18 avril 2013

Temps de lecture : 6 min

ApGratis : Mettons les choses au clair sur le modèle économique

Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Le modèle économique d'AppGratis est très simple : nous apportons une solution à un problème. Et, a priori, créer un business qui apporte une solution, ça n'a jamais été interdit... Par Simon Dawlat, fondateur d’AppGratis

Je profite aussi de cette tribune pour récuser, une bonne fois pour toutes, les fausses accusations qui ont été portées contre nous: AppGratis n’a jamais utilisé de robots pour faire télécharger ses applications. Cette accusation mensongère provenait d’une seule personne, qui s’est depuis rétractée en rédigeant une lettre d’excuses publiques, que vous pouvez lire ici. Je l’ai déjà précisé, et je le réaffirme, nous n’avons jamais fait quoi que ce soit de louche pour « gonfler » notre audience. Et nous pouvons le prouver.

Mais revenons à l’essentiel : notre modèle économique. Sa justesse et sa solidité.

Pour mieux comprendre notre histoire, il est important que vous sachiez que, lorsque j’ai démarré sur le mobile, le marché publicitaire des apps n’existait même pas. En 2008, au moment même où l’App Store a ouvert, j’ai commencé à développer des apps à San Francisco avec quelques amis. Ca n’a pas marché. Pas parce que les apps étaient mauvaises (peut-être bien qu’elles l’étaient… mais à l’époque la moindre petite app avec une icône sympa faisait un carton). Mais surtout parce qu’on ne pouvait pas les faire découvrir au public.

Je décide donc de lancer une newsletter où, chaque jour, je présente une app. C’est comme ça qu’est né AppGratuites qui est devenu AppGratis. En parallèle, je tenais un blog sur le Web, où je rédigeais des tests d’applications. J’étais donc en contact avec pas mal de développeurs. J’ai commencé à leur proposer de mettre en avant leurs applications sur mon blog ou dans ma newsletter, en leur demandant de faire passer leurs apps de payantes à gratuites, ou bien d’en baisser le prix. Je testais leurs apps, écrivais un petit texte décalé à leur sujet (j’ai toujours aimé surprendre) et publiais le tout.

Aujourd’hui, presque 5 ans après le lancement de ma newsletter, le principe est toujours le même : nous fouillons l’App Store, nous testons les apps et nous écrivons un petit texte de présentation décalé. Nous apportons ainsi non seulement notre expérience mais aussi notre expertise aux utilisateurs en quête de belles découvertes. La seule différence, c’est qu’aujourd’hui nous le faisons en 12 langues et dans plus de 30 pays.

Et voilà comment AppGratis a déjà aidé – et continue d’aider – des centaines de petits développeurs, dont les apps méritent le succès. Ces derniers jours, nombre d’entre eux nous ont apporté leur soutien. D’autres, non – peut-être par crainte qu’Apple n’arrête de mettre en avant leurs apps s’ils prenaient position. Je ne porte aucun jugement. Je remercie du fond du coeur les premiers. Je comprends ce qui motive (ou plutôt l’inverse) les seconds.

Durant 18 mois, la newsletter a pris de l’ampleur. Puis, à l’automne 2010, Apple a validé la toute première version d’AppGratis. C’est à ce moment-là que notre croissance s’est emballée. En 2011, nous sommes passés d’une petite entreprise de 2 personnes à une belle équipe de 30 employés, tout cela financé sur fonds propres.
En 2012, nous avons vu apparaître nos premiers clones sur l’App Store . Nous avons alors décidé d’accélérer notre internationalisation en commençant à discuter avec des investisseurs. Au premier trimestre 2013, nous avons bouclé notre levée de fonds de 10 millions d’Euros. Au même moment, nous gagnions 5% de parts de marché aux Etats-Unis. Et ce n’est qu’un début.

Alors, comment gagnons-nous de l’argent ?

Grâce à nos annonceurs, les éditeurs d’apps « freemium ». Au printemps 2010, suite à la mise en place des achats intégrés par Apple, nous avons commencé à être sérieusement sollicités par les éditeurs : « Salut. Notre app est cool mais elle est déjà gratuite. Vous pouvez la mettre en avant quand même ? « 

On s’est sacrément creusé la tête : comment offrir ces apps à notre communauté d’utilisateurs, tout en 1/ conservant une certaine valeur ajoutée pour eux, 2/ leur proposant des apps adaptées, 3/ gagnant notre vie ? Et nous avons trouvé la solution : lorsqu’ils téléchargent leur app gratuitement, nos utilisateurs débloquent tout aussi gratuitement un achat intégré, un bonus, un avantage négocié par AppGratis rien que pour eux. Sur notre appli, ces offres sont labellisées « sponsorisées ». Simultanément, nous avons renforcé notre politique de sélection d’applications pour ne mettre en avant que les meilleures et – bien évidemment – des apps déjà approuvées par Apple.

