l’Etudiant a 50 ans et confirme sa puissance avec 4,6 millions de visiteurs uniques par mois
Sébastien Mercier, directeur général et Pierre-Louis Schmitt, directeur des activités digitales de l'Etudiant racontent l’adaptation constante de cette marque repère culte que tous les parents et étudiants ont un jour ou l’autre consultée. Et comment sa mutation numérique, une des clés du succès, a été opérée en 2018.
INfluencia : pouvez-vous nous résumer les transformations opérées par l’Etudiant ces dernières années ?
Sébastien Mercier : l’Etudiant a 50 ans d’existence. Au départ il était un support print à destination des jeunes. Ensuite, au début des années 80, il évolue vers l’événementiel avec la création du salon du même nom, puis à l’ère du digital, le site letudiant.fr a pris naturellement le pas sur le print.
letudiant.fr c’est aujourd’hui 4,6 millions de visiteurs uniques tous les mois. Une présence forte sur les réseaux sociaux, et 110 salons sur l’ensemble du territoire.
Pour autant, notre mission reste la même, répondre aux nombreuses questions que se posent principalement les 15-25 ans et naturellement leurs parents que l’on accompagne sur tous les sujets relatifs aux études, à l’orientation en général, au choix d’un métier, l’objectif étant de les guider jusqu’au premier emploi. letudiant.fr c’est aujourd’hui 4,6 millions de visiteurs uniques tous les mois. Une présence forte sur les réseaux sociaux, et 110 salons sur l’ensemble du territoire. Des salons généralistes sur les grandes villes universitaires de France ou même des villes moyennes qui dressent le tableau de tout ce qui compose l’enseignement supérieur pour initier des rencontres entre les jeunes et le monde de l’enseignement supérieur. Des salons spécialisés également sur différentes thématiques et des salons de l’alternance et l’apprentissage qui mettent en relation les entreprises et les jeunes dans un cadre de recrutement et d’emploi.
IN. : le print existe encore aujourd’hui, sous quelle forme ?
S.M. : de mémoire, le magazine print qui existait sous forme d’abonnement s’est arrêté en 2018. Il existe aujourd’hui à travers des hors-séries diffusés gratuitement, sur nos événements, et ils sont également consultables en ligne.
Nous avons donc fait le choix drastique en 2018, d’arrêter la version print dans sa version initale pour nous concentrer sur le digital
Pierre-Louis Schmitt : avancer en marchant est réellement au cœur de notre évolution. L’arrêt du print payant est un bon exemple pour nous qui avons dû opérer des virages liés à l’évolution du digital et des réseaux sociaux pour continuer d’exister. En effet, la fin du print payant est venue tout simplement d’un constat, d’une réalité économique, et d’un lectorat qui n’était plus en attente d’un magazine dédié en kiosque, nous avons donc fait le choix drastique en 2018, d’arrêter, pour nous donner les moyens d’être toujours là où notre audience nous attendait, où de nouveaux usages se développaient et sur lesquels on se devait d’être, pour continuer à être une marque média référente auprès évidemment de la cible jeune, qui phénomène rare, est aussi celle de parents inquiets, intéressés. Une approche intergénérationnelle qui nous caractérise. L’orientation comme vous le savez, concerne en haut lieu et en premier les jeunes mais par ricochet évidemment les parents parce que ces choix ne sont pas toujours simples.
IN. : diriez-vous que vous êtes un guide avant tout ?
S.M. : nous nous positionnons comme accompagnateur, comme guide. Notre travail consiste à apporter une information extrêmement sérieuse, claire, dans ce fourmillement très touffu, peu lisible que sont les formations, les cycles, les parcours, les passerelles, les nouvelles propositions, etc.
P-L. Sch. : notre nouvelle plateforme de marque que l’on vient de mettre on air est des plus ergonomiques, une volonté de « rangement », de couleurs vitaminées qui permettent la clarté d’approche pour les étudiants et les parents, avec énormément de touch points. Et bien entendu, vous l’aurez constaté, nous avons remplacé le « e » par une esperluette, qui modernise son identité.
Sébastien Mercier, directeur général et Pierre-Louis Schmitt, directeur des activités digitales de l’Étudiant
IN. : avez-vous conscience aujourd’hui d’avoir une responsabilité plus grande que par le passé ?
S.M. : ce qui nous caractérise, c’est notre approche positive, optimiste face à des orientations qui ne sont pas toujours simples d’où ce choix de couleurs assez punchy et notre capacité à emmener, à orienter les étudiants vers une solution. C’est très compliqué pour certains, nous sommes là pour les conseiller. Entre 4,5 et 6 millions de visiteurs se rendent sur notre site, en fonction des temps forts éditoriaux qui sont les nôtres. De manière assez classique, nous travaillons donc sur un calendrier plutôt scolaire, d’où l’importance de la rentrée sur la cible lycéenne.
