4 juillet 2025

Temps de lecture : 4 min

Services audiovisuels : les dangers du référencement

Parmi les couples de mots clés qui servent à illustrer l’impact du numérique sur la transformation du paysage audiovisuel, broadcast et streaming, ou linéaire et on demand font figure d’incontournables. Avec le livre blanc qu’elle a présenté le 27 juin, LaFA suggère de nouvelles associations, qui donnent une plus forte mesure des bouleversements en cours, et de leur impact.

Le binôme risque vs partage aurait mérité de s’inscrire plus tôt et plus fort dans les points de vigilance des professionnels. À l’engagement en amont des producteurs et des éditeurs sur le financement des programmes, il substitue le modèle – et le statut juridique – de l’hébergeur. Sans obligation d’investissement a priori, sans responsabilité éditoriale et, finalement, sans risque : alors que les chaînes doivent souvent apporter les fonds avant même que le premier tour de caméra ait été donné pour que leur contribution soit décomptée de leurs obligations légales, le partage de revenus auquel procède la plateforme de partage de vidéo n’intervient qu’a posteriori, et dans les limites d’un pourcentage – proche de 50 % en général – des recettes générées ; et quand les rédactions audiovisuelles ajoutent au droit commun de la presse le contrôle quotidien de l’Arcom, l’effort de modération demandé aux hébergeurs ne va pas beaucoup plus loin que d’éviter de laisser trop manifestement prospérer les fake news. 

D’un point de vue comme de l’autre, le modèle économique s’en trouve naturellement amélioré : dans son livre blanc, LaFA rappelle que les éditeurs (télévision gratuite, télévision payante et SVoD) ont contribué pour plus de 1,6 Md€ au financement du cinéma, de la fiction, du documentaire et de l’animation en 2023. Et l’étude réalisée dans le cadre des Etats Généraux de l’Information a chiffré à 2,5 Mds€ le coût de l’information pris en charge annuellement par les médias (presse, radio et télévision). Plus de 4 Mds€ donc, dont les hébergeurs n’assument aucune charge, mais dont ils tirent indirectement le bénéfice : la disponibilité de contenus professionnels de qualité stimule les audiences des plateformes et réseaux et en augmente donc finalement les revenus publicitaires. 

Le deuxième binôme, référencement vs distribution, témoigne du changement de colonne qui s’opère dans les comptes des éditeurs : de la colonne des revenus vers celle des charges. Dans le schéma historique, les distributeurs rémunèrent les chaînes pour pouvoir intégrer à leurs bouquets les signaux linéaires des chaînes (éventuellement déclinées en versions SD, HD, UHD…) et leurs services associés (rattrapage hier, BVoD aujourd’hui). Dans l’univers des terminaux connectés (Samsung, LG, Sony…),

  • Les chaînes doivent d’abord financer le développement – puis la mise à jour – de leur application dans l’OS correspondant (Android, Tizen, WebOS…), 
  • Il leur en coûte 15 à 30 % des revenus générés dans cet environnement en contrepartie du référencement au sein du magasin d’application et, 
  • De la même façon que pour un industriel s’agissant du placement de ses produits en tête de gondole, figurer parmi les apps les plus visibles a un prix. Environ 1€ par télécommande vendue, dit-on pour y disposer d’un bouton dédié qui mène directement au service.

Et, comme dans le cas des hébergeurs, la gestion de l’infrastructure technique permet aux industriels de pousser leur avantage, en agrégeant les données d’usage des utilisateurs de leurs appareils et en les monétisant auprès des marques, donc en faisant concurrence aux éditeurs sur le terrain publicitaire.

C’est aux déséquilibres les plus criants de ce modèle de référencement qu’entend répondre la règlementation des SIG : garantir à une application regroupant les chaînes les plus dignes d’intérêt – les « services d’intérêt général », soit, en France, l’ensemble des chaînes nationales de la TNT gratuite – d’être non seulement disponible sur l’appareil, mais de figurer même sur l’écran d’accueil, voire sur la télécommande si certains services privés y disposent de leur propre bouton.

Bien que semblant imparable sur le papier, la solution peine à prendre corps, 10 mois après que l’Arcom a achevé d’en établir les règles. La difficulté à les imposer à des industriels dont aucun n’a son siège européen en France y est pour beaucoup. LaFA met en garde, au-delà, sur une application naïve du dispositif SIG, qui leur donnerait une visibilité de façade mais laisserait à l’industriel la totale maîtrise de la data… et de sa monétisation.

C’est donc au niveau de l’Union européenne que l’association propose de porter le sujet, avec la création d’un statut de « distributeur d’offre de médias » dans la directive SMA, qui pourrait notamment garantir aux éditeurs de SIG l’accès aux données d’usage de leurs applications. Un premier horizon pour la révision de la directive SMA se situe à la fin de 2026.  Demain, ou presque, compte tenu des rythmes d’avancement des sujets institutionnels.

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