurs, et comme la photo n’était pas si répandue à l’époque, il dessinait de très beaux croquis sur ses carnets de voyage. Lors des Jeux de Stockholm en 1912, il va ainsi créer le pentathlon moderne (cinq disciplines sportives sans rapport avec sa version antique), en même temps que le pentathlon des arts, introduisant cinq disciplines artistiques aux JO : la musique, la peinture, l’architecture, la sculpture et la littérature. Et pour l’anecdote, il a concouru de manière anonyme sous les pseudonymes de Georg Hohrod et Martin Eschbach dans la catégorie littérature et remporté une médaille d’or pour son poème Ode au sport… Ces disciplines artistiques et olympiques verront leur dernière édition en 1948. La raison ? Il n’y avait d’un côté pas assez d’amateurs, et de l’autre trop de professionnels reconnus !

Je suis moi-même une créative au départ – diplômée de la Parsons School of Design de New York – donc personnellement impliquée dans les arts ; créer fait partie de mon équilibre. Un peu comme le sport, les arts sont un moyen de faire passer des messages, de manière universelle, dépassant les barrières de la langue, parlant directement aux émotions. Je fais ainsi partie d’une commission « Oly Art » au CIO qui a pour mission de mettre en lumière les liens entre les arts, la culture et le sport. Et je travaille par ailleurs sur un projet avec deux chorégraphes, Sophie Bulbulyan et Cécile Martinez, qui pratiquent la danse inclusive. Nous sommes en train de construire un spectacle, baptisé « C’est beau ! » et dont je suis la scénographe, qui allie danseurs valides et danseurs en situation de handicap. Il aura lieu avant et après les Jeux de Paris 2024 dans plusieurs villes en France, notamment dans la capitale puis à Marseille et à Villeurbanne (ville européenne de la culture 2022), et également à Bad Ischl, une ville proche de Salzbourg, en Autriche, qui reprendra ce flambeau européen en 2024. L’idée est d’inclure localement des gens qui viendront participer. Nous proposons également, et en plus du spectacle, des journées d’actions artistiques autour de la culture olympique, que j’animerai.

 

IN : vous travaillez sur un projet de centre culturel olympique. Verra-t-il le jour pour 2024 ? Ce serait un beau symbole pour fêter le centenaire des JO…

DNC : oui ! Avec notre association familiale, nous travaillons à la création d’un espace culturel sur Pierre de Coubertin et l’olympisme, à Paris. C’est parfois assez surprenant de voir que Pierre, pourtant français, est souvent plus connu et apprécié à travers le monde, où il y a des musées olympiques, que dans son propre pays, où il a redonné vie aux Jeux olympiques. C’est fou de penser que Paris, qui va pourtant accueillir les Jeux pour la troisième fois (après 1900 et 1924) et célébrer leur centenaire, n’a toujours pas de musée olympique !

C’est mon père qui a eu cette idée de centre culturel. Un centre immersif qui permettrait d’expliquer la démarche de Pierre et de faire vivre la culture olympique. Ce sera d’abord dans un lieu temporaire, le temps que le lieu définitif voie ses travaux terminés. C’est un gros challenge, j’espère que nous y arriverons à temps l’année prochaine, car 2024 est certes le centenaire des JO, mais il faut rappeler que c’est aussi l’anniversaire des derniers Jeux de Pierre. Il les avait fait revenir à Paris parce qu’il avait été déçu de l’édition de 1900 qui s’était déroulée parallèlement à l’Expo universelle et un peu noyée par celle-ci, et en plus étalée sur six mois. Il voulait finir sur une belle note, dans son pays… Et les Jeux de 1924 ont été une très belle réussite.

Mais ce qui compte est d’y arriver et qu’il reste un héritage. Car une fois que les Jeux seront terminés, le soufflé va retomber et l’on verra quel sera cet héritage de façon concrète, en termes d’infrastructures, certes, mais aussi dans la tête des gens. Quelles vocations sportives entraîneront-ils ? Quelles conséquences sur le sport à l’école ? Qu’auront-ils changé vis-à-vis du handicap ? En quoi auront-ils servi (à) la société française ?

