GP Explorer 3 : dans les coulisses marketing de l’évènement « influence » de l’année (avec Antoine Titz, directeur commercial du GP Explorer)
Antoine Titz, directeur commercial du GP Explorer, lève le voile sur la 3e édition du GP Explorer qui débute ce vendredi 3 octobre. L'événement allie sport automobile, influenceurs et divertissement. L’occasion de revenir sur la production, la narration et les partenariats qui font le succès de ce format "fait en France".
(ERRATUM : Une précédente version de cet article présentait à tort Antoine Titz comme directeur des partenariats de Webedia)
INfluencia : comment cette troisième édition se structure-t-elle par rapport aux deux premières ? Qu’avez-vous retenu ?
Antoine Titz : pour ce troisième volet, l’idée était d’oser encore plus, notamment pour clôturer la trilogie en beauté et maximiser l’expérience spectateur. On passe d’une journée à un week-end complet, avec deux concerts et deux jours de roulage, au lieu d’un.
Le GP Explorer, c’est une effervescence émotionnelle incroyable, un format populaire et fédérateur. Il fallait donc marquer le coup…
INfluencia : vous insistez sur l’expérience du public, mais comment en faire profiter ceux qui suivent depuis chez eux ?
Antoine Titz : on multiplie les canaux de diffusion avec notamment deux lives Twitch par jour sur la chaîne de Lucas (Squeezie).
Cette année, on a également le plaisir de compter sur des relais internationaux puisque des créateurs étrangers très importants ont rejoint l’aventure, à savoir Ibai d’Espagne ou Ludwig des États-Unis. Cette troisième édition marque en quelques sortes l’internationalisation du GP Explorer.
IN : comment négociez-vous les partenariats avec les marques ?
A.T. :il n’y a pas de règle unique : on mixe sponsoring sportif et influence digitale. C’est un modèle hybride. Surtout, tout repose sur l’affinité : chaque créateur choisit ses marques, rien n’est imposé.
Par exemple, Anyme (un jeune créateur qui a rejoint le casting cette année et qui a vu sa notoriété exploser ces derniers mois, NDLR) a, de lui-même, annoncé qu’il adorerait avoir Durex comme sponsors de son écurie, sa communauté l’a soutenu et résultat… Durex n’avait plus qu’à plonger.
À l’inverse, Netflix sponsorise l’écurie de Squeezie et d’AmineMaTue… un matching qui fait sens car c’est justement leur série Drive to Survive sur la F1 qui a inspiré Lucas pour créer le GP Explorer.
IN : les marques historiques – alimentaires, automobiles, tech – activent-elles leur présence différemment des nouveaux entrants comme le jeu vidéo, le sexual wellness ou les plateformes de streaming ? Et qu’est-ce que cette diversité dit de l’évolution du marketing d’influence ?
Antoine Titz : honnêtement, je ne vois pas de différence fondamentale. Plus on élargit notre visibilité et nos canaux de diffusion, plus on attire une variété d’industries. Le GP Explorer s’est d’abord imposé comme un événement très marqué « culture Internet » et gaming. Aujourd’hui, il est devenu plus mainstream, et cela attire naturellement de nouvelles marques.
La clé reste le rôle des créateurs. Prenez la créatrice Léa Elui : son arrivée, au-delà de ce qu’elle représente en matière d’inclusion, a ouvert la porte à des partenaires comme Sol de Janeiro ou Erborian. C’est révélateur d’une évolution plus large : il y a quelques années, Twitch et YouTube étaient presque exclusivement masculins. L’émergence de profils féminins puissants accélère ainsi l’ouverture à de nouveaux territoires de marques.
IN : le GP Explorer se distingue par sa capacité à réunir à la fois un public digital massif et, en l’occurrence, 200 000 spectateurs attendus sur place. Comment valorisez-vous cette double audience dans les discussions avec les partenaires ?
A.T. :c’est la force du GP Explorer d’un point de vue business : son rayonnement multicanal. Quand on se met dans la peau d’un annonceur, il a forcément un plan marketing annuel à remplir. Or le GP Explorer coche plusieurs cases à la fois, ce qui est rare dans les opérations spéciales de marketing d’influence.
Historiquement, nous venons des OPS digitales. Mais ici, nous avons aussi une diffusion en télé avec France Télévisions, en plus de Twitch, et un relais sur YouTube, qui est en quelque sorte la VOD de Twitch. Ce cycle de vie élargi et prolongé du contenu s’explique très naturellement aux partenaires.
IN : concrètement, comment les partenaires mesurent-ils leur retour sur investissement ?
A.T. : il n’y a pas qu’un seul critère : c’est un vrai cocktail. Les sponsors regardent leurs KPIs digitaux habituels, mais l’atout majeur du GP, c’est la surprise et la compétition interne. Personne ne connaît le résultat avant la course, et chaque marque vit l’événement comme une mini-compétition pour voir son équipe gagner.
Ce suspense collectif, autant chez les pilotes que chez les marques, ou l’effet « Coupe du monde » dont parlait récemment Lucas, crée un engagement énorme !
IN : sur le plan financier, quelles sont les principales sources de revenus du GP Explorer et ses plus grosses lignes de dépenses ?
A.T. : sans chiffres précis, la billetterie et les partenariats constituent les sources de revenus principales. Il y a aussi du merchandising, des contenus dérivés et les droits TV de France Télévision.
Du coté des dépenses, il est clair que la location du circuit et la sécurité coûtent cher… mais c’est normal : la sécurité est prioritaire pour nos pilotes amateurs. On met le paquet pour les protéger.
Il y a aussi le coût de la formation : on ne se limite pas à trois jours sur piste puisque l’on a organisé des stages d’entraînement tout au long de l’année. L’idée était autant de les mettre en confiance dans la voiture que de créer des espaces d’immersions où tous les créateurs roulent ensemble pour renforcer la cohésion avant la course.
IN : des sessions d’entrainement que les différentes créateurs n’ont pas hésité à vloguer sur leurs propres réseaux. Tous ces contenus doivent forcément profiter à la promotion de l’évènement…
A.T. : oui, énormément. Mais il faut savoir qu’on ne leur impose rien, aucun format, aucune temporalité, rien. Chacun partage ces moments comme il, ou elle, le veut.
Résultat : ces vlogs spontanés créent un relais organique incroyable : pendant des mois, leurs communautés ont été au contact de la marque « GP Explorer » à travers des dizaines de vidéos.
IN : plus globalement, que dit le succès du GP Explorer sur les attentes des jeunes générations ?
A.T. : elles réclament du live et de la spontanéité. Le GP Explorer répond à ça : c’est un format hybride où l’expérience live prime. Les créateurs s’y donnent à fond pour leur communauté. Ensemble, ils inventent une nouvelle grammaire du divertissement, mêlant sport et émotion.
IN : dernière question : Squeezie a donc annoncé que cette troisième édition marquerait la fin du GP Explorer. Quel avenir imaginez-vous pour ce modèle : une franchise exportable, une matrice pour d’autres disciplines (sportives ou non), ou un format qui restera unique ?
A.T. :le GP Explorer tel quel s’arrête ce week-end, c’était pensé comme une trilogie. Mais on prépare déjà la suite, Squeezie en a d’ailleurs déjà parlé sur ses réseaux : il veut lancer une ligue/académie où les créateurs parraineraient des pilotes. L’idée est de continuer à faire vivre cette passion pour le sport automobile tout en accompagnant des nouveaux talents dans leur éclosion.
IN : et donc, en quelque sorte, de rendre au sport automobile ce qu’il vous a donné… Merci Antoine, et bonne course !