8% des Français utilisent l’IA pour s’informer : Jeunes, urbains mais pas forcément CSP+
Comment les Français utilisent-ils les IA conversationnelles pour s'informer ? C'est ce que révèle cette étude réalisée par Opinionway pour la La villa numeris.
v/ Midjourney
La villa numeris a voulu et a confié à OpinionWay une étude « IA et Médias », menée du 2 au 8 octobre. Objectif : comprendre le rôle joué par les IA conversationnelles dans l’accès à l’information, la manière de nous informer et la qualité de l’information recueillie.
La période d’analyse est tombée dans un pic d’actualité nationale et internationale, avec des records d’audience, ce qui peut être à l’origine de quelques biais. Durant cette période, les Français ont montré leur soif d’information.
L’intérêt et le goût des Français pour l’information reste très élevé, mais la fatigue pointe
82 % des interrogés estiment que bien s’informer est un devoir citoyen
Pour 93 %, être bien informé est un droit
79 % trouvent qu’avec le développement du numérique, on est mieux informé qu’il y a 20 ans
« 93 % notent aussi que, pour être bien informé, la bonne stratégie consiste à croiser les sources d’information. C’est le niveau le plus élevé qui a été mesuré dans cette question sur les attitudes », souligne Jean-Baptiste Leroux, directeur du département Médias de l’institut d’études.
8 % des Français utilisent l’IA comme source d’information
Dans toutes les sources d’information qu’ils consultent et croisent, les « grands médias » restent dominants (92 %) et les journaux télévisés arrivent en tête du classement (58 %), devant les chaînes info (56 %) et la radio (39 %). Les médias accessibles uniquement en digital sont cités par seulement 15 % des Français. Pour autant :
8 % utilisent des outils d’IA conversationnelle pour s’informer, soit plus de de 4 millions de personnes.
Pour 2 % des interrogés, c’est même la première source d’information.
Pour 57 % des utilisateurs, s’informer via une IA est un acte quotidien.
Chez les non-utilisateurs, le scepticisme domine puisque 63 % ne font pas confiance à ces outils…
« Ces 8 % sont le point zéro des usages que nous allons continuer à mesurer. Les jeunes sont logiquement early adopters avec des taux supérieurs à 20 % jusqu’à 35 ans, qui tombent beaucoup plus bas sur les autres tranches d’âge.
C’est aussi un phénomène très urbain (65 %). L’IA ne sera donc pas un remède à la fracture numérique. En revanche, l’usage n’est pas lié à un niveau de diplôme. C’est une source d’information comme une autre, qui peut avoir une fonction intéressante pour l’information au sens large », estime Jean-Baptiste Leroux.
Disqualifiées sur l’actualité chaude, mais pas dans la construction de l’opinion
Les utilisateurs d’IA conversationnelles sont plutôt satisfaits, voire très satisfaits des services rendus en matière d’information.
Le constat doit pourtant être un peu nuancé :
Les IA conversationnelles ne sont pas du tout adaptées pour « s’informer des dernières actualités », qui n’ont pas été commentées pour nourrir une IA avec une analyse intéressante.
Elles sont jugées assez peu adaptées pour « comprendre ce qui se passe »
« Les IA se placent en revanche en tête des « meta sources », qui compilent et retranscrivent une info, dès lors qu’il s’agit de vérifier ou chercher des informations complémentaires. Elles ne sont donc pas si mal placées dans les sources qui permettent de former l’opinion du citoyen », pointe le directeur du département Médias.
Les liens sont cliqués parfois et crédibilisent en tout cas les résultats
67 % disent cliquer de temps en temps sur les liens, et 28 % à chaque fois.
Pour 45 % des utilisateurs, ils renforcent la confiance dans les résultats générés
Pour 27%, ils n’ont pas d’effet réel sur cette confiance
Pour 28%, ils sont plutôt sources de doutes et de décrédibilisation
Le déferlement de fake news pourrait-il « contaminer » les analyses et les liens sur lesquels s’appuient les IA pour informer ses utilisateurs ? Jean-Baptiste Leroux se montre plutôt optimiste :
« Les IA sont des émetteurs d’info comme les autres qui donnent des informations, des sources… Les warnings qui permettent de douter de la véracité d’une information vont aussi arriver sur les IA. La capacité de calcul et de traitement peut aussi nous prémunir des fausses informations ».
En savoir plus
Méthodologie :
L’étude a été menée du du 2 au 8 octobre 2025 auprès d’un échantillon représentatif de 1721 personnes âgées de 18 ans et plus, et avec un sur-échantillon auprès des 15-24 ans, qui a donné lieu à 200 interviews supplémentaires.