L’approche de Parcoursup, qui s’ouvre à partir de décembre, janvier est évidemment essentielle et de plus en plus longue, puisqu’elle s’étend jusqu’à mars, avril, mois des vœux, et de leur confirmation jusqu’à ce que ces vœux soient visibles sur la plateforme des besoins et sur lequel chacun peut savoir là où il est accepté ou pas en fonction des vœux qu’il aurait réalisé.
Aujourd’hui, nous nous intéressons chaque fois plus aux jeunes au sortir du collège, car il faut éveiller les jeunes suffisamment tôt notamment à la découverte des métiers.
Et évidemment, en corollaire de ce calendrier, si on parle de la cible lycéenne, nous avons les révisions des examens sur lesquelles à partir d’avril, mai, nous relevons des pics d’audience en lien avec ces dernières, les jours d’examen et jusqu’aux résultats début juillet. Aujourd’hui, nous nous intéressons chaque fois plus aux jeunes au sortir du collège, car il faut éveiller les jeunes suffisamment tôt notamment à la découverte des métiers sur lequel nous sommes un média historique. Notre philosophie est d’assumer les réorientations, par la suite. Notre média est présent sur les réorientations, sur les chemins nouveaux qui n’étaient pas forcément ceux prévus au moment de parcours SUP et au moment des résultats du bac.
P-L.Sch. : nous sommes présents sur Instagram et TikTok en terme de développement depuis 2020 avec une production de vidéos qui est aujourd’hui internalisée à 100 % depuis l’an dernier. Des réseaux sociaux (1 million d’audience) dont Tiktok qui intéresse 73% de 18-24 ans, Instagram : 4% de 13-17 ans 52 % de 18-24 ans et 27 % de 25-34 ans.
IN. : toutes ces mutations demandent des équipes des hommes et des femmes ultra-formés et plus jeunes…
S.M. : aujourd’hui l’Etudiant en terme d’effectifs compte 135 salariés, pour monter à 180 en saison. Alors effectivement en fonction de l’évolution des médias nous nous sommes entourés d’experts et expertes. La rédaction reste un pilier en termes d’effectifs. Nous sommes la rédaction la plus importante en France sur les sujets d’éducation en nombre de journalistes, 15 au total, des permanents qui travaillent sur tous les sujets relatifs à à l’éducation, à la formation. Ces derniers réalisent une dizaine de classements villes étudiants, écoles de commerce, écoles d’ingénieurs, classes prépas, licences, masters. Nous sommes parfois surpris de l’adhésion forte à nos valeurs, d’un point de vue journalistique. Les historiques sont toujours là, et les nouveaux sont ravis de travailler avec les anciens.
Les évolutions technologiques nous permettent de générer chaque fois de meilleures audiences et à être d’autant plus visibles demain.
IN. : comment faites-vous pour être à la pointe des tendances en ce qui concerne les jeunes justement qui sont paradoxaux, rapides, perdus depuis le covid-19, la technologie qui a tout changé ?
P-L.Sch. : nous bénéficions d’une puissante data. Des jeunes qui constituent un panel que nous interrogeons très régulièrement. Mais au-delà de ça, nous venons notamment de réaliser une étude plus approfondie avec Opinion Way en collaboration avec Jexplore, auprès des 16-22 ans sur leur manière d’aborder leur avenir… sur l’usage que les jeunes ont de l’orientation. Comment ils s’informent justement sur des sujets qui peuvent être parfois anxiogènes.
Le dernier panel en date : on constate que 9jeunes sur 10 n’ont pas confiance en l’avenir.
IN. : quelle est l’évolution des tendances chez les étudiants ?
S.M. : une complexification et la multiplication de l’offre – 26000 sur Parcoursup, nous en présentons 60 000 dans notre annuaire sur notre site ! Les jeunes ont plus encore de besoin de rendez-vous physiques que jamais : nous avons observé une hausse de 20% de nos visiteurs en 2024. Une implication des parents dans le choix des études de leurs enfants plus forte que par le passé. Ces derniers se mobilisent. La part de lycéens augmente, ainsi que les parents, qui s’explique avec le choix des spécialités à formuler dès la seconde. D’ailleurs en 3ème aussi. Les choix s’opèrent tout au long du parcours d’études. Grace à son panel propriétaire, l’Etudiant réalise régulièrement des panels. Le dernier en date : « Avenir des jeunes : comment se projettent-ils ? » date de janvier 2025. On y constate que 9jeunes sur 10 n’ont pas confiance en l’avenir. Que seuls 1/3 des répondants craignent une suppression des emplois à cause de l’IA, 3 jeunes sur 4 placent l’épanouissement personnel au cœur de leurs choix d’orientation, devant les perspectives d’emploi et de salaire, les trois quarts (73 %) des répondants estiment que la plateforme Parcoursup est source de stress… Mais ce stress de l’orientation n’est pas nouveau ! D’ailleurs, sur les salons, c’est entre eux qu’ils se parlent et se rassurent : beaucoup d’organismes de formation mobilisent leurs propres étudiants pour un échange de « jeune à jeune ».
