3 juin 2015

Temps de lecture : 5 min

Le bien-être, nouveau graal ? 2/2

En 1789, le révolutionnaire Saint Just s’exclamait : « Le bonheur est une idée neuve en Europe ». Plus de deux siècles plus tard, on pourrait remplacer la formule par : « Le bien-être est une idée neuve ». Et pas seulement en Europe. Dans un monde à la fois anxiogène et de plus en plus inconfortable, l’individu-citoyen-consommateur a envie de se faire du bien. Et sans doute le mérite-t-il.

En 1789, le révolutionnaire Saint Just s’exclamait : « Le bonheur est une idée neuve en Europe ». Plus de deux siècles plus tard, on pourrait remplacer la formule par : « Le bien-être est une idée neuve ». Et pas seulement en Europe. Dans un monde à la fois anxiogène et de plus en plus inconfortable, l’individu-citoyen-consommateur a envie de se faire du bien. Et sans doute le mérite-t-il.

Retrouvez la première partie de cet article

Le besoin de déconnexion

La rapidité, l’instantanéité et la connectivité qui caractérisent nos sociétés modernes ont fini par lasser, voire agacer les consommateurs qui sont aujourd’hui en train d’adhérer au mouvement contraire : celui du rythme lent, du silence, de la déconnexion digitale. Des recherches récentes ont montré que la dépendance à Internet était un problème psychologique reconnu. Les distractions numériques sont constantes, que ce soit dans le travail, les médias ou à travers tous les dispositifs connectés. Que se soit en dormant, en dînant avec des amis, ou même en vacances, les appareils et outils numériques sont toujours en marche; certes, ils nous informent et nous distraient, mais nous interrompent voire nous dérangent tout autant. Face à cette tourmente numérique, des résultats d’études révèlent que les consommateurs sont fatigués de cette culture du « always-on » qui les rend de plus en plus tributaires à la fois des médias et de leurs appareils mobiles connectés en permanence.

L’absence de technologie, de bruit, de logo est particulièrement pertinente dans une société qui connaît un élan en faveur du bien-être. L’engouement pour les circuits courts de production, les toxines doivent être évitées à tout prix; les détracteurs de la technologie prêchent la désintoxication numérique. L’absence, sous toutes ses formes, est devenue une marchandise, du « no logo » au « no gluten » ou encore à la « no tech ». Une philosophie prônant la quête de sens connaît un succès grandissant à travers le monde : les jardins « zen » autres salles de méditation connaissent un essor fulgurant dans la plupart des grandes villes et aéroports et les retraites silencieuses inspirées du film Eat, Pray, Love (Ryan Murphy, 2010) n’ont jamais eu autant de succès.

Le Forsthofgut Hôtel, près de Salzbourg en Autriche, propose un forfait vacances « Digital Detox » pour les voyageurs qui veulent déconnecter le temps d’une journée. Les clients laissent leurs téléphones mobiles et autres appareils numériques à la réception et passent leur séjour dans une chambre sans wifi. Des livres sont apportés dans les chambres sur demande et les lits sont équipés d’un tapis spécial pour réduire la pollution en provenance des champs de fréquences électriques générées par toutes sortes de gadgets.

En 2013, la marque de chocolat Kit Kat a érigé des zones gratuites sans wifi dans le centre-ville d’Amsterdam. La marque a installé des bancs qui bloquent les ondes dans un périmètre de cinq mètres. Dans cette zone « libre », les individus échappent à leurs emails, tweets, likes, hashtags, instapics etc. La marque les incite même à « profiter d’un bon vieux journal ou d’un livre … ou même d’une vraie conversation. » Le slogan est passé de “Have a break, have a Kit Kat” à “Have a break, have no wifi”.

