9 mai 2019

Temps de lecture : 3 min

L’anxiété : le mal du mail…

Les salariés croulent sous les courriels. Certains les évitent pour… éviter d’être submergés et culpabilisent d’agir ainsi. Cycle infernal.

Les salariés croulent sous les courriels. Certains les évitent pour… éviter d’être submergés et culpabilisent d’agir ainsi. Cycle infernal.

Certains coupent le son de leur ordinateur. D’autres préfèrent ne pas ouvrir leur boîte par peur de découvrir une suite de messages non lus plus longue qu’un jour sans pain. Les courriels sont le meilleur ami et le pire ennemi des salariés. Une étude de la compagnie américaine Symphony Communication Services effectuée auprès de plus de 1500 personnes au Royaume-Uni et aux Etats-Unis montre que 70% des employés jugent que les e-mails sont la principale cause de leur stress dans leur entreprise. Les sondés estiment qu’ils passent un quart de leur temps de travail à vérifier leurs messages électroniques, soit plus que le nombre d’heures consacrées à occuper la fonction pour laquelle ils ont été recrutés. Et oui… Lire nos mails est aujourd’hui plus chronophage que notre métier en lui-même.

 Débranche tout…

Les cadres « perdent » ainsi en moyenne plus de cinq heures par jour à consulter leur messagerie. Un salarié reçoit quotidiennement quatre-vingt huit courriels et en envoie trente-quatre, d’après une étude du cabinet Radicati. 43% des employés français sont interrompus au moins toutes les dix minutes par un mail et 31% jugent que ces messages les distraitent dans leur travail, d’après le centre de formation pour l’accompagnement des cadrés fondé par le syndicat CFDT (Créfac). Ces courriels n’ont pas seulement envahi notre vie professionnelle mais aussi notre sphère privée. 74% des cadres reconnaissent ainsi lire leurs mails « de boulot » en dehors des heures de travail. Moins d’un quart des cols blancs (23%) parviennent à se déconnecter durant leurs vacances, selon un sondage de l’association Apec. Et plus de la moitié des salariés jugent que leur emploi a un impact sur leur vie privée alors qu’ils n’étaient qu’un tiers à faire le même constat il y a dix ans. La résistance contre cet état de fait commence toutefois à s’organiser.

Les Français montrent l’exemple

Seulement 36% des employés français lisent leurs mails professionnels le week-end. Cette proportion est bien plus élevée aux Etats-Unis (50%) et au Japon (41%). Et à peine 14% de nos compatriotes se sentent coupables de partir en vacances. Ce pourcentage est… deux fois plus élevé au Japon et il atteint 25% chez l’Oncle Sam, un pays où les travailleurs prennent en moyenne neuf jours de congés payés pas an. Cette résistance, plus ou moins passive, explique pourquoi de nombreux courriels professionnene ne reçoivent aucune réponse. D’autres raisons poussent vos destinataires au mutisme quand vous leur envoyez un message électronique.

Stratégie d’évitement

Les psychologues comme Alice Boyes s’accordent tous à dire que cette stratégie de « l’évitement » est un symptôme très répandu de l’anxiété. Pour résumer, plus un employé est stressé et déprimé, moins il répondra aux courriels qui lui sont adressés car ils les considèrent comme une des principales sources de son mal-être. En préférant balayer la poussière sous le tapis plutôt que de faire un grand nettoyage de printemps, ces personnes cherchent à se voiler la face pour ne pas voir le mur vers lequel elles se dirigent à grande vitesse.

 Vivement les filtres efficaces

Le flux continu de mails que nous recevons nuit et jour nous donne aussi l’impression d’être noyés sous une vague d’informations et il est de plus en plus difficile pour les internautes de séparer le bon grain de l’ivraie. Vous recevez dans votre boîte des messages privés et professionnels mais aussi vos reçus de votre dernière course en Uber ou votre bon de commande sur Amazon. Des publicités parviennent également à franchir régulièrement vos barrières contre les spams. « L’email n’est toujours pas parvenu à trouver le moyen de filtrer les informations pour les utilisateurs », regrettait JC Christensen, le « chief experience officer » de Symphony Communication Services dans un entretien accordé à Fast Company .

Èviter le trop plein

Si certains de vos courriels ne reçoivent pas de réponse, c’est aussi la faute du législateur. En mai 2017, le droit à la déconnexion a fait son entrée dans le code du Travail. Cette loi oblige les entreprises à « mettre en place des instruments de régulation de l’outil numérique » afin « d’assurer le respect des temps de repos et de congés ainsi que l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et familiale ». Alors pour tenter d’être lu et d’attirer l’attention de votre destinataire, évitez de lui envoyer un message électronique au milieu de la nuit. Assurez-vous également de choisir un titre clair, court et informatif. Le mail est d’autant plus efficace qu’il est bref et simple. La qualité doit remplacer la quantité.

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