A la fois outil d’alerte, de témoignage, et collecteur de données, HandsAway est aussi solidaire en permettant d’intervenir et de réconforter via son réseau de Street Angels. Une mission expliquée par son opération de rue et sur les réseaux sociaux, #LePoidsDesMots. Du lourd.
Relayée par le hashtag #LePoidsDesMots sur les réseaux sociaux, l’opération revendicatrice de HandsAway ne fait pas dans la dentelle. Menée avec son agence, TBWAParis, elle a débuté symboliquement le 4 octobre dernier dans la rue à la sortie de l’audience du procès de Marie Laguerre* et de son agresseur, afin de la soutenir dans son combat entamé depuis 2 ans.
Au verso de ces poids distribués au public, une phrase : « Ne sous estimons jamais le poids des mots. Luttons ensemble contre le harcèlement de rue ». Faisant ainsi écho aux remarques et insultes reçues par les femmes et gravées au recto. Volontairement très lourds ces objets petits et massifs avaient pour but de faire réaliser à chacun.e -en les leur faisant prendre en main le temps d’une journée- la lourdeur écrasante de certains propos et surtout le poids (de culpabilité, de tristesse, de détresse, de mésestime…) qu’ils font supporter à celles et ceux auxquels ils sont adressés. Et à juste titre car qui pourrait tolérer de s’entendre déclarer : « On doit être bien à l’aise dans ta bouche », « Allez monte dans ma bagnole, je vais te faire rêver » ou encore « Je vais te la mettre, tu verras salope » ?
Construire un réseau tech de solidarité
En effet, les agressions verbales -remarques ou insultes sexistes- sont devenues banales, pourtant rien n’est normal et rien ne justifie qu’elles soient admises, rentrent dans le quotidien et s’accumulent. Car ces attaques sources de traumatisme sont souvent lourdes de conséquences pour les victimes.
Lancée en 2016, HandsAway est une application mobile pour lutter contre les agressions sexistes et sexuelles. Démontrant ainsi toute l’utilité et la diversité d’intervention des nouvelles technologies et de l’IA dans la vie de tous les jours. « Elle permet aux femmes de témoigner sur leur triste routine et de collecter les données (quasiment inexistantes encore aujourd’hui) afin de sensibiliser l’opinion publique », explique Lucile Dupuy, chef de projet et responsable du développement chez HandsAway. Elle donne aussi la parole aux femmes et permet de construire un réseau de solidarité appelé les « Street Angels ». Ainsi grâce à un système de géolocalisation, ces derniers peuvent « s’entralerter », en cas de dangers. Facilitant ainsi la description de l’agression sexiste dont on est victime ou témoin, mais aussi délivrant du réconfort. Et permettant de battre en brêche pied à pied et rapidement l’insidieux harcèlement de rue.
* Victime d’une agression de rue filmée et partagée massivement.