 

INfluencia Vous êtes également très engagée sur les sujets de l’inclusion…

DNC  : oui, sur les implications de la femme et du handicap. Sur le premier sujet, Pierre est assez souvent controversé, je pense un peu par méconnaissance. En 1896, quand il pense les Jeux, il va effectivement dire que ce n’est pas la place de la femme, mais ceux qui le traitent, avec le regard d’aujourd’hui, de misogyne oublient de le replacer dans son contexte et son époque. C’est toute la société d’alors que l’on pourrait qualifier de misogyne : les femmes n’avaient quasiment aucun droit ni liberté. Pas le droit de voter, d’avoir un compte en banque, de travailler et de gagner un salaire… Leur rôle se résumait à celui d’être mère. D’ailleurs, des médecins expliqueront que c’est très « mauvais » pour la femme de faire du sport, elle risquerait de ne plus pouvoir porter d’enfant. Montrer ses jambes ou des parties dénudées de son corps en public et la voir transpirer pouvait avoir des connotations sexuelles, ce qui eut été parfaitement inconvenant ! Le pape lui-même avait condamné la participation des femmes aux compétitions sportives. Et ce terme « incorrect », que Pierre va employer à propos de leur association aux premiers Jeux de 1896, renvoie au fait que le sport pourrait, à ce moment-là, mettre la femme dans une position de vulnérabilité. Il ne voulait pas non plus se mettre à dos les politiques et les hommes puissants du moment, dont il avait besoin pour les soutenir, lui et son projet de rétablir les Jeux. Ce qui est intéressant, c’est qu’en 1900, dès la deuxième olympiade, il a prouvé qu’il les avait rénovés, ces Jeux, avec succès, et cette fois-là, 22 femmes ont été présentes, dont des Françaises. S’il avait vraiment eu envie qu’elles ne participent pas aux JO, rien ne l’empêchait, en tant que fondateur de Jeux olympiques modernes et alors président du CIO, de voter une règle qui l’interdise. Ce qu’il n’a pas fait. C’était, je pense, une manière d’ouvrir une brèche, non pas de dire oui, je suis pour, au risque de choquer ses compatriotes, mais je ne suis pas contre…

Dès lors, c’est l’Anglaise Charlotte Cooper qui sera la première femme médaillée olympique : au tennis, en simple et double. Une vraie pionnière. Comme ces autres participantes et premières médaillées olympiques qui ouvriront la voie des femmes dans les Jeux. Leur participation va croître, doucement, mais progressivement. En 2024, pour la première fois de l’histoire, une parité totale d’athlètes féminins et masculins sera atteinte. Cela aura pris cent-vingt-huit ans !

Le sujet du paralympisme est également très important pour moi, car si la place de la femme dans la compétition sportive à l’époque de Pierre n’était pas évidente, celle des personnes en situation de handicap, je vous laisse imaginer… Il faudra que passe la Seconde Guerre mondiale pour qu’un neurologue juif allemand internationalement connu réfugié en Grande-Bretagne, le docteur Ludwig Guttmann, crée un centre dédié aux blessés atteints à la moelle épinière. Il imagina des thérapies visant à accompagner psychologiquement ces blessés en stimulant leur potentiel moteur. Et le sport lui apparut indispensable. Il encouragea ses patients à pratiquer plusieurs disciplines accessibles à eux tels le billard, le tir à l’arc ou le tennis de table. Et il va organiser en 1948, à la veille des Jeux londoniens, les premiers World Wheelchair and Amputee Games***. Ce n’est qu’en 1960, quand ces Jeux auront pris de l’ampleur et auront lieu à Rome, quinze jours après les JO dans la même ville, qu’on les considérera comme les premiers « Jeux paralympiques officiels ».

Pierre, qui est mort en 1937, n’a pas vu tout cela, mais c’est quelque chose qui l’aurait touché, pour la simple raison que l’un de ses deux enfants, Jacques, qu’il a élevé jusqu’à la fin de sa vie, était malade – à l’époque on ne savait pas nommer sa maladie, on disait qu’il avait eu « un coup de soleil », mais il était probablement autiste. Et je pense que quand Pierre disait qu’il voulait que le sport soit pour tous, il pensait aussi à son fils et il aurait soutenu l’idée du paralympisme. « Tous les sports pour toutes les personnes, c’est le nouvel objectif vers lequel nous devons déployer nos énergies », affirmait-il. Il est donc important pour moi non seulement de m’inscrire dans la continuité, mais d’accompagner l’évolution du regard sur le handicap, d’améliorer cette inclusion dans et par le sport. Parce que notre époque, mon époque, celle dans laquelle je peux agir, est peut-être enfin prête à voir ces différences comme une chance, comme une richesse supplémentaire à l’humain qui est en chacun de nous. Un athlète, handicapé ou valide, est avant tout un athlète ; l’un comme l’autre mérite la même admiration et le même respect.

