La culture / l’imagination créative vous donne-t-elle une raison d’espérer ?
Stéphane  Plassier : Nos sociétés sont dans un tel état de désespoir,  d’étouffement, de sclérose, que la liberté du geste artistique prend  toute sa place et toute son évidence. D’une certaine manière, on ne peut  qu’espérer.
Les créateurs aujourd’hui sont malmenés et  confrontés à une multitude de contingences (économique, juridique avec  le non respect des droits d’auteurs, philosophique etc) qui les obligent  à se rassembler et à penser, ensemble à leur avenir ;
Un grand  nombre de projets artistiques rassemblent aujourd’hui des formes très  diverses d’expression artistique : vidéo, peinture, installation, etc.  ce croissement des disciplines est fécond pour le processus créatif.
On  revient aujourd’hui à une certaine forme de décloisonnement des métiers  : il n’est plus « suspect » aujourd’hui qu’un plasticien soit aussi  architecte, designer ou sculpteur. C’est le même geste créatif qui se  prolonge dans différentes formes. Ce geste semble s’être libéré. Du  reste, on retrouve là un mode créatif très en vogue à la Renaissance et  par ailleurs fondement du Bauhaus.
Dans le même sens, ce  décloisonnement relie désormais dans une même dynamique l’artisan,  l’artiste et l’industriel. Il y a là de nouvelles choses à concevoir  ensemble.
Il faut exploiter d’avantage le champ de l’artisanat  d’art qui est aujourd’hui peu considéré et qui constitue un gisement à  exploiter pour la création.
Qui l’incarne le mieux ?
Stéphane  Plassier : Mon projet actuel Caravana Negra présenté en 2013 à la  USINA , sous l’égide de l’ambassade de France et de l’institut français  de Buenos Aires, qui rassemble différents aspects : le mélange des  formes : installations, vidéo, performances, arts plastiques, musique ,  arts appliquées et arts culinaires ; le lien intergénérationnel avec le  travail avec des universités locales pour créer certaine partie de  l’exposition ; la dimension sociale de toute œuvre puisqu’un travail  collaboratif avec le réseau associatif local est mis en place autour du  projet d’exposition ; une œuvre nomade et mutante : cette exposition est  amenée à voyager et à se transformer au grès de ses pérégrinations.
Comment souhaitez-vous la transmettre aux générations futures ?
Stéphane  Plassier : Il existe encore aujourd’hui des relations fortes de  compagnonnage entre les artistes et de jeunes générations de créateurs  qui souhaitent se former sur le terrain. La transmission aux générations futures se fait souvent par le biais d’une relation intuitu personae, « on se choisit ».
A propos de Stéphane Plassier
Né en 1960,           Stéphane Plassier intervient dans les domaines de la mode, de           l’architecture, du design, et de la mise en scène. Diplomé de           l’Université d’Arts Plastiques et d’Histoire de l’Art de           Haute-Bretagne, il est particulièrement sensible au manifeste           du Bauhaus : Le but ultime de toute activité plastique est la           construction ! Cette démarche           l’amène à dessiner des collections de vêtements, des meubles,           des hôtels à l’instar de la nouvelle aile du mythique Ousteau           de Baumanière, la scénographie du Bérénice de Lambert           Wilson avec Christine Scott Thomas. Eclectique, il           customise la célèbre chaise « langue » de Pierre Paulin à sa           demande, conçoit l’architecture intérieure et la signalétique           des 9000 mètres carrés de l’École des arts visuels de           Marrakech, signe la scénographie de l’exposition « Mariage » au           palais Galliera, et de Scarf Dance pour Hermes à NY, dessine           une ligne de maroquinerie pour le quotidien « Le Monde », une           collection décalée d’art de la table chez le porcelainier           Raynaud, revisite le plateau repas dessiné par Raymond Loewy           pour le concorde et imagine la dernière campagne du Musée           d’Orsay.
          
Présentation du Forum d’Avignon
Le Forum d’Avignon a pour objectif   d’approfondir les liens entre les mondes de la culture et de l’économie   en proposant des pistes de réflexion au niveau international, européen   et local. Créé après la ratification de la Convention de l’UNESCO sur la  diversité culturelle et soutenu dès l’origine par le Ministère  de la  Culture et de la Communication, le Forum d’Avignon organise  chaque  année, avec ses partenaires, des rencontres internationales qui  sont  l’occasion de débats inédits entre les acteurs de la culture, des   industries de la création, de l’économie et des médias. La prochaine   édition aura lieu du 15 au 17 novembre.