8 juillet 2025

Temps de lecture : 2 min

Greenpeace pirate l’affichage urbain pour défendre les droits civiques au Royaume-Uni

L'ONG environnementale a mené une opération d'affichage sauvage dans plusieurs grandes villes britanniques, en détournant des visuels publicitaires de marques connues. Une action qui vise à alerter sur les restrictions législatives récentes encadrant le droit de manifester au Royaume-Uni.

Au Royaume-Uni, le droit de manifester est de plus en plus encadré par des lois jugées liberticides par les ONG. Pour alerter sur cette restriction croissante des libertés publiques, Greenpeace UK a opté pour un coup d’éclat visuel : détourner des panneaux publicitaires dans plusieurs villes du pays, dont Londres, Liverpool ou Birmingham. Des affiches de Burger King, L’Oréal ou Coca-Cola ont été subtilement remplacées par des visuels interpellant directement sur la répression des mouvements contestataires.

Sous les slogans détournés, un message clair : « Protest is a right, not a crime » (« Protester est un droit, pas un crime. »). Les visuels appellent à la mobilisation contre le Public Order Act, une loi controversée adoptée en 2023, qui donne davantage de pouvoirs à la police pour restreindre ou interdire des manifestations jugées “perturbatrices”.

Un dispositif ancré dans l’univers des marques

Plutôt que de proposer une campagne traditionnelle d’affichage militant, Greenpeace joue ici sur la surprise et la reconnaissance visuelle. Les détournements reprennent les codes des publicités connues du grand public, jouant avec les typographies, les couleurs et les claims emblématiques. Une stratégie de parasitage symbolique qui rappelle les actions menées par Brandalism ou Extinction Rebellion, tout en renouant avec les racines activistes de Greenpeace.

« Nous voulons montrer que l’espace public ne doit pas être réservé aux discours commerciaux », explique Areeba Hamid, directrice exécutive de Greenpeace UK. « Si les grandes marques peuvent y vendre des burgers ou des shampoings, pourquoi ne pourrions-nous pas y défendre nos droits fondamentaux ? ».

Une campagne virale et largement médiatisée

Le Public Order Act et ses effets concrets sont au cœur de l’opération. Votée par le gouvernement de Rishi Sunak, la loi permet aux forces de l’ordre d’interdire des rassemblements préventivement, de sanctionner des individus simplement pour avoir “l’intention” de gêner l’espace public, ou encore d’imposer des dispositifs électroniques de surveillance. Un cadre légal qui inquiète de nombreuses organisations, y compris au niveau international.

Dans un communiqué, Greenpeace dénonce « une criminalisation croissante de la désobéissance civile non violente », qualifiant cette loi d’outil pour « étouffer la contestation sociale, en particulier sur les enjeux environnementaux ». En quelques jours, les images des panneaux détournés ont largement circulé sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes ont salué la créativité de l’action, tout en relayant les inquiétudes soulevées par les restrictions au droit de manifester. Certaines photos montrent des affiches arrachées par les forces de l’ordre, renforçant l’impact symbolique de l’opération.

Greenpeace revendique une dizaine de panneaux modifiés à travers le pays. L’ONG précise que l’action a été menée de manière non destructive, dans le cadre d’un engagement pour une « désobéissance civile pacifique et proportionnée ».

L’espace public, nouveau champ de bataille démocratique

Au-delà de la question environnementale, cette campagne interpelle sur l’appropriation de l’espace public et le déséquilibre croissant entre communication commerciale et expression citoyenne. En utilisant les codes de la publicité pour défendre les libertés fondamentales, Greenpeace relance un débat de fond sur la place accordée aux mouvements sociaux dans nos sociétés hypermédiatisées.

Alors que les actions militantes sont de plus en plus criminalisées, cette opération graphique remet en lumière un principe démocratique essentiel : celui de pouvoir dire non, publiquement et librement. Pour Greenpeace, c’est là une condition indispensable à tout combat écologique, mais aussi au fonctionnement d’une société réellement ouverte.

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