Nos utilisateurs étaient satisfaits (nous leur avons posé la question) : on a continué sur notre lancée. C’est à ce moment qu’a commencé la polémique sur les téléchargements « incentivés » : Apple a déclaré que les développeurs ne devaient pas payer pour avoir la garantie de placer leur app dans le Top 25. Nous avons donc changé notre positionnement, pour travailler à la performance, au CPI (Coût-Par-Installation, qui est devenu la norme sur le marché). En toute transparence, nous avons communiqué à nos clients un tableau résumant nos prévisions de performance – mais sans aucune garantie – pour leurs apps par pays. L’algorithme d’Apple repose essentiellement sur le nombre de téléchargements constatés sur un court laps de temps : il suffit d’une simple règle de trois pour prévoir le nombre de téléchargements à effectuer pour atteindre un Top, en empilant de l’achat d’espace chez les différents acteurs du marché. C’est une stratégie marketing très répandue, de la publicité, tout simplement.

On nous a accusé de trafiquer les Tops d’Apple. Mais, avec ou sans classement, nos utilisateurs génèrent quoiqu’il en soit des millions de téléchargements sur les apps que nous mettons en avant. Indépendamment de l’App Store. Notre business model n’a jamais reposé sur de la visibilité au sein des Tops. Et on savait parfaitement qu’Apple pouvait faire évoluer son algorithme.

Non. Notre modèle se base avant tout sur un besoin exprimé par les clients d’Apple : la découverte d’applications. Comme l’a très justement souligné Aziz Ali, entrepreneur lui aussi :  » Il faut vous rendre compte que 12 millions de personnes utilisent AppGratis de leur plein gré pour trouver et télécharger de nouvelles apps, et donner leur avis à leur sujet. S’ils détestent l’app mise en avant, ils lui mettront une mauvaise note sur le Store. AppGratis, d’une certaine manière, accélère la purification de l’AppStore, puisque de plus en plus de gens viennent y découvrir de nouvelles apps. Et les noter. » Je n’aurais pas dit mieux…

Certains font preuve d’une attitude très moralisatrice à l’égard du concept que nous avons inventé. Mais, au final, tout ce que fait AppGratis, c’est simplifier la découverte d’applications pour ses utilisateurs … tout en apportant à l’App Store près de 300 millions de visites par an. Et au passage, nous avons créé une entreprise qui gagne de l’argent. Incroyable, non ?

Hier, le blog américain Business Insider a publié un article à charge  basé sur un document soi-disant « fuité  » et accusant AppGratis de «manipuler» les classements. Toutefois, comme le fait très justement remarquer le célèbre entrepreneur américain Jason Calacanis : « Ça, ce n’est pas de la manipulation, mais juste de la prévision. (« It’s not gaming, it’s forecasting. ») ».

AppGratis a réalisé 9 millions de dollars de chiffre d’affaires l’an dernier, et compte bien remplir ses objectifs en atteignant les 25 millions de dollar de chiffre d’affaires en 2013.. Le tout en continuant à rendre un réel service aux utilisateurs et aux développeurs. Pour donner un peu de perspective à ces chiffres, il est important de rappeler que le marché des apps pèsera près de 25 milliards de dollars d’ici 2015 (milliards oui).

Apple va-t-il autoriser le retour de notre app iOS dans l’App Store ? Nul ne le sait. Mais nous savons ceci : nous avons 12 millions d’abonnés dans le monde, presque 1 million de clients Apple ont signé notre pétition en moins de 2 jours, nous avons de l’argent de côté à la banque (que nous avions levé en cas de coup dur – pas une si mauvaise idée finalement ?). Et nous avons la certitude de faire un excellent boulot pour les acteurs les plus importants de cet écosystème : nos utilisateurs, et les créateurs d’applications.

Alors voilà ce que nous allons faire, nous allons opérer un retour aux sources : garder une newsletter avec des millions d’abonnés, développer très vite une application HTML5 accessible depuis tous les téléphones (vous me direz bientôt ce que vous en pensez) et poursuivre d’autres projets tout aussi excitants. La transition vers le Web, que nous avions préparée, ne fait que s’accélérer. C’est un mal pour un bien sur un marché où la découverte d’applications est plus que jamais au centre de toutes les attentions.

Au fond de nous, nous conservons la certitude d’ajouter une valeur essentielle à cet écosystème. AppGratis n’est pas prêt de s’arrêter…

Simon Dawlat, fondateur d’AppGratis

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