19 janvier 2023

Temps de lecture : 3 min

70% des glaciers sont voués à disparaitre, dixit David Roune, chercheur à la Nasa

Selon une étude dirigée par David Rounce, chercheur à la NASA, et publiée dans la revue Science, 70 % des glaciers sont voués à disparaître au cours de ce siècle si la tendance actuelle au réchauffement de la planète n’est pas enrayée.

Si le grand Jules Verne voyez cela… Cette semaine, nous apprenions avec tristesse la mort lente et douloureuse du volcan islandais Snæfellsjökull qui avait inspiré, du temps de sa superbe, l’auteur français pour l’écriture de son « Voyage au centre de la Terre ». En 1910, la superficie du glacier était d’environ 22 kilomètres carrés contre 10 aujourd’hui. Il y a trois ans, l’office météorologique islandais prédisait même que la majeure partie du glacier aurait disparu au milieu du XXIème siècle. Breaking news des années 80 : il est loin d’être le seul.

Une enquête publiée cette semaine dans la revue Science par David Roune, chercheur à la Nasa, stipule que près d’un tiers des 215 000 glaciers de notre planète – sans compter ceux de l’Antarctique et du Groenland –, soit près de 50 000 d’entre eux, sont menacés par la fonte. Pour arriver à ses résultats – déprimants ? Oui, on peut le dire –, le scientifique, qui officie également en tant que professeur à la Carnegie Mellon University à Pittsburgh , a eu recours à des données satellitaires pour cartographier plus de 200 000 glaciers à la surface de la Terre. Toujours selon son enquête, même dans le scénario le plus optimiste consistant à contenir la température globale de la Terre à 1,5°C, plus de la moitié des glaciers pourraient disparaître de la surface de la Terre d’ici la fin du siècle.

 

 

Les gardiens du temple… mais le temps prend l’eau

Les glaciers les plus touchés seront ceux des Alpes – dont la masse devrait diminuer de 70% d’ici 2050 – et des Pyrénées. Pour l’auteur, la situation est claire comme de l’eau de neige fondue : « Quoi qu’il arrive, nous allons perdre beaucoup de glaciers au cours de ce siècle, mais nous avons la possibilité de faire la différence en limitant le nombre de glaciers que nous perdons ». Pour celles et ceux qui bâclaient leurs cours de SVT au collège, les glaciers sont de grandes masses de glace qui se forment au sommet des montagnes pour ensuite descendre lentement la pente jusque dans nos vallées. Ils sont plus proches des pôles que partout ailleurs dans le monde, car ils se forment dans des zones où la neige s’accumule plus en hiver qu’elle ne fond en été. Les glaciers de notre écosystème accumulent ainsi plus de 75 % de l’eau douce de notre planète. Ils sont essentiels à la régulation des écosystèmes de montagne, car ils servent de réservoirs à l’eau accumulée par les précipitations. Ils sont en quelque sorte les gardiens du cycle de l’eau.

En raison du changement climatique, la température de la Terre se réchauffe et par conséquence, les glaciers disparaissent. S’ils fondent en raison du réchauffement climatique, cela entraînera de facto une élévation du niveau des mers. Puisqu’il vaut mieux poser les termes, les icebergs, contrairement aux glaciers, flottent déjà dans l’océan donc s’ils fondent, cela n’aura aucun impact sur le niveau de la mer. Pour Santiago Giralt, directeur et chercheur de l’Institut des géosciences de Barcelone, la solution est toute trouvée : « Nous devons essayer de réduire au maximum notre empreinte carbone, consommer de manière durable et nous déplacer en utilisant des systèmes de transport collectifs plutôt que nos véhicules privés. Il est également très important d’exiger des alternatives de la part de la classe politique et économique afin de ne pas surexploiter la planète ». On ne l’avait pas vu venir docteur. Malheureusement, cela est bien plus facile à dire dans une tribune qu’à imposer par la voie démocratique…

 

Les nouvelles ne sont pas bonnes

La plupart des glaciers qui vont disparaître ont une taille inférieure à un kilomètre carré. L’objectif de l’étude est de nous faire comprendre comment l’équilibre des écosystèmes, la biodiversité et des millions d’êtres humains pourraient être menacés par l’élévation du niveau des mers. Elle bousculerait la vie de 1,9 milliard de personnes dans le monde qui dépendent des glaciers pour l’eau potable et l’irrigation. En outre, elle pourrait provoquer de graves inondations qui menaceraient plusieurs pays de la planète. Guðfinna Aðalgeirsdóttir, chercheuse à l’université d’Islande, ainsi que Timothy James, chercheur à l’université du Queensland au Canada, décryptent ainsi la situation :

« Malgré leur petite taille par rapport aux calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, ces plateformes glaciaires en déclin sont très importantes. Ils contribuent actuellement autant au niveau de la mer que les calottes glaciaires. Leur disparition impacterait l’accès à l’eau pour des millions de personnes et leur recul augmenterait la fréquence des inondations par débordement glaciaire et des glissements de terrain. Si nous parvenons à limiter le réchauffement climatique à l’objectif de 1,5°C stipulé dans l’accord de Paris, la planète perdra presque certainement 26% de la masse totale des glaciers d’ici la fin du siècle. Des estimations bien plus pessimistes que celles établies par le Giec, c’est dire… Le modèle mathématique utilisé par David Roune a pris en compte des processus n’ayant pas été intégrés à de précédentes études, comme l’effet de la couverture des glaciers par des débris ou du détachement d’icebergs dans la mer à partir de certains glaciers, appelé vêlage. Encore une fois, tout est une histoire de perspective.

 

 

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