Green Friday 2025 : l’anti « black-friday » nous rappelle le véritable coût des prix barrés
Surconsommation, fast fashion, pollution : le Green Friday 2025 invite à réfléchir avant d’acheter et à redonner du sens à nos achats.
C’est un symbole de plus qui confirme l’ancrage profond de la surconsommation dans nos modes de vie dans un contexte où l’ultra fast fashion continue de progresser à un rythme inquiétant. L’installation de Shein au BHV Marais a soulevé une vive polémique en France mais un constat s’impose : c’est un succès. En cinq jours, pas moins de 50.000 clients ont visité l’espace ouvert par la marque chinoise.
Le prochain Black Friday, qui tombera cette année le 28 novembre, va encore pousser les consommateurs à acheter toujours plus.
C’est pour lutter contre ce phénomène que le mouvement citoyen lancé en 2017, Green Friday, vient de lancer une nouvelle campagne intitulée « La Vérité des prix barrés ».
L’industrie textile produit 9% des microplastiques polluants
Les chiffres sont édifiants. La production mondiale de vêtements a doublé entre 2000 et 2020, tandis que la durée d’usage des pièces a été divisée par deux. Selon le Programme pour l’environnement de l’ONU, le secteur du textile émet 2% à 8% des gaz à effet de serre dans le monde. Il utilise l’équivalent de 86 millions de piscines olympiques de ressources naturelles en eau et il est à l’origine de 9% des microplastiques qui polluent nos océans.
Chaque année, près de 100 milliards de vêtements sont produits dans le monde et les trois quarts finiront incinérés ou enfouis, d’après un rapport détaillé de la Fondation Ellen MacArthur. Dans le monde, à peine 1% des vêtements usagés sont recyclés pour être portés à nouveau, d’après le Parlement européen.
Chaque Français possède 175 vêtements dont la moitié n’est jamais portée
Selon l’ADEME, les Français possèdent en moyenne 175 pièces de vêtements mais la moitié ne sont jamais portés. Dans notre pays, un tiers des textiles usagés sont déposés en point de collecte mais à peine plus de la moitié (58,6%) sont réutilisés et entre 90 et 95% de ces produits sont envoyés à l’étranger pour y être revendu, un phénomène connu sous le nom de Grand Export.
Le Black Friday pousse encore les particuliers à surconsommer. En 2024, 44% des Français prévoyaient de profiter des offres exceptionnelles de cette période, avec une participation particulièrement forte chez les moins de 35 ans (60%), selon une étude de ShopFully, le spécialiste du marketing Drive to Store, réalisée avec OpinionWay.
En 2023 les Allemands et les Britanniques ont été les premiers clients de ces soldes monstres. Près de la moitié des shoppers de ces deux pays (48%) ont passé commande durant cette opération commerciale. Nos voisins de l’autre côté du Rhin ont dépensé 251 euros sur la période, soit bien plus que les sujets de sa majesté (178 euros). Les Belges sont les consommateurs européens qui font le moins d’achats : 2.1 en moyenne contre 3.6 pour le Royaume-Uni.
Le black friday, le jour des bonnes affaires, sauf pour l’environnement, l’emploi local, les conditions sociales…
En France, le Black Friday est devenu un rendez-vous incontournable depuis le milieu des années 2010. Les jeunes sont particulièrement amateurs de ces tarifs cassés. Mais comme le rappelle la campagne 2025 de Green Friday, lorsque vous profitez d’uneréduction à -70 %, c’est souvent quelqu’un d’autre qui paie…
« Car derrière chaque prix barré, il y a des réalités que l’on préfère ignorer », rappelle le collectif :
Ce qui est barré, ce sont les ressources utilisées.
Ce qui est barré, c’est l’emploi local.
Ce qui est barré, c’est la dignité du travailleur.
Ce qui est barré, c’est la liberté de choisir.
Ce qui est barré, c’est la logique. Tout simplement.
« Osons dire non à cette course folle aux « bonnes affaires » qui nous fait oublier l’essentiel, plaide Jean-Paul Raillard, le président du Green Friday et de la Fédération Envie. Le Green Friday, c’est l’affirmation qu’un autre chemin est possible : consommation responsable, réemploi, réparation, partage. Cette année encore, il coïncide avec la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets organisée par l’ADEME. Dire non au Black Friday, c’est dire oui à une économie qui préserve la planète et le vivant. »
Pour cette édition, la campagne est portée par Envie, Altermundi et RNRR, trois acteurs emblématiques de l’économie sociale et solidaire. Le 28 novembre, des ateliers, des rencontres et des animations seront organisés dans les boutiques et les structures partenaires afin de promouvoir les pratiques de réparation, de réemploi et d’achat responsable.
Les entreprises qui souhaitent rejoindre ce mouvement peuvent recevoir un kit de communication et, sur la base du volontariat, reverser 10% de leur chiffre d’affaires du jour à l’association Green Friday pour financer ses actions de sensibilisation et de plaidoyer.
Des alternatives à la surconsommation existent et de plus en plus de particuliers commencent à le comprendre. Le marché de la seconde main progresse 11 fois plus vite que le retail neuf. Il devrait peser près de 350 milliards de dollars en 2028, selon un rapport de ThredUp Resale. Le reconditionné, dont les ventes double chaque année en France, permet, lui, de réduire de 70 à 90 % l’empreinte carbone d’un équipement électronique.
Réflechissez donc à deux fois avant de tomber sous le charme d’un prix barré le 28 novembre…