15 janvier 2024

Temps de lecture : 3 min

BMW imagine son futur en pensant à son passé

En 2027, l’usine centenaire de BMW à Munich produira exclusivement des modèles entièrement électriques. Visite sur site pour comprendre ce virage brutal mais nécessaire.

L’usine historique de BMW à Munich qui a été créé il y a plus de 100 ans avait, mercredi dernier, une allure « Shagadelic » qui sentait bon les « Sweet 60s ». Des meubles rétro aux téléphones à cadran posés sur des tables basses décorées de napperons en dentelle, le bâtiment 140 de cet immense complexe de 500.000 m2 situé à deux pas du stade olympique aurait plu à Austin Powers avec ses décors loués pour l’occasion à Bavaria Films, le studio où ont été tournés de nombreux films dont La Grande Evasion, Das Boot et L’Histoire sans fin.

Ce retour aux années 60 n’est pas un hasard. C’est durant cette décennie que le constructeur munichois a assemblé dans cette usine ces premières « Neue Klasse ». Produite à plus de 400.000 exemplaires entre 1962 et 1972, cette gamme, qui comprenait les modèles 115, 116, 118, 120 et 121, a été remplacée par la Série 5 mais les afficionados de la marque à l’hélice n’ont jamais oublié ses routières aux lignes élancées.

 

Pour marquer son virage vers l’électrification, le groupe allemand a dévoilé au mois de septembre dernier lors du salon international de l’automobile de Munich, son tout nouveau concept 100% électrique baptisé…

« Neue Klasse » ou comment faire du neuf avec du vieux.

Avec son autonomie 30% supérieure aux modèles actuels, sa recharge 30% plus rapide et ses gains de 25% d’efficience, ce modèle, facilement reconnaissable avec son « nez de requin » et ses roues aérodynamiques de 21 pouces, « fera entrer BMW dans une nouvelle ère », assure Oliver Zipse, le président de son conseil d’administration. Produire cette nouvelle voiture nécessite toutefois une transformation en profondeur des lignes d’assemblage du constructeur.

Très vite, la direction du groupe a décidé de construire la nouvelle « Neue Klasse » sur son site historique munichois. Les premières modèles devraient sortir de ce site à partir de… 2026. Ce laps de temps peut sembler long mais il est, en réalité, très court.

Les engins de chantier sont actuellement en train de détruire d’anciens bâtiments qui seront remplacés par une nouvelle chaîne de montage de véhicules avec des zones logistiques et un atelier de carrosserie flambant neuf. Afin de créer de l’espace dans la zone restreinte de l’usine au cœur de Munich, la fabrication traditionnelle de moteurs a été transférée l’an dernier à Hams-Hall en Grande-Bretagne et à Steyr en Autriche après environ 70 ans passés dans l’usine mère. 650 millions d’euros vont être investis sur ce site qui comprendra, à terme, 650.000 m2 de surface de production grâce à l’installation de machines sur plusieurs niveaux.

« Munich est le cœur battant de BMW. L’usine de Munich est innovante et modulable, vante son directeur Peter Weber. Comme dans les années 60, la Neue Klasse pose les fondations sur lesquelles notre usine se réinvente. Le fait que cette transformation complète ait lieu alors même qu’environ 1000 véhicules sont actuellement fabriqués chaque jour est une pratique courante ici. Nous sommes ravis d’amener cette usine vers un avenir entièrement électrique, en commençant par la berline Neue Klasse. »

Le design épuré de cette nouvelle ligne et l’utilisation massive de l’intelligence artificielle et de la digitalisation sur les futures chaînes d’assemblage devraient permettre de réduire les coûts de fabrication de 25% par rapport aux modèles actuels. À la différence de Tesla qui a été le premier à utiliser des Giga Presses capables de former des parties entières de la structure d’une voiture, le groupe bavarois n’a pas choisi, comme Ford et Hyundai, de suivre ce modèle.

« La structure de la Neue Klasse sera en acier et non pas en aluminium car nous souhaitons intégrer dans le châssis au moins 40% de matériaux recyclés, explique Milan Nedeljković, qui siège au conseil d’administration de BMW AG en charge de la Production. Après mûres réflexions, nous avons donc décidé de ne pas choisir l’option des Giga Presses. » L’innovation prudente est souvent une des forces mais aussi un des freins des entreprises allemandes. Préparer le futur sans oublier le passé, penser aux prochaines décennies dans un décor des années 60… L’avenir nous prouvera si cette stratégie est la bonne.

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