22 juin 2020

Temps de lecture : 3 min

L’association L’enfant Bleu crée son avatar sur Fortnite à l’écoute des enfants maltraités

Pour recueillir les témoignages d’enfants victimes de violences, l’association L’Enfant bleu a créé un avatar sur Fortnite, le jeu en ligne le plus joué au monde. Une action hors des médias traditionnels dont le succès souligne le potentiel des jeux vidéo comme espaces de parole et de détection des violences.

Pour recueillir les témoignages d’enfants victimes de violences, l’association L’Enfant bleu a créé un avatar sur Fortnite, le jeu en ligne le plus joué au monde. Une action hors des médias traditionnels dont le succès souligne le potentiel des jeux vidéo comme espaces de parole et de détection des violences.

À travers ses 350 millions de joueurs dans le monde, le jeu vidéo en ligne Fortnite s’est imposé comme l’un des carrefours de l’innovation dans le numérique. On vous avait déjà parlé le mois dernier du concert virtuel de Travis Scott et de l’audience considérable qu’avait générée la plateforme. Cette fois-ci, on s’intéresse à l’association de protection de l’enfance L’Enfant bleu et à son expérience pilote sur Fortnite en collaboration avec Havas. Pour recueillir les témoignages d’enfants victimes de maltraitance, cette dernière a créé un personnage ailé et vêtu de bleu sur le célèbre jeu en ligne. Géré par 22 bénévoles 24h sur 24, cet émissaire virtuel avait pour mission d’échanger et de répondre aux détresses des jeunes dans un contexte de confinement particulièrement alarmant. La quarantaine a en effet généré une hausse de 89% des signalements de maltraitances infantiles en France selon le site Vie Publique.

1200 enfants touchés en un mois

En utilisant le jeu vidéo comme point de contact privilégié avec des enfants victimes de maltraitance, L’Enfant bleu est parvenu à entrer en contact avec 1200 enfants en l’espace d’un mois. Si dans la majorité des cas, les jeunes n’ont discuté que par curiosité avec l’avatar, « 350 d’entre eux se sont confiés sur des problèmes d’ordre personnel plus ou moins graves » précise Laura Morin, directrice de l’association. « Certains ont avoué être dans des situations de maltraitance manifeste » précise-t-elle. Pour faciliter la prise de contact, des influenceurs de jeux vidéo ont recommandé d’ajouter en ami le personnage de l’association via des stories dédiées.

Une suppression des intermédiaires qui permet un contact direct et discret

En ciblant stratégiquement une plateforme comme Fortnite, L’Enfant bleu a tenté de répondre à un défi de plus en plus complexe : libérer la parole des plus jeunes sur des espaces où ils se sentent à l’aise. « Les jeunes n’utilisent pas les mêmes médias que nous les adultes. Nous devons nous adapter et trouver de nouvelles manières d’entrer en contact avec eux » explique Laura Morin. Les chiffres à ce sujet sont sans appel : un enfant sur deux joue aux jeux vidéo tous les jours, une réalité qui s’est accrue pendant le confinement. En rentrant dans l’univers de l’enfant, l’association enjambe les démarches qui pourraient rebuter ces derniers. Une suppression des intermédiaires qui permet un contact direct et discret.

Le jeu vidéo, nouvelle piste de la protection de l’enfance

L’opération confirme la place toujours plus grandissante des jeux vidéo comme points d’entrée dans les problématiques qu’affrontent les jeunes. Au-delà de la maltraitance, l’association a été confrontée à de nombreux cas de harcèlement scolaire. La facilité avec laquelle les bénévoles ont pu recueillir des informations sur les enfants maltraités constitue une piste encourageante. Le jeu vidéo pourrait bien devenir un moyen de sauver des vies, à plus forte raison que 80% des violences ont lieu au sein de la cellule familiale. Autre intérêt du jeu vidéo : « offrir un espace de parole aux enfants sans que leur agresseur potentiel ne puisse se rendre compte de l’alerte qui est lancée ».

De nouvelles stratégies numériques de protection de l’enfance

Un groupe de travail a d’ailleurs été formé autour de L’Enfant bleu afin de développer de nouvelles stratégies numériques de protection de l’enfance. Ce dernier réunira des magistrats et policiers spécialisés, mais aussi des représentants des éditeurs de jeux vidéo, une collaboration inédite dans le secteur. « Ce qu’on espère, c’est offrir un outil supplémentaire dans l’arsenal à disposition des enfants pour appeler à l’aide. Et ce en adoptant leur point de vue » affirme Laura Morin. Une façon d’appréhender le jeu vidéo comme un espace de parole privilégié pour détecter les violences infantiles.

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