28 février 2024

Temps de lecture : 4 min

Cédric Malengreau (Credit Mutuel Arkéa) : « Nous n’avions aucune velléité de devenir partenaire d’une course »

L’Arkéa Ultim Challenge, la toute première course autour du monde en solitaire réservée aux trimarans géants de la classe Ultim, s’est conclue hier matin avec la victoire Charles Caudrelier sur Maxi Edmond de Rothschild. Cédric Malengreau, le directeur du secrétariat général et de la communication institutionnelle chez Credit Mutuel Arkéa, nous explique pourquoi et comment son groupe s’est retrouvé impliqué dans cette compétition. Il nous détaille également les dessous de son ambitieuse stratégie de sponsoring sportif. Instructif…

Arkéa
INfluencia : Charles Caudrelier a remporté hier, sur son bateau Maxi Edmond de Rothschild, la toute première course autour du monde en solitaire réservée aux trimarans géants de la classe Ultim. Votre groupe est le sponsor-titre de cette compétition. Pourquoi avez-vous décidé de vous impliquer dans cette régate planétaire ?

Cédric Malengreau : Notre implication dans l’Arkea Ultim Challenge est opportuniste pour ne rien vous cacher. Nous n’avions aucune velléité de devenir partenaire d’une course. Je suis même sûr que vous pourrez retrouver des citations de nos dirigeants qui le confirment. Lorsque l’organisateur de cette compétition, OC Sport Pen Duick, et des responsables de sa maison-mère, le groupe Le Télégramme, sont venus nous voir, nous connaissions déjà ce projet assez ancien de course autour du monde réservée aux Ultims. L’élément déterminant pour nous a été son ancrage territorial. Cette régate part et arrive à Brest, la ville où se trouve notre siège social et où travaille une grande majorité de nos salariés. Cette compétition avait la capacité de mettre la Bretagne au centre de la planète voile. Elle est également encore plus ambitieuse que le Vendée Globe, la course autour du monde en solitaire et sans assistance sur les monocoques de la classe Imoca. C’est un vrai terrain d’aventure.

IN : Comment avez-vous cherché à tirer profit de votre statut de sponsor-titre ?

C. M. : De plusieurs manières. En interne, notre implication est une source de fierté pour notre personnel. Cette course nous permet également de communiquer sur notre territoire auprès de notre clientèle et de nos parties prenantes. Elle participe aussi au rayonnement de notre marque qui est plutôt jeune et qui ne vend aucun produit. Le buzz qu’elle génère est largement supérieur à nos attentes. Lors des huit jours qui ont précédé le départ, le 7 janvier, 150.000 personnes ont visité le village et 55.000 sont passés dans notre pavillon. Les retombées médias ont, quant à elles, été beaucoup plus importantes en spontané qu’elles peuvent l’être sur un projet Imoca par exemple. Nous avons eu beaucoup de radio et de télé. Voir tous les acteurs de cette course, et notamment les compétiteurs, répéter sans cesse notre nom est un autre atout de taille. Nous estimons que les retours-média sur cette course sont cinq à dix fois supérieurs à ceux d’une année normale d’Imoca.

 

 

IN : Vous avez en effet la particularité d’être également le co-sponsor d’un des favoris du prochain Vendée Globe dont le coup d’envoi sera donné le 10 novembre prochain. Votre implication dans cette course mythique est-elle aussi opportuniste que pour l’Arkea Ultim Challenge ?

C. M. : Non, notre implication dans la classe Imoca est beaucoup plus rationnelle avec des objectifs très précis. Notre participation lors du dernier Vendée Globe était une suite logique à notre engagement dans la classe Figaro. La victoire dans la Solitaire en 2018 de Sébastien Simon sous les couleurs de CMB, une marque du groupe Arkéa, nous a encouragé à nous aligner avec lui lors de l’édition 2020-2021 de cette course autour du monde en monocoque. Nous ne nous sentions pas capables de nous lancer seul et nous avons rencontré les dirigeants du groupe Paprec qui cherchaient un partenaire pour cofinancer un projet. Nous sommes actionnaires de cette entreprise qui est présente sur le circuit Imoca depuis 17 ans et qui a déjà participé à cinq reprises au Vendée Globe. Pour l’édition 2020-2021, nous nous sommes appuyés sportivement sur la structure de Vincent Riou mais les résultats n’ont pas répondu à nos attentes (abandon de Sébastien Simon lors de la Rolex Fastnet en 2019 et lors du Vendée Globe l’année suivante n.d.l.r.). Avec Paprec, nous avons réalisé que le format que nous avions privilégié ne nous convenait pas.

IN : Au lieu de vous retirer du jeu, vous avez alors préféré « faire tapis » en mettant tous vos jetons sur la table…

C. M. : Exactement. Notre deuxième campagne pour le Vendée qui partira au mois de novembre prochain est radicalement différente. Nous sommes partis d’une feuille blanche, nous avons construit une écurie de course d’une quinzaine de personnes, nous avons sélectionné un skipper en la personne de Yoan Richomme, nous avons choisi un architecte et nous avons réservé des créneaux dans les chantiers de construction et pour l’instant, ce projet répond à nos attentes puisque Paprec Arkea a fini deuxième de la Transat Jacques Vabre et premier de Retour à la Base.

IN : Quel est le budget d’un tel projet ?

C. M. : Il se situe dans la fourchette haute de la classe Imoca et peut être comparé à celui d’écurie comme Charal et Team for the Planet (7 à 8 millions d’euros pour la construction du voilier auxquels il faut ajouter des dépenses annuelles proches de 2 millions d’euros n.d.l.r.).

IN : Comment se « sépare-t-on le gâteau » quand deux marques distinctes sponsorisent le même bateau ?

C. M. : Nous avons mis en place une alternance du naming du projet. Pour le Vendée Globe 2020-2021, le voilier s’appelait Arkéa Paprec et cette année, il faut dire Paprec Arkéa. Tous les marquages sur le bateau sont séparés à parts égales entre nos deux marques. Un site co-brandé est disponible sur internet et nous prenons garde à ce que les photos mises en ligne montrent nos noms d’une manière équilibrée. Certaines campagnes de communication qui mettent en avant le projet sont financées en commun par Arkéa et Paprec mais nous menons également des opérations séparées comme lorsque nous faisons naviguer certaines clients et prospects sur le voilier ou quand Yoan Richomme participe à certains de nos événements internes. L’équipe nous doit ainsi, à Paprec et à nous, contractuellement une trentaine de journées par an.

IN : La voile n’est pas le seul sport que vous soutenez puisque vous êtes également présent dans le cyclisme et le rugby. Ne serait-il pas plus efficace de mettre tous vos œufs dans le même panier ?

C. M. : Chaque sport à des cibles différentes. Le cyclisme, dans lequel nous sommes présents avec notre équipe Arkéa-B&B Hotels a, très clairement, un impact de masse. Il permet de montrer notre marque au plus grand nombre et pendant un laps de temps important. Le rugby, que nous soutenons avec le sponsoring de l’Union Bordeaux-Bègles qui participe au Top 14 et du Rugby Club Vannes, permet, quant à lui, de communiquer autour de nos valeurs et de diffuser des messages plus qualitatifs auprès d’un public qui comprend beaucoup de managers, de cadres supérieurs et de chefs d’entreprise. Il y a donc assez peu de concurrence entre les sports que nous soutenons car les cibles qu’ils nous permettent de toucher ne sont pas les mêmes.

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