30 mars 2018

Temps de lecture : 2 min

Les avis d’exclusion de domicile doivent-ils aussi faire le printemps ?

Quand les paroles ne suffisent plus, les pourfendeurs d’un monde où les personnes en situation de précarité sont souvent déshumanisées, mettent les politiques devant leurs responsabilités et engagements. Ça donne #PasDeSanteSansToit dont le coup d'envoi est donné par un avis postal. Une mise en situation brutale volontairement anxiogène.

Quand les paroles ne suffisent plus, les pourfendeurs d’un monde où les personnes en situation de précarité sont souvent déshumanisées, mettent les politiques devant leurs responsabilités et engagements. Ça donne #PasDeSanteSansToit dont le coup d’envoi est donné par un avis postal. Une mise en situation brutale volontairement anxiogène.

Dès le 20 mars, on renait avec le printemps. Pas pour tous, car le 31 mars signe la fin de la trêve hivernale et la reprise des expulsions. On s’interrogeait récemment sur la question de la communication autour des SDF, pour en parler sans tomber dans le misérabilisme et la pitié, et quelles solutions concrètes apporter. A l’appui, Havas et sa campagne s’acquittant des poncifs moroses et miséreux pour délivrer un message fort en dignité. Malheureusement, la lutte est sans fin pour ces communautés en fragilité. Alors à l’orée des beaux jours, Médecins du Monde et son agence DareWin prennent le relais en frappant à la porte des décisionnaires avec une lettre dans laquelle les mots ne sont pas d’amour.

La trêve hivernale, période durant laquelle les procédures d’expulsions locatives sont suspendues, a lieu chaque année du 1er novembre au 31 mars. Cinq mois durant lesquels les locataires ne peuvent se faire expulser de leur logement, peu importe lors situation et même si une expulsion a été prononcée par un juge (Article L613-3 du Code de la construction et de l’habitation). Une cessation provisoire de lutte contre la misère pour les familles en détresse financière mais qui ne fait que repousser l’échéance. En effet les procédures d’expulsions elles, sont sans trêve et attendent le 31 mars de pied ferme. Parce que recevoir une lettre, c’est avoir une adresse donc un toit, l’association de notoriété mondiale investit les boîtes aux lettres de ceux qui ont le pouvoir de changer les choses tels que le président de la République et son gouvernement. L’objet de ce courrier ? Un avis de (non-)expulsion leur rappelant leurs promesses : donner un toit à tous ceux qui n’en ont pas et leur garantir l’accès aux soins. Leur faire vivre l’inquiétude de celui qui reçoit ce type d’avis postal, c’est un excellent moyen très terre à terre de leur rappeler et leur rôle et leur engagement.

Paroles et paroles et encore des paroles que tu sèmes au vent

Si les paroles s’envolent et les actes sont souvent manqués, l’association n’a pas oublié les multiples prises de parole convaincues du président Emmanuel Macron à ce sujet, notamment lors de ses voeux pour 2018 promettant de trouver des solutions pour palier à ces situations de précarité intolérables, s’engageant à « apporter un toit à toutes celles et ceux qui sont sans abri ». Chaque jour en France, 143 000 personnes survivent sans domicile, arborant les rues, squats, parkings, bidonvilles, ponts ou centres d’hébergement bondés où on les relègue. Une précarité qui ne laisse pas de place à la vie ordinaire ni à la santé.

Les associations se battent pour appliquer des solutions durables, mais un soutien concret de l’Etat doit indéniablement s’opérer. Un coup média très ciblé et qui peut faire mouche mais surtout triste de vérité qui s’accompagne d’un film preuves à l’appui dans lequel les passages du discours du président ont été sélectionnés, mettant le gouvernement devant ses responsabilités. L’agence a aussi imaginé le hashtag #PasDeSanteSansToit pour viraliser l’opération sur la twittosphère et faire bouger les lignes. Une campagne coup de poing qui va créer des réactions, mais quid de demain ? Quelles seront les retours et les solutions ? Les actions officielles sont molles mais les démunis peuvent compter encore et toujours sur des actions immédiates menées par Médecins du Monde entre maraudes de jour comme de nuit et logement provisoire : un accompagnement médical et social qui, même s’il donne le La, ne suffit pas.

Allez plus loin avec Influencia

the good newsletter

LES FORMATIONS INFLUENCIA

les abonnements Influencia