La santé mentale connaît une dégradation notable à l’échelle mondiale. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près d’1 personne sur 8 souffrait d’un trouble mental en 2021, avec une hausse marquée des troubles anxieux et dépressifs depuis la pandémie.
Plus d’un milliard de personnes dans le monde vivent avec un trouble de santé mentale, faisant de l’anxiété et de la dépression la deuxième cause de handicap à long terme. 727.000 personnes ont mis fin à leur jour en 2021. Le suicide est la troisième principale cause de mortalité chez les 15-29 ans. Ces chiffres pour le moins inquiétants sont notamment liés à des transformations profondes des sociétés dans lesquelles nous (sur)vivons.
42% des 18-24 ans en arrêt maladie en 2025 pour raisons psychos !
Parmi les facteurs ayant un impact sur notre santé mentale, les personnes interrogées dans le tout dernier Baromètre de la santé psychologique des salariés effectué par OpinionWay pour Empreinte Humaine citent l’instabilité financière et la précarité de l’emploi (53%), les incertitudes sur l’avenir dans un monde en mutation rapide (53%), l’exposition constante à des actualités négatives (45%) ou encore l’usage excessif des réseaux sociaux et des outils numériques (36%).
Le stress au travail engendre des problèmes de sommeil (38%), des symptômes physiques comme un mal de tête ou des problèmes musculaires (32%) ou encore des sautes d’humeur (31%) et une baisse de motivation (30%).
Cette étude montre également que 27% des personnes interrogées rapportent avoir été en arrêt maladie dans l’année pour des raisons de santé psychologique (+4 points par rapport à 2023), une proportion qui atteint 42% chez les 18-24 ans.
Pression sur la performance, rythme de vie accru, insécurité professionnelle, manque de sens…
Au quotidien, la pression liée à la performance et au rythme de vie s’est intensifiée. Dans le monde du travail, l’intensification des tâches, le manque d’autonomie et l’insécurité professionnelle favorisent l’épuisement psychique. L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail indique que la moitié des travailleurs européens estiment que le stress est « courant » sur leur lieu de travail.
En France, la DARES, qui dépend du Ministère du Travail, note une hausse constante des situations de burn-out depuis 2016.
Le bore-out, qui peut être provoqué par une sous-charge de travail, un sentiment de ne pas être utile ou une absence de perspectives d’évolution, est également en plein essor.
Le brown-out, lui, est lié à une incompréhension de la finalité du travail réalisé, à l’impression d’effectuer des tâches déconnectées des réalités de terrain ou à un sentiment de dévalorisation de son travail.
47% des salariés français font actuellement état d’une perte de sens dans leur travail, d’après une étude menée par Harris Interactive.
12% des Français en situation de solitude, surtout chez les plus pauvres
De plus en plus de personnes se sentent, par ailleurs, seules. En 2025, 12% des Français de plus de 15 ans se trouvent en situation d’isolement relationnel, ce qui signifie qu’elles ont peu ou pas de contacts physiques avec d’autres personnes, selon une toute récente enquête de la Fondation de France. Ce chiffre a progressé de 1 point par rapport à 2023.
Cette solitude touche particulièrement les plus pauvres (17% contre seulement 7% chez les individus disposant de hauts revenus). Une étude de l’Université Harvard a aussi montré que la qualité des relations sociales est l’un des plus puissants facteurs de santé mentale. Or, nos modes de vie urbains, fragmentés et individualisés réduisent ces liens.
Corrélation forte entre temps passé sur les réseaux et dépression
Le rôle des réseaux sociaux est tout aussi central car ils contribuent à une intensification des comparaisons sociales. Une enquête publiée dans Nature Communications (2022) observait une corrélation forte entre le temps passé sur les réseaux et les symptômes dépressifs chez les adolescents. Meta reconnaissait, lui-même, dans un rapport interne révélé par le Wall Street Journal qu’Instagram augmentait l’anxiété chez les adolescentes concernant leur image corporelle.
32% des jeunes ados affirmaient ainsi se sentir mal dans leur corps et reconnaissaient que surfer sur Insta renforçait leur malaise. Les géants de la tech ne font rien pour inverser cette tendance. Bien au contraire. David Nuñez, directeur de la technologie et de la stratégie numérique au MIT Museum, est très critique :
« Les algorithmes des réseaux sociaux mettent l’accent sur la négativité, ce qui amène notre corps à produire des hormones de stress comme l’adrénaline et le cortisol »
Les recherches Google liées aux angoisses matinales ont augmenté de 247 % en 2022
Un autre phénomène inquiétant qui a émergé sur Twitter en 2018, s’appelle le doomscrolling, de « doom » qui signifie la chute, la fin ou l’effondrement et du verbe « scroll » qui décrit l’action de faire défiler son écran numérique de haut en bas.
Sa particularité repose sur la recherche et l’exposition intensive de sujets tristes et sombres, amplifiés par le scroll infini. Récemment, une étude menée par le site britannique Bupa, spécialisé dans la santé, révèlait que les recherches Google liées aux angoisses matinales ont augmenté de 247 % en 2022.
Et pour cause : 70% des adolescents américains consultent leur téléphone 30 minutes avant de dormir, 40% le font même cinq minutes avant et 5% disent se réveiller la nuit pour consulter leur smartphone.
En France, 45% des particuliers scrollent sur leur portable avant même de sortir de sous la couette. Un bon moyen de commencer la journée le moral dans les chaussettes lorsqu’on consulte uniquement des contenus déprimants…
Amnesty International a confirmé ce constat, dans son enquête intitulée « Entrainé.e.s dans le Rabbit Hole », en prouvant que le fil « Pour toi » de TikTok poussait les enfants et les jeunes qui manifestent un intérêt pour la santé mentale dans un cercle vicieux de contenus dépressifs ou valorisant l’automutilation et le suicide.
Les incertitudes économiques et climatiques renforcent encore ce sentiment de vulnérabilité. La Banque mondiale (2022) souligne notamment que l’insécurité financière chronique est un facteur direct de détresse psychologique. Sur le plan écologique, l’American Psychological Association (APA, 2020) a introduit le terme « éco-anxiété » pour désigner l’angoisse liée au futur de la planète. Une enquête menée auprès de 10.000 jeunes dans 10 pays montre que 75% considèrent l’avenir comme « effrayant ».
Cette corrélation de facteurs expliquent donc fort logiquement pourquoi tant d’entre nous ont tendance à tomber dans une certaine déprime
Et vous, avez-vous le sentiment que votre niveau d’angoisse ces dernières années ou parvenez-vous à vous préserver ? Si oui, comment faites-vous ? Racontez-nous, on en fera un article. 🙂
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