« 260 millions de dollars de revenus ont été générés par les marques de luxe dans le Web3 », Yat Siu géant du secteur (Animoca)

En quelques années, la société de jeux mobiles Animoca Brands, basée à Hong Kong, est devenue le principal investisseur dans le monde du Web 3. Avec 500 millions de dollars levés rien qu’en 2022 et des participations dans CryptoKitties, Axie Infinity, The Sandbox, Decentraland, Metamask et Ledger, entre autres, l’entreprise s’est muée en “faiseur de rois” dans le secteur. Lors d’une conférence en Asie, Yat Siu, son fondateur, partageait ses conseils pour les marques et “vendait” sa vision d’un écosystème prometteur en termes de revenus.

“dans le Web2, sur Fortnite par exemple, vous pouvez certes construire votre marque, mais vous ne générez pas de revenus avec l’expérience que vous créez. Vous captez juste de l’attention, c’est un modèle publicitaire.”

“Vous devez entrer dans cet univers en démontrant que vous êtes un membre de la communauté, pas seulement en cherchant à construire votre marque comme vous le feriez dans le Web2”, expliquait Yat Siu lors de son intervention à la conférence Tech In Asia 2022. Traduction : avant d’investir dans le Web3, les marques doivent montrer patte blanche et démontrer qu’elles en ont compris les codes et les règles. Mais aussi et surtout, elles doivent comprendre les différents modèles économiques qu’elles peuvent y déployer, car le Web3 est avant tout une question de gros sous !

“Davantage de revenus que dans vos boutiques physiques”

“Sur Sandbox, vous investissez, vous créez une communauté et vous pouvez générer davantage de revenus que dans la plupart de vos boutiques physiques à travers le monde. C’est un modèle complètement différent”, explique-t-il, en citant l’une des 340 entreprises du Web3 dans lesquelles il a investi. Selon lui, 260 millions de dollars de revenus auraient été générés par les marques de luxe dans le Web3 en 2022, en particulier à travers la vente de NFTs à leur communauté.

Organiser une opération pour Gucci sur Fortnite ne génère pas de valeur pour la marque à long terme, c’est une vision de court terme.

A l’inverse, “dans le Web2, sur Fortnite par exemple, vous pouvez certes construire votre marque, mais vous ne générez pas de revenus avec l’expérience que vous créez. Vous captez juste de l’attention, c’est un modèle publicitaire.” Et de citer un exemple pour bien marquer la différence entre les deux écosystèmes : lorsqu’une marque comme Gucci organise une opération sur Fortnite, elle s’adresse aux clients de Fortnite, pas aux siens, car c’est la plateforme qui a le lien avec les utilisateurs. “Cela ne génère pas de valeur pour Gucci à long terme, c’est une vision court terme”, affirme Yat Siu.

“N’imaginez pas simplement bénéfices, revenus, demandez vous comment construire”

“Démontrez votre amour… et à la fin, pour pourrez vendre”

Avec le mot « revenus », l’autre mot clé mis en avant par le fondateur d’Animoca est “authenticité”. “N’imaginez pas simplement bénéfices, revenus, demandez vous comment construire”, conseille-t-il. L’investisseur cite alors l’exemple de la créatrice de mode chinoise Vivienne Tam, qui a réalisé une collaboration avec la collection de NFT Bored Apes Yacht Club, lors de la dernière fashion week. Plus exactement, la créatrice a noué un partenariat avec Yat Siu lui-même, possesseur du Bored Ape #9730 pour l’intégrer à ses créations. Chaque possesseur d’un NFT de singe est en effet maître de la propriété intellectuelle qui lui est attachée et peut générer des revenus avec.

Avec un prix unitaire de 50 000$, cette nouvelle gamme Tiffany a déjà permis à cette filiale de LVMH de réaliser “des dizaines de millions de dollars” de revenus additionnels.

“Lorsque vous êtes présent, que vous démontrez votre amour pour la communauté, que vous prouvez que vous êtes là pour construire quelque chose à la fois dans la vie réelle et dans le métavers, la communauté vous donne de l’amour en retour. Et in fine, vous pourrez vendre quelque chose”, explique-t-il, décomplexé. Une stratégie suivie à la lettre par Tiffany, qui a proposé cet été des pendentifs sur-mesure réservés aux détenteurs de NFT CryptoPunk. Avec un prix unitaire de 50 000$, cette nouvelle gamme a déjà permis à cette filiale de LVMH de réaliser “des dizaines de millions de dollars” de revenus additionnels. “Nous n’avons fait qu’effleurer la surface des possibilités. Le Web2 offrait seulement quelques moyens d’engager les internautes, alors que le Web3 permet des effets de réseau illimités”, conclut le fondateur d’Animoca.

En savoir plus

Le casse du siècle de Tiffany!

Tiffany, qui a proposé cet été des pendentifs sur-mesure réservés aux détenteurs de NFT CryptoPunk. Avec un prix unitaire de 50 000$, cette nouvelle gamme a déjà permis à cette filiale de LVMH de réaliser “des dizaines de millions de dollars” de revenus additionnels.

Disponibles à la vente à partir du 5 août sur un site dédié, ces pass NFTiff personnalisés sont limités à trois acquisitions maximum par propriétaire de Cryptopunk. Dès lors, les clients auront deux possibilités distinctes : stocker leur NFTiff dans la blockchain ou l’échanger contre un pendentif sur-mesure signé Tiffany & Co. Le bijou en or rose ou jaune sera composé d’au moins 30 pierres précieuses, du diamant au saphir en passant par l’améthyste afin d’imiter au mieux le Cryptopunk associé, précise Le journal du Luxe.

Alors que des spéculations autour d’une crypto-monnaie Tiffany & Co. avaient agité la sphère Web3 il y a quelques mois, les acquéreurs potentiels devront ici débourser 30 Ethereum pour s’offrir le pass NFTiff, soit près de 50.000 euros. La livraison des pièces est quant à elle prévue pour début 2023.