IN. : concrètement quelles sont les angoisses que vous percevez chez les jeunes et les étudiants ?
S.M. : Parcoursup est clairement un moment de stress puisque c’est une plateforme sur laquelle ils vont inscrire des vœux donc ils se disent que cela va avoir un impact forcément sur leur avenir. Et auxquels les parents sont très sensibles et concernés. Nous sommes donc là aussi pour dédramatiser et expliquer que tout le monde a droit à l’erreur, que tous ne sont pas prêts à se projeter. Il y a un côté un peu abstrait du futur. Ils ont besoin d’être accompagnés. Des capsules vont leur montrer la réalité sur le métier auquel ils peuvent prétendre par rapport à telle ou telle formation. Ils ont conscience qu’ils vont changer de métier plusieurs fois dans leur vie, bien plus que leurs parents !
IN. : les salons jouent un rôle essentiel sur ce volet là…
S.M. : on parlait des chiffres de d’audience sur nos sites, mais sur les salons, c’est près d’un million de jeunes et de parents que l’on reçoit chaque année. C’est énorme. Et l’ensemble de nos exposants, entrent en échange avec ces publics, les parents sont soucieux de l’entrée dans la vie active, et veulent s’assurer de la pérennité de filières. Les sujets d’employabilité, sont le souci majeur des aînés, bien plus que pour les jeunes qui veulent surtout aller dans les filiales qui les intéressent.
La santé conserve sa première place dans les formations les plus demandées sur Parcoursup avec près de 780.000 vœux confirmés en 2024.
IN. : quelles sont les formations et les filières qui arrivent en tête ?
S.M. : en matière de formation, si l’on se réfère aux vœux formulés sur Parcoursup : il y a 30,8% de candidatures en licence, 27,4% en BTS et près de 11% en BUT (bachelors universitaires de technologie), en 2024.
P-L.Sch. : en matière de filière, c’est la santé ! Le Pass (parcours accès santé) conserve sa première place dans les formations les plus demandées sur Parcoursup avec près de 780.000 vœux confirmés en 2024. C’est plus de 50.000 vœux de plus qu’en 2023. Plus précisément, avec 653.832 vœux, les IFSI (DE infirmier) arrivent en tête, les écoles d’ingénieurs post-bac cumulent 674.575 vœux cette année. Une nette progression avec plus de 30.000 vœux par rapport à la session 2023. La licence de droit reste la licence la plus demandée, avec 334.183 vœux au total. En matière de public versus privé :le secteur privé poursuit sa croissance. En matière de parcours, il y a une diversité de chemins possibles et un important développement des passerelles…
IN. : les métiers sont en tension, notamment dans le domaine de la santé… Les jeunes ont quand même envie d’y aller ?
S.M. : notre métier est de les conseiller sur les métiers qui sont en tension, la santé, l’enseignement, mais aussi de les préparer, de les informer sur les avantages et les inconvénients. Les mettre face à cette réalité fait aussi partie de notre métier. Mais il faut comprendre que les jeunes cherchent des métiers qui ont un sens pour eux.
Notre modèle économique repose à 80% sur les salons.
IN. : vous évoquiez tout à l’heure les territoires…
P-L.Sch. : le choix des villes peut sous-entendre le changement de lieu de vie. Trouver un logement, à quelles conditions, où s’implanter, quelle est la qualité de vie du coup dans cette ville étudiante… Les salons – à l’origine du concept en 1986 (maintenant : 1 million de visiteurs sur les salons chaque année) sont aujourd’hui au nombre de 110 dans toute la France sur 51 villes. Chacun est adapté aux spécificités régionales et aux besoins locaux. Je précise d’ailleurs que notre modèle économique repose à 80% sur ces salons.
IN.: comment se profile l’année 2025 pour votre « média » ?
S.M. : c’est une année extrêmement riche notamment liée à des nouveaux outils et à des nouvelles façons de consommer l’information. Nous allons fortement accélérer sur la partie éditoriale, sur le digital grâce à des nouveaux services développés pour faciliter l’accès à l’information, à l’orientation. Nous travaillons à des innovations qui vont arriver à la rentrée, le moment le plus pertinent pour nos activités. Nous fêtons nos 50 ans, notre niveau de notoriété et ce niveau de recommandation en tant que média, nous comptons bien le conserver pour les 50 années à venir ! Nous allons par exemple classer les villes. Là, c’est le classement des masters qui est sorti. Dans les prochaines semaines, l’étude dont on parlait plus haut va évoquer les attentes et quel est l’état d’esprit des publics sur les sujets que nous traitons. Enfin, nous préparons la nouvelle mouture de notre Job Board historique, totalement revisité, elle sera en phase avec les réalités des territoires.