25 octobre 2022

Temps de lecture : 3 min

Jean Watin-Augouard, « La raison d’être ? What else ? »

Depuis la Loi Pacte, on parle beaucoup de la raison d’être de l’entreprise. Mais celle-ci sera d’autant plus légitime et pérenne que sa raison d’être sera convergente avec la raison d’y être et d’en être de ses salariés. Dans son nouvel ouvrage « Raison d’être, raison d’y être, raison d’en être », l’historien des marques et auteur Jean Watin-Augouard propose huit leviers de transformation de l’entreprise pour fertiliser la raison d’être de l’entreprise avec la vocation de ses salariés.

INfluencia : qu’apporte de singulier votre livre parmi tous ceux déjà écris sur la raison d’être de l’entreprise ?

Jean Watin-Augouard : ces livres se focalisent sur le « pacha » du navire et ses quelques officiers que les agences « conseils » accompagnent, depuis la loi Pacte, pour « penser » et écrire en quelques mots leur raison d’être. Mais, quid de celles et ceux qui sont dans les salles de machines, maillons indispensables de la chaine de création de valeur, du dynamisme et de la pérennité de l’entreprise ? Convenons qu’ils sont rarement sollicités, n’était le bilan de compétence….annuel ! Quid du bilan de leur engagement, de leur implication, de leur contribution ou « impact » à l’entreprise ?

La raison d’être ? What else ? Il n’est de raison d’être de l’entreprise sans raison d’y être des salariés par leur présence physique, et d’en être, par leur présence mentale. Au reste, le développement du télétravail rend la deuxième présence d’autant plus importante que le lien physique se distend et que la culture d’entreprise se dilue.

Néanmoins, il ne s’agit pas, pour en être, d’appartenir simplement à l’entreprise ou de comprendre le sens de sa raison d’être. Adhérer aux valeurs de l’entreprise est une chose. Une autre est de s’y engager sans être considéré comme une variable d’ajustement mais comme un maillon indispensable, unique, de la création de valeur.

Cessons de définir les gens uniquement par leur emploi, demandons-leur d’abord leur « impact » souhaité, leur empreinte désirée, leur singularité ressentie, leur vocation découverte et accomplie. Chaque personne a une vocation qui la singularise et la conduit à être plus grande que ce qu’elle paraît. Un gisement de puissance, d’énergie et d’action, pour l’heure mal ou inexploité par les entreprises quand celles-ci peinent à considérer les « ressources » humaines comme des richesses.

Comment définissez-vous la vocation et comment vient-elle ?

J.W.A. : au cœur de la raison d’en être, la vocation [1] s’entend comme raison d’être ou finalité de la personne sur Terre. Chacun d’entre nous est appelé à agir, avoir sa part positive, dans sa zone d’influence, pour contribuer de manière unique à un bâtir un monde meilleur. La vocation est le fil rouge, le fil conducteur qui relie ses actes, ses engagements tout au long de sa vie et leur donne sens. Elle se construit sur un triptyque : la finalité (ou la singularité), la modalité (ou le métier) et la contribution (ou l’impact). Chaque personne a un triptyque unique.

A quoi sert la vocation dans l’entreprise ?

J.W.A. : l’enjeu de l’entreprise n’est pas tant d’employer, au-delà d’être un formidable rassembleur de talents, que de devenir un possible creuset de révélation et d’accomplissement de la vocation de chacun de ses salariés. Celle-ci se développe souvent quand ils expérimentent, explorent de nouvelles activités. Huit leviers de transformation de l’entreprise sont proposés pour fertiliser la raison d’être de l’entreprise avec la vocation de ses salariés. L’entreprise va-t-elle saisir cette nouvelle opportunité ?

Le management doit être d’impulsion et horizontal
Quel avenir pour les RH ?

J.W.A. : le management ne peut plus être de contrôle et vertical, mais d’impulsion et horizontal pour inciter les salariés à être proactifs, à révéler, par leur vocation, leur aptitude à créer des résultats positifs en cohérence avec ceux que l’entreprise a choisis dans le champ de sa raison d’être. Ils sont ainsi conduits à créer individuellement et collectivement des changements que l’entreprise insuffle au monde en conjuguant leur vocation avec celle de l’entreprise. Le management doit placer la vocation au cœur de son réacteur et les RH doivent bien comprendre la raison d’en être de chaque salarié. Point de RSE – responsabilité sociétale des entreprises – ni de RSM – responsabilité sociétale des marques – sans RSH ou responsabilité sociétale des humains, hommes et femmes animés par leur vocation !

L’intégration de la vocation de chacun dans le cœur de l’entreprise serait assurément le moyen le plus durable de résoudre la question de l’engagement, qui perturbe tant le fonctionnement des entreprises, du recrutement à la gouvernance, en passant par le management. Il serait souhaitable que l’entreprise s’entraîne à répondre aux questions que se posent les salariés sur leurs raisons singulières d’y être et d’en être, et non d’être chez ses concurrents.

 

[1]Vocatio, Vocare, être appelé à être et à faire… la voix qui nous guide vers notre voie.

En savoir plus

8 leviers de transformation

• Levier 1 : croire ensemble ou la vocation crédible
• Levier 2 : vivre ensemble ou la vocation visible
• Levier 3 : gouverner ensemble ou la vocation utile
• Levier 4 : apprendre ensemble ou la vocation accessible
• Levier 5 : faire ensemble ou la vocation mesurable
• Levier 6 : progresser ensemble, ou la vocation plausible
• Levier 7 : incarner ensemble ou la vocation fiable
• Levier 8 : contribuer ensemble, ou la vocation féconde

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