7 avril 2019

Temps de lecture : 3 min

Girls in Tech : à quand l’accélération ?

Les femmes ne représentent que 30 % des salariés de la Tech en France, selon le Syntec Numérique . Cette proportion stagne depuis 2013. Elles ne sont que 12 % à diriger des start-up, selon l’Agence du numérique. Le chiffre est accablablant.

Les femmes ne représentent que 30 % des salariés de la Tech en France, selon le Syntec Numérique . Cette proportion stagne depuis 2013. Elles ne sont que 12 % à diriger des start-up, selon l’Agence du numérique. Le chiffre est accablablant.

Et si on s’attarde sur le capital disponible, on remarque que les rares femmes qui lèvent de l’argent réunissent deux fois moins d’investissements que les hommes. Par conséquent, les dirigeantes ne captent que 2,2 % des financements des fonds d’investissement dans le monde. En France, les neuf plus gros fonds d’investissement français n’ont investi que 2,6 % des fonds levés dans des entreprises cofondées par des femmes sur les cinq dernières années.

Le constat fait réagir. On peut citer notamment des initiatives comme 50inTech, campagne mondiale visant à identifier les femmes entrepreneurs et à créer un réseau mondial inclusif qui les aide à réussir. Ou encore le collectif Sista, fondé en Décembre 2018 et réunissant 22 femmes entrepreneures, dirigeantes, investisseuses, qui ont publié une tribune très remarquée dans Les Echos pour réclamer plus de mixité dans l’économie numérique en France. Pour aller plus loin, il faut dépasser la simple prise de conscience, et identifier comment féminiser les métiers et les emplois dans la Tech.

Tout démarre à sur les bancs de l’école

Il ne s’agit pas de parler de discrimination, mais de remédier à une problématique d’orientation ! Les études d’ingénieur attirent moins de femmes, et le déficit s’accroit dans le temps (56% des femmes dans la Tech quittent leur poste à mi carrière). Même les écoles très égalitaires comme l’Ecole 42 présentent des biais concernant la diversité. En effet, cette école sélectionne ses futurs élèves sans tenir compte de leur diplôme ou de leur passé. Pour y entrer, il faut réussir une épreuve de code qui dure un mois et représente 450 heures de travail. L’objet est de recruter des étudiants ayant « la capacité à être logique et l’envie de réussir » comme l’explique Xavier Niel.

Si l’institution compte parmi ses admis 40% de personnes qui n’ont pas le diplôme du baccalauréat, seulement 15% sont des femmes. Pour remédier à cela, c’est une femme très engagée dans la parité, Sophie Vigier, qui dirige désormais l’école depuis fin 2018. Elle déclarait d’ailleurs dans L’Usine Nouvelle : « nous comptons plus de 4000 étudiants, mais même si nous le souhaitons, nous n’avons pas assez de candidates. Le problème de la place des femmes dans la tech et les milieux scientifiques est global ». Pour y remédier, l’Ecole 42 organise des interventions à Pôle Emploi ainsi que dans les missions locales, ou les écoles primaires.

« L’Intelligence Artificielle se définit comme le contraire de la bêtise naturelle »

Sur le cas de la mixité et la diversité dans le numérique, le rapport en France de la mission Villani sur l’intelligence artificielle est formel : « En dépit d’une féminisation lente, mais progressive des filières scientifiques et techniques, le numérique fait figure d’exception : la parité entre les hommes et les femmes est loin d’y être acquise. […] Ce manque de diversité peut conduire les algorithmes à reproduire des biais cognitifs – souvent inconscients – dans la conception des programmes, l’analyse des données et l’interprétation des résultats. L’un des grands défis de l’IA consiste donc à parvenir à une meilleure représentativité de nos sociétés ».

Nous faisons donc face à un vrai défi en terme de diversité en matière d’IA. Dans plus de 80% des cas, les procédés d’intelligence artificielle ont été mis au point par des « hommes blancs ». Cela pose un problème de biais inconscients, parfois racistes, parfois sexistes… Ainsi, l’IA utilisée par Amazon en 2014/2015 pour trier les candidatures dans le cadre de recrutements écartait les CVs mentionnant des adjectifs féminins. Ce biais s’expliquait par l’entraînement du système sur des candidatures émanant majoritairement d’hommes pour le domaine technique. Cet algorithme a depuis été abandonné, mais l’anecdote est révélatrice.

Renverser cette tendance de manque de femmes dans l’univers de la Tech doit être une de nos préoccupations majeures. La route sera longue, mais la prise de conscience est réelle.

À lire aussi sur le même thème

Les Newsletters du groupe INfluencia : La quotidienne influencia — minted — the good. Recevez une dose d'innovations Pub, Media, Marketing, AdTech... et de GOOD

Bonne idée ! Je m'inscris !

Allez plus loin avec Influencia

the good newsletter

LES FORMATIONS INFLUENCIA

les abonnements Influencia