10 juillet 2023

Temps de lecture : 3 min

« 75% des Européens disent devoir changer leur mode de vie… Aidons-les ! » Stéphane Truchi (IFOP)

À l’occasion de la soirée d’ouverture du sommet des Napoleons à La Baule, Stéphane Truchi, CEO du Groupe Ifop et Rémy Oudghiri, Directeur Général de Sociovision présentaient les résultats d’une étude menée en Europe, aux Etats-Unis et en Chine, intitulée : « De la société de consommation à la société de la réparation« .

En amont des Napoleons qui sé déroulaient du 28 juin au 3 juillet, l’Ifop a interrogé des milliers de consommateurs en Allemagne, en Espagne et en France, ainsi qu’aux Etats-Unis et en Chine. Objectif : évaluer l’évolution des pratiques et des perceptions sur la société de consommation, ainsi que les contradictions et disparités culturelles, assez fortes d’un continent à l’autre.

Comme le souligne Stéphane Truchi, Président du directoire de l’Ifop, un chiffre clé en ressort en particulier : « 75% des Européens nous disent ‘Nous devons changer notre mode de vie‘ ».

En Chine, la proportion est plus faible, mais atteint presque les deux tiers de la population. Aux Etats-Unis, en revanche, ce chiffre est seulement de 52%. Cela reste toutefois une bonne nouvelle, selon le CEO du Groupe Ifop, qui préfère voir le verre à moitié plein : « il y a quand même une majorité d’Américains qui est consciente qu’il faut réparer les dégâts qu’on a commis« . A l’écouter, ces chiffres illustrent en tout cas « une remise en cause profonde de notre modèle, une nouvelle façon de concevoir le progrès« .

Une « grande inversion »

Le sociologue Rémy Oudghiri parle, lui, de « grande inversion » en listant de nombreux exemples de la société de consommation, symboles de progrès dans le passé, aujourd’hui décriés : les produits jetables, le pavillon individuel, le centre commercial, l’avion, la chimie… « Pensez aux publicités des années 60 : au temps, où on vantait les mérites de la lessive, on mettait en avant la chimie, les super-actifs qui permettent de laver mieux et plus blanc. Il est évident qu’aujourd’hui, ces discours sont beaucoup moins audibles.« 

Et d’ajouter : « Aujourd’hui, tout a changé. Ce n’est plus la flèche qui est le symbole du progrès : de plus en plus, c’est le cercle. C’est-à-dire que désormais on va faire en sorte que tout ce qui est utilisé ne soit pas jeté, mais au contraire réutilisé ou recyclé.” La pratique du tri – désormais adoptée par 70% des Européens selon l’étude Ifop – est emblématique de ce mouvement. Mais la marge de progression est encore forte : aux Etats-Unis, seuls 29% des consommateurs interrogés trient régulièrement leurs déchets…

La France, en tête pour la vente et l’achat de produits d’occasion

D’autres pratiques sont en progression, comme les achats de produits de saison, adoptés par un tiers des Européens. La France est notamment en tête en ce qui concerne la vente et l’achat de produits d’occasion, « la grande tendance de ces dix dernières années » : dans l’hexagone, un quart des consommateurs le font régulièrement. « Dans la plupart des pays qu’on a interrogés, on note un nouvel état d’esprit : avant d’acheter un produit neuf, les gens regardent s’il existe d’occasion avant de l’acheter, et on préfère l’occasion éventuellement. La France est encore leader sur cette tendance, puisqu’on est à 50%. C’est 45% en Allemagne, 42% en Espagne, 48% aux États-Unis et 40% en Chine« , précise Rémy Oudghiri.

Au même moment, de nombreuses pratiques de consommation responsable restent encore à un stade relativement marginal, comme l’achat de produits reconditionnés, l’auto-production, la consigne ou le covoiturage. « Le covoiturage, c’est la surprise. Dans tous les pays, c’est à peu près le même chiffre, 10 %. des interrogés confirment l’attachement à la voiture individuelle qui reste extrêmement ancré en Europe comme aux États-Unis.

« On est encore loin du compte »

Conclusions : « les pratiques d’économie réparatrice se développent, c’est clair, mais on est loin du compte, c’est-à-dire qu’elles sont loin, pour la plupart, d’avoir atteint leur niveau de maturité. L’Europe est plutôt leader, mais la Chine, finalement, ne s’en sort pas si mal, alors que les Etats-Unis sont plus en retrait. Mais comme ce sont eux qui ont inventé la société de consommation, ils en sont plus dépendants que nous« , estime Rémy Oudghiri.

« Il faut sortir du plaisir de consommer, et trouver une autre façon de générer cette jouissance de la consommation en inventant, finalement, un nouveau modèle de société de consommation« , estime Stéphane Truchi, avant de conclure : « quel que soit le pays, il y a toujours plus de 50% des consommateurs qui nous disent ‘J’ai envie [de changer de mode de consommation], mais je n’y arrive pas. Je ne sais pas comment faire.’ Aidons-les !« 

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