18 juin 2025

Temps de lecture : 2 min

Deviner la planète après +2,7°C : quand la fiction rencontre la réalité sur GeoGuessr

Avec FutureGuessr, Artefact 3000 détourne les codes du jeu culte GeoGuessr pour alerter sur l’urgence climatique. En plongeant les joueurs dans des paysages déformés par un réchauffement à +2,7°C, l’expérience mêle science, IA et récit immersif pour rendre visible l’invisible.

Créé en 2013, GeoGuessr s’est imposé comme une référence mondiale du jeu en ligne, avec plus de 65 millions de joueurs dans le monde. Le principe : plonger l’internaute dans un paysage capté par Google Street View, et lui faire deviner où il se trouve sur la planète. Ce qui n’était au départ qu’un divertissement pour amateurs de géographie est rapidement devenu un phénomène de culture web. Sur Twitch, TikTok ou YouTube, les parties de GeoGuessr génèrent des millions de vues. Certains créateurs se sont spécialisés dans la discipline, à commencer par Trevor Rainbolt, véritable star du genre.

Capable de localiser une route ou un rocher en quelques secondes, il impressionne par une mémoire visuelle quasi surnaturelle, à tel point que sa communauté le compare souvent — en plaisantant — à un véritable agent secret. Il a collaboré avec des célébrités comme Dixie D’Amelio, T-Pain, Ludwig ou Karl Jacobs, contribuant à faire de GeoGuessr un terrain de jeu viral, entre performance et pop culture. Un contexte qui rend le détournement opéré par FutureGuessr avec Réseau Action Climat d’autant plus pertinent.

Quand le jeu bascule dans l’anticipation climatique

FutureGuessr reprend cette mécanique familière, mais la propulse dans un monde possible — voire probable — si les trajectoires actuelles de réchauffement se poursuivent. Le joueur est immergé dans un décor à 360°, généré par IA, qui montre la planète telle qu’elle pourrait être en 2100 avec +2,7°C en moyenne. Il doit alors deviner sa position : une Amazonie devenue savane, une banquise à la dérive, un littoral disparu. Le tout dans une ambiance réaliste, mais profondément troublante.

Des images générées par l’IA… et validées par la science

Pour concevoir ces paysages du futur, Artefact 3000 a développé une intelligence artificielle nourrie des rapports du GIEC. Les prompts textuels traduisent les projections scientifiques en visuels hyperréalistes, respectant la topographie des lieux. Une IA hébergée localement pour en limiter l’empreinte carbone. Le climatologue Benjamin Sultan, auteur du 6e rapport du GIEC et directeur de recherche à l’IRD, a accompagné le projet pour en garantir la rigueur. « FutureGuessr parvient habilement à illustrer de manière ludique les bouleversements causés par le réchauffement climatique, tout en montrant qu’un autre futur est possible », souligne-t-il.

À rebours des discours catastrophistes, FutureGuessr offre à chaque fois deux scénarios : celui de l’inaction, où les conséquences sont sévères, et celui d’un futur résilient, fondé sur des politiques ambitieuses et une transition collective. Le jeu rappelle que les leviers sont connus — sortir des énergies fossiles, rénover les bâtiments, favoriser les mobilités durables, consommer moins de viande — et que chaque dixième de degré évité compte.

Un outil de sensibilisation qui parle la langue d’Internet

Disponible depuis le 17 juin sur futureguessr.fr, FutureGuessr s’adresse à celles et ceux qui s’informent autant par l’image que par le texte. En reprenant les codes du divertissement numérique, Artefact 3000 et le Réseau Action Climat offrent un outil de sensibilisation aussi accessible que rigoureux. Car si les images peuvent inquiéter, elles ont le mérite de donner chair aux rapports du GIEC. Une manière nouvelle — et nécessaire — de faire voir le climat autrement.

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