 

INfluencia : parlez-nous justement un peu de votre arrière-arrière-grand-oncle. Pierre de Coubertin a nourri, très tôt, un intérêt prononcé pour le sport à une époque où pourtant le sport et le sportif ne sont guère admirés dans la société. D’où lui est venu ce génie ?

DNC  : je crois que Pierre a très vite vu dans le sport un moyen d’éducation et de construction personnelle. Mais aussi un outil permettant de créer du lien, de l’inclusion, de rassembler. Il pratiquait lui-même l’aviron, la boxe, l’équitation, le tir, l’escrime… Très rapidement, il va considérer qu’il faut rendre le sport plus populaire, le démocratiser, le rendre accessible à tous, voire l’internationaliser pour que les cultures se rencontrent. L’idée de restaurer les Jeux olympiques va jaillir. Lors de l’Exposition universelle de Paris de 1889, il préside un Congrès sur l’éducation physique. Il y présente les résultats d’une étude internationale sur le sport qu’il a menée. Petit à petit, sa vision évolue. Pour lui, le sport donne des bonnes bases de vie et des Jeux pourraient contribuer au développement du sport… Jusqu’à prendre conscience qu’ils pourraient aussi unir le monde dans la paix et l’amitié ! En novembre 1892, il présente sa première proposition pour rétablir les Jeux olympiques qui avaient eu lieu entre 776 avant J.-C. et 393 après J.-C. Et il a réussi à convaincre tout le monde : les premiers Jeux olympiques de l’ère moderne ont lieu à Athènes en avril 1896. C’est une énorme réussite pour l’époque, plus de 31250 athlètes de 14 pays sont présents. Pour la Grèce, c’est une renaissance, les dirigeants vont d’ailleurs vouloir que les Jeux restent. Mais il refuse. Son idée est que les JO permettent aux cultures du monde de se rencontrer et il est donc important que chaque pays puisse devenir pays hôte. Avec en arrière-pensée le désir de contribuer à la paix, qui est un des fils rouge des JO pour Pierre, qui était né en 1863 et avait vécu très tôt, à l’âge de 7 ans, une première guerre et une invasion.

 

IN : quelle est la valeur de l’olympisme la plus importante selon vous, ou que vous préférez ?

DNC : ma valeur préférée, qu’on peut d’ailleurs appliquer dans la vie de tous les jours, qui est une valeur majeure de l’olympisme, est l’excellence, car elle commence par soi. Et je vais faire le lien avec une phrase attribuée à Pierre et qui en fait n’est pas de lui : « L’essentiel est de participer. » En réalité, c’est un évêque de Pennsylvanie qui l’a prononcée lors d’un sermon pendant les Jeux de Londres en 1908 pour encourager les équipes américaines. Pierre a entendu ce discours et a trouvé qu’il était tout à fait dans l’esprit olympique. Mais il l’a reformulé, et lors du dîner d’ouverture donné par la reine d’Angleterre, il a dit : « L’important dans la vie, ce n’est point le triomphe, mais le combat, l’essentiel est de s’être bien battu. » Et je pense que c’est très différent, car bien se battre veut dire qu’on va donner le meilleur de soi, c’est-à-dire qu’on n’aura aucun regret si on n’est pas le gagnant. C’est cela l’excellence, donner le meilleur de soi-même à soi-même, et ensuite envers les autres. C’est une valeur complète et qui illustre bien ce qu’est le mouvement olympique, c’est un état d’esprit ne s’appliquant pas seulement pendant les JO mais avant et après, tout au long d’une vie. Et derrière cette valeur, il y a le respect, de soi et mutuel, et le fair-play, car au final c’est le meilleur ce jour-là qui va gagner.

Et il y a aussi l’amitié. Car c’est cela les JO : permettre des rencontres uniques et extraordinaires à travers le monde, de gens qui ne se seraient probablement jamais croisés autrement. Par rapport à la paix c’est quelque chose de très fort : si l’on connaît la personne, on sera enclin à lui parler avant de lui faire la guerre. Et Pierre était convaincu que le sport et l’olympisme, par les valeurs qu’ils peuvent fédérer, peuvent contribuer à améliorer les relations entre les nations – à travers le partage et la connaissance des cultures, l’apprivoisement de l’autre et de la différence – et ainsi à la paix dans le monde.

 

 

*Pierre de Coubertin, cité par Diane de Navacelle de Coubertin dans cette interview.

*International Sport Federation (Fédération internationale du sport scolaire) qui compte 150 pays membres.

**JO du sport scolaire réservés aux jeunes de 15 à 18 ans et organisés tous les deux ans depuis 1974.

***Jeux mondiaux des athlètes amputés et en fauteuil.

 

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