29 août 2022

Temps de lecture : 3 min

Alexandre Prot (Qonto) : « Nous ne voulons pas être un animal imaginaire mais une bête qui garde les pieds sur terre comme un éléphant ou un rhinocéros »

Alexandre Prot est le cofondateur de la start-up financière Qonto. Cette fintech, qui propose aux TPE et aux indépendants des services bancaires faciles d’accès et à des tarifs transparents et compétitifs, a vu sa valorisation atteindre le chiffre impressionnant de 4,4 milliards d’euros après avoir levé 486 millions d’euros en janvier dernier. Alexandre Prot, qui n’est autre que le fils de l’ancien patron de BNP Paribas Baudouin Prot, nous explique les raisons de son succès.

INFLUENCIA : Comment est né Qonto ?

Alexandre Prot : Avec mon partenaire, Steve Anavi, nous avons fondé en 2013 la start-up Smokio qui était un outil d’aide au sevrage tabagique. Pour se faire, nous avons dû déposer les statuts de notre société, ouvre un compte bancaire, payer des salaires et gérer nos fournisseurs. Toute cette vie assez classique pour un dirigeant de TPE nous a semblé très compliqué et fastidieux. Lorsque nous avons revendu Smokio en 2015, nous avions toujours envie de travailler avec Steve et notre frustration née deux ans plus tôt nous a motivé à fonder Qonto en 2016.

IN : Quelle est la « raison d’être » de votre société ?

A.P. : Notre objectif est de simplifier le quotidien des TPE et des indépendants. Nous avons créé une solution en termes de faciliter d’utilisation, de transparence tarifaire et de service client

que nous aurions rêvé d’avoir lorsque nous nous avons fondé Smokio. La révolution fintech qui est en cours nous a, il est vrai, bien aidé.

IN : Que voulez-vous dire ?

A.P. : Nous avons, certes, une énergie à déplacer des montagnes et si notre travail était aussi simple que cela, d’autres l’auraient fait avant nous mais il est indéniable que la révolution du Fintech nous a permis de nous lancer. La nouvelle réglementation européenne nous a aussi aidé. Pour résumer, nous sommes arrivés au bon moment. Cela explique pourquoi nous avons grandi aussi vite.

IN : Combien de clients comptez-vous aujourd’hui ?

A.P. : Nous avons actuellement 250.000 clients en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne. Ce sont surtout des indépendants, des TPE et des PME. Nous nous sommes lancés dans l’hexagone en 2017 avant de nous développer dans ces trois autres marchés deux ans plus tard. Ces quatre pays abritent 15 millions de TPE-PME. Nous n’en sommes donc qu’au tout début de notre histoire… Nous avons décidé de nous concentrer sur ces quatre nations pour les prochaines années et nous comptons depuis un an des bureaux à Berlin, Milan et Barcelone. Nous voulons en effet restés au plus près de nos clients.

IN : Offrez-vous les mêmes services d’un pays à l’autre ?

A.P. : Globalement oui. Environ 20% de notre offre change d’un pays à l’autre. La France est, par exemple, le seul marché dans lequel nous acceptons les paiements par chèque et en Allemagne, les montants pour déposer ou retirer des sommes en cash sont bien plus importants qu’ailleurs. Les normes en matière de comptabilité ne sont également pas partout les mêmes. C’est pour cela que nous tenons à proposer un service-client disponible 24 heures sur 24 dans la langue de la personne qui nous contacte. Nos 600 salariés sont aujourd’hui principalement basés en France mais nos bureaux locaux vont continuer de s’étoffer.

IN : Cela fait quoi d‘être une licorne ?

A.P. : Cela ne fait pas de mal. Cela fait même plutôt plaisir mais pendant une journée à peine car ce statut est seulement une étape qui montre que notre travail au quotidien fonctionne et que nos clients sont contents de nous. Devenir licorne n’est pas une fin en soi. Nous ne voulons pas être un animal imaginaire mais une bête qui garde bien les pieds sur terre comme un éléphant ou un rhinocéros.

IN : A quoi vont vous servir les 486 millions d’euros que vous avez levé au début de l’année ?

A.P. : A devenir le leader européen incontesté de notre secteur. Nous allons continuer de lancer de nouvelles fonctionnalités comme nous l’avons fait récemment avec la facturation. Nos trois points forts, la qualité du produit, le support-client et la transparence tarifaire, resteront les mêmes comme c’est le cas depuis 2017.

IN : Où vous voyez-vous dans trois ans ? 

A.P. : Dans trois ans, nous devrions avoir 1 million de clients en Europe. Nous allons devoir, pour cela, recruter environ 1500 personnes pour passer le cap des 2000 collaborateurs. Beaucoup seront embauchés à Berlin, Milan et Barcelone mais le télétravail, que nous encourageons, va nous permettre d’embaucher dans des pays européens et africains qui se trouvent à moins d’une heure de décalage horaire de la France. Nous comptons déjà 45 nationalités dans notre équipe. Je participe toutes les deux semaines à une réunion avec les nouveaux arrivants et je suis frappé de voir la diversité des profils et des origines des gens qui nous rejoignent. La parité est presque respectée chez nous. C’est une grande satisfaction pour moi de voir cela. Cela me motive et me donne beaucoup d’énergie.

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