18 juillet 2021

Temps de lecture : 3 min

Ed Catmull, Pixar : “Technologie et créativité marchent main dans la main”

À l’occasion de la conférence USI (“Unexpected Sources of Inspiration”), organisée par OCTO Technology, Ed Catmull, l’un des cofondateurs de l’emblématique studio Pixar, a partagé sa vision de la créativité et de la technologie. Morceaux choisis.
INfluencia : chez Pixar, quelle est la définition de la créativité ?

Ed Catmull : ma définition de la créativité est très large : c’est la capacité à résoudre des problèmes. Dans notre cas, bien sûr, la créativité s’incarne dans nos histoires, mais elle est aussi dans la façon dont nous créons nos films.

IN. : comment encourager la créativité des équipes ?

Ed.C. : le vrai sujet, c’est de faire en sorte que les collaborateurs voient que ce qu’ils sont en train de faire a de la valeur et de l’impact. Si vous mettez ça en place, si vous-même vous pensez que vous avez un impact, alors les gens autour de vous vont suivre, et seront déterminés à résoudre les problèmes et à y consacrer toute leur énergie. En somme, ce qui est le plus important de faire, c’est de s’assurer que vous travaillez sur quelque chose qui a une vraie valeur et de créer un environnement dans lequel chacun se sent en sécurité pour tester des choses, en sachant que si jamais ça ne fonctionne pas, ce ne sera pas un souci.

IN. : comment préserver cette créativité dans les grandes entreprises ?

Ed.C. : la créativité devient plus difficile lorsque les entreprises grandissent. Souvent, il y a cette illusion que la personne créative est un génie solitaire qui reste dans son coin : je ne pense pas que ce soit la meilleure façon d’être créatif… être créatif implique d’être avec d’autres personnes, de communiquer. Dans notre cas, il n’y a pas un cerveau créatif, mais toute une équipe créative sur chaque film, qui travaille ensemble. Un film – comme beaucoup d’autres produits -, ce sont des milliers de décisions à prendre, voire des centaines de milliers : vous avez bien sûr besoin d’une équipe de direction qui dit comment assembler les différentes pièces ensemble, mais c’est définitivement un travail collectif.

Lorsqu’un groupe est trop gros, la capacité des gens à travailler ensemble commence à décroître. Il y a différents moyens de résoudre ce problème de la taille : l’un d’eux est d’avoir des process, de fixer des règles pour faire les choses – ainsi, vous produisez plus, mais ce n’est plus aussi original qu’avant. Il y a un équilibre à trouver pour avoir le bon nombre de personnes et les bons talents, tout en n’ayant pas trop de bureaucratie, qui ferait qu’on tuerait la créativité. C’est difficile !

IN. : quelles sont vos plus grandes sources d’inspiration ?

Ed.C. : au début de ma vie, j’étais inspiré par deux personnes en particulier : Walt Disney et Einstein, deux personnalités iconiques, l’un du côté artistique, l’autre du côté scientifique. Puis, plus tard, en œuvrant à rapprocher ces deux aspects, j’ai été inspiré par de nombreuses personnes. Mais ce qui a eu le plus d’impact sur moi a été dans les années 70, quand j’ai participé au programme ARPA [Advanced Research Projects Agency] au sein de mon université. A l’époque, le gouvernement américain finançait des projets de recherche dans tout le pays, avec très peu de contraintes bureaucratiques et de contrôle. Ils faisaient confiance aux gens pour répondre aux enjeux du moment.

IN. : est-ce la technologie qui inspire la créativité, ou l’inverse ?

Ed.C. : la réalité, c’est qu’elles marchent main dans la main ! Il y a bien quelque chose que Roy Disney a retenu de son oncle : Walt a toujours cherché à introduire de nouvelles technologies dans le monde de l’animation – même si, aujourd’hui, on ne les voit plus comme de nouvelles technologies, à l’époque, ça l’était. Walt a compris qu’en associant les deux ensemble, on dégageait une énergie. Les changements technologiques créent de nouvelles opportunités pour les artistes, et les artistes sont toujours à la recherche de projets qui sont presque impossibles à réaliser.”

IN. : comment Pixar travaille-t-il pour rendre ses films plus inclusifs ?

Ed.C. : quand nous avons débuté, nous étions tellement concentrés sur l’idée de faire tout correctement, dans les règles de l’art, que nous sommes clairement passés à côté de certains sujets en matière d’inclusion. Mais lorsque nous avons réalisé cela, ainsi que notre responsabilité, nous avons reconnu nos faiblesses et nos erreurs, et nous avons travaillé pour les réparer. Notamment dans le processus de création des films, nous avons cherché à en apprendre davantage sur les autres cultures ou les façons de penser différentes, en essayant de ne pas rester en surface. C’est un processus permanent, mais il est nécessaire de s’assurer que des gens d’autres cultures participent, que des femmes réalisent nos films. Et même dans le casting de voix de nos films, de faire en sorte que nos préjugés ne guident pas nos choix sans qu’on s’en rende compte. Pour nous, c’est une question de responsabilité, de nous améliorer et d’améliorer nos films.

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