21 octobre 2012

Temps de lecture : 2 min

Après la « Happiness Factory », la « Happiness Machine »?

Quand deux relais complémentaires (digitaux et print) du Web 3.0 explorent les émotions sur la Toile, le bonheur (ré)insuffle son vent d’optimisme dans notre quotidien trop morose. Pour les marques, le projet « Happiness Machine » peut être attrayant. Si le bonheur ne se vend pas, il peut se propager.

“La jouissance du bonheur amoindrira toujours le bonheur”. En ces temps de sinistrose collective, crise économique et sociale oblige, la certitude de Balzac fait plus que jamais son âge. Malheureusement. Elle en serait presque anachronique. Pourtant le bonheur ne relève pas encore (heureusement) de l’utopie. Pour le remettre en lumière dans notre quotidien, l’artiste et designer digital anglais Brendan Dawes a concocté une machine du bonheur pour le moins originale. Autant le dire tout de suite, elle n’a rien à voir avec celle de Coca-Cola en 2010.

Conçue avec la même philosophie que le capteur d’émotions « We Feel Fine », la « Happiness Machine » n’est encore qu’un projet. En quoi consiste l’objet de notre curiosité méritée ? Connectée à Internet, cette imprimante plate et noire reconnaît et enregistre toutes les phrases du Web dans lesquelles figure le mot « bonheur ». L’utilisateur peut ensuite appuyer sur son bouton noir pour imprimer les pensées heureuses d’internautes anonymes à travers le globe. Pour jauger de l’humeur de sa ville avant de mettre le nez dehors, c’est utile !

Spécialement pour le Fieldguide pendant le London Design Festival, Dawes a rajouté un bouton « tristesse » à sa très originale machine, ponctuellement devenue manichéenne. Yin ou yang, noir ou blanc : à chacun son choix, selon son état d’esprit à l’instant T. Une chose est certaine, Brendan Dawes croit dans le pouvoir du papier. « Comme mécanisme de livraison de contenu il a encore des avantages sur les écrans qui ont envahi nos vies.

Ce que vous imprimez, vous pouvez le mettre dans votre sac ou votre portefeuille, griffonner dessus, le donner à quelqu’un d’autre sans se soucier de savoir si ça sera compatible avec son OS. Et puis, il n’y pas besoin de courant pour en profiter une fois que vous l’avez », explique le designer britannique sur son site Web.

Ses arguments sont recevables. Mais le plus intéressant, c’est que l’Happiness Machine (oui le nom est un peu kitsch) utilise entre autres comme sources de données, le 100% digital « We Feel Fine ». Crée en 2005 par deux Américains – Jonathan Harris et Sep Kamvar – (voir vidéo ci-dessous) passionnés de codes, ce site unique au monde explore les blogs et y recense l’utilisation des phrases « I feel… » et « I’m feeling… ».

Dans quel but ? Celui de capter les émotions partagées sur la Toile pour ensuite les retranscrire sous la forme d’animations graphiques. Chaque occurrence – comme « I feel bad and sad » ou « I feel so good and happy » – est scannée puis enregistrée avec les correspondances contenues dans la présentation des blogs. Sur son site, We Feel Fine annonce 15 à 20 000 émotions détectées au quotidien.

Arme digitale de recensement de l’intime et oeuvre d’art sociologique, We Feel Fine permet de sonder la société. Y compris par exemple après le lancement d’une campagne globale. Pour les marques, cet outil de statistique peut être très attractif et instructif. Quand les Internautes s’approprient le Web pour construire le 3.0, libre et activiste, le bonheur prend un autre sens. Pour les annonceurs, l’Happiness Machine peut tout autant être utile, dans la même veine que le distributeur de citations que nous évoquions au travers de la  » Quote Vendor  » la semaine passée.

Benjamin Adler

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