La voiture silencieuse de la compagnie ferroviaire Amtrak permet aux passagers des trains Northeast Corridor (parmi d’autres routes) de voyager dans le calme et la tranquillité. Située juste derrière la classe affaires, cette voiture requiert des voyageurs qu’ils limitent leurs conversations à des chuchotements, mettent en sourdine leurs appareils électroniques et évitent tout appel téléphonique. De plus, la lumière tamisée crée une atmosphère apaisante telle celles que l’on trouve dans les bibliothèques.

Une spiritualité à la carte

La recherche spirituelle gagne de l’ampleur chez ceux qui souhaitent adopter une position de quête intérieure, en contraste avec ce qui est tangible et externe, et alors qu’elles représentaient 20% de la population mondiale en 1975, le nombre de personnes athées sera inférieur à 8% en 2020 -en dehors de la question politique qui touche l’islam et le christianisme. En Russie, par exemple, la proportion de croyants a augmenté de 35% à 60% de la population, selon World Religion Database. Toutefois, et de manière surprenante, la tendance est en réalité mise en avant par les non-croyants, qui sont à la recherche de plus de sens dans leur vie, notamment en raison de l’omniprésence de la technologie et du climat anxiogène post-récession.

Contrairement à la religion qui repose sur une démarche collective, la quête de spiritualité dans le monde moderne offre une approche individuelle et personnelle qui surmonte les contraintes imposées par la religion. Ce qui a changé, c’est que les individus du monde actuel veulent construire leur propre définition de la quête intérieure afin de répondre à leurs besoins spécifiques. Beaucoup se rendent compte que la réflexion et l’introspection sont nécessaires pour stimuler cette découverte personnelle et déverrouiller leurs objectifs, créativité et épanouissement propres. L’apparence et les rôles extérieurs ne suffisent plus à définir qui sont les individus et la réalisation de soi passe maintenant par le développement de l’identité personnelle. Beaucoup sont convaincus que donner du sens à leur consommation leur permet de créer des sensations de sérénité, de prospérité et de bonheur. Prendre soin de soi permettrait de prendre soin des autres en retour, à savoir sa famille, ses amis et sa communauté. À cette fin, ils développent des activités créatives, des pratiques spirituelles et un apprentissage en continu, tout en vivant plus au moment présent.

Les  » Zen cocktail parties  » sont un nouveau genre de soirées à New York, considérées comme s’adressant à un public de « hipsters ». Une soirée est organisée entre plusieurs convives dont le but commun est de profiter d’une séance de méditation. Mis au point par le célèbre créatif et restaurateur Taavo Somer, ces événements ont été conçus pour donner un moment de répit et de détente aux jeunes actifs de 20-30 ans, qui ont des rythmes de vie stressants et souvent sous pression. Les participants sont assis à des tables communes, grignotent de la charcuterie et boivent du vin ou des cocktails tout en effectuant des exercices de respiration.

La marque de mode Free People a lancé le site e-commerce Spirituality Shop qui met en vente une sélection d’objets et d’accessoires pour les adeptes de croyances alternatives. Ils peuvent y dénicher des cristaux, des bâtons de bavures, des cartes de tarot, du sel de la Mer Morte pour s’offrir des bains réparateurs, des capteurs de rêves pour intercepter les cauchemars, un philtre d’amour romantique pour la prospérité. Pour les moins férus, on y trouve aussi des fagots de bois flotté, des bouteilles décoratives, des bougies cylindriques ou encore une large gamme d’encens.

La newsletter du 20 Mars 2015, du site lifestyle et bons plans de My Little Paris, a publié une sélection d’adresses parisiennes dédiées à la méditation. Répartis dans différents arrondissements de la capitale, chacun des 17 spots est identifié selon une catégorie de personnes (les débutants, les sceptiques, les pressés, les New-Yorkais), un lieu (au bureau, dans un dojo, dans l’eau, sans un parc) ou un moment particulier (le weekend, le jour de lune..).

Pour en savoir plus sur le département Etudes & Tendances d’Usbek & Rica

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