6 mai 2019

Temps de lecture : 3 min

Et si les autistes étaient des salariés comme les autres ?

Voir les compétences derrière le handicap : l’enjeu est de taille, surtout lorsque l’on évoque l’autisme. Un mot devenu familier à nos oreilles, mais dont nous sommes encore peu nombreux à percevoir la réalité.

Voir les compétences derrière le handicap : l’enjeu est de taille, surtout lorsque l’on évoque l’autisme. Un mot devenu familier à nos oreilles, mais dont nous sommes encore peu nombreux à percevoir la réalité.

Bien sûr, il y a les autistes dits de haut niveau, médiatisés et que l’on compare souvent à des génies. Mais ils sont loin d’être représentatifs de ce handicap. La grande majorité des autistes en France présente des déficiences intellectuelles parfois importantes, ainsi que de gros problèmes d’interactions sociales et verbales. Trop de personnes considèrent arbitrairement qu’ils sont, de ce fait, inadaptés au monde du travail. Ils se trompent et c’est même exactement l’inverse. Pour peu que l’on prenne la peine d’apprendre leur langage, ils se révèlent très performants, bien plus performants même que les salariés neurotypiques sur certaines tâches très spécifiques.

Quand la différence se révèle un atout pour l’entreprise

Les connaissances sur l’autisme ont évolué de façon spectaculaire ces dernières années. Si on méconnaît encore les causes à l’origine de ce handicap, il bénéficie aujourd’hui de prises en charge innovantes, qui permettent à beaucoup de personnes atteintes de ce handicap de trouver leur place dans la société. Surtout, on sait aujourd’hui que celles qui développent les troubles les plus sévères ne doivent pas pour autant être laissées de côté. Ne pas pouvoir exprimer ses compétences ne signifie pas qu’elles n’existent pas.

Les autistes sévères ont une vraie valeur ajoutée

Des entreprises audacieuses en font déjà l’expérience chaque jour. Il s’agit généralement d’industriels qui ont des difficultés à recruter et à maintenir des employés sur des postes rébarbatifs nécessitant des gestes répétitifs, très simples. Ces tâches ont besoin d’être exécutées de façon rapide et précise, sans faire appel à un quelconque jugement. C’est là que les autistes sévères ont une vraie valeur ajoutée à apporter à l’entreprise. Contrairement à d’autres types de handicaps, une personne autiste à une peur phobique du vide et des questions sans réponse. Lui donner un défi à relever, occuper son esprit, lui apporter un cadre la rassure et l’empêche d’être envahie par ses angoisses. Un travail qui nécessite de suivre un rythme régulier et de respecter une procédure très stricte va donc l’aider à combler ce vide. Elle se sent utile, tout en occupant un poste qui l’intéresse.

Communiquer : ça s’apprend !

Cela demande, bien entendu, une acculturation du côté des autistes comme des dirigeants, managers et salariés de l’entreprise pour parvenir à travailler efficacement ensemble. On pourrait comparer la situation d’un autiste qui arrive dans une organisation à un Occidental qui débarque en Chine pour la première fois. Il ne parle pas la langue, n’a pas la même culture, la même façon de dire bonjour, de manger ou encore les mêmes règles de politesse. Pour entrer en contact avec la population locale, il va avoir besoin d’un traducteur, capable de le guider et d’initier cette interaction.De la même façon, un autiste ne perçoit pas le monde de la même façon qu’un neurotypique. Il n’a pas les mêmes références, la même façon de s’orienter dans l’espace, les mêmes moyens de communication.

Faire appel à un « traducteur

Une fois qu’on le sait, on peut faire appel à un « traducteur », qui va mettre  en place les bons outils (des images, des pictos, des codes couleur…) et méthodologies (cadre et temps structurés) pour lui permettre, comme à n’importe quel autre salarié, d’évoluer sereinement dans l’entreprise et d’y être performant. Dès lors que son cadre de travail est adapté, les troubles du comportement qui peuvent perturber l’entourage (cris, tocs…) s’amenuisent de façon spectaculaire. Des dizaines de postes sont facilement aménageables (classement, collage d’étiquettes, remplissage de cartons, reportings chiffrés, etc.). Les méthodologies pour les rendre accessibles aux autistes existent, ont fait la preuve de leur efficacité et sont très faciles à mettre en place.

Une intégration qui se fait au bénéfice de tous

Dans les entreprises qui ont franchi le pas, les autistes sont considérés comme des salariés modèles. Utilisant peu, voire pas du tout la communication verbale, ils sont rarement distraits de leur mission et, ne supportant pas l’entre-deux, l’effectuent à la perfection. Bien sûr, imposer un travail à une personne autiste sans lui donner les bons outils pour le réaliser et en lui mettant la pression conduit inévitablement à l’échec. Il est également essentiel de s’assurer que la tâche demandée convient à ses compétences, à ses centres d’intérêt et qu’elle est parfaitement comprise.

Capables d’adopter des automatismes

Au-delà d’être un atout pour l’entreprise, les autistes qui ont la chance d’intégrer le monde du travail font des progrès remarquables et gagnent en confiance. À force de mimer la vie ordinaire, ils adoptent des automatismes et parviennent à créer des relations avec les autres. Tous les jours, ces travailleurs un peu particuliers apprennent, révèlent des potentiels insoupçonnés et trouvent leur place dans l’entreprise.
Les dirigeants doivent comprendre tout l’intérêt qu’ils ont à retirer de l’emploi de ces personnes. Ils doivent oublier leurs a priori, prendre le temps de regarder les compétences derrière le handicap. Nous sommes tous différents, cela ne doit pas nous empêcher de vivre et de travailler ensemble, autrement, car cela se fait au bénéfice de tous !

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