12 juin 2018

Temps de lecture : 4 min

Intelligences artificielles et homo sapiens, l’amour fou ?

Alors que les puissances technologiques s’installent, mûrissent et s’épanouissent dans une société économique et sociale en pleine transformation, l’Homme s'adapte pour garder la main sur son pouvoir face aux machines. Comment percevoir l'IA et en faire son alliée ? Des réponses se sont profilées au Salon AI Paris qui vient tout juste de se clôturer.

Alors que les puissances technologiques s’installent, mûrissent et s’épanouissent dans une société économique et sociale en pleine transformation, l’Homme s’adapte pour garder la main sur son pouvoir face aux machines. Comment percevoir l’IA et en faire son alliée ? Des réponses se sont profilées au Salon AI Paris qui vient tout juste de se clôturer.

D’ici à 2030, l’intelligence artificielle pourrait entraîner une augmentation du PIB mondial de plus de 15,7 trillions de dollars (si vous non plus, vous ne savez pas combien de zéro il y a dans un trillion de dollars, c’est par ici) (*). Une opportunité commerciale incommensurable qui, même si elle est alléchante d’un point de vue économique, inquiète beaucoup par le bouleversement social qu’elle impose.

Une maîtrise de l’IA qui s’installe

Agent intelligent dans l’amélioration de la relation client grâce à la maîtrise du « Deep Learning » et du « NLP », déploiement du « Machine Learning » pour la classification, analyse prédictive, aide à la décision ou encore autonomisation de tâches de back office palliant à une productivité bancale : depuis qu’on en parle, l’IA a mûri et continue de monter en compétences pour s’inscrire durablement dans la société et passer du statut de « concept » à un usage courant et incontournable.

Sapiens + IA, ça matche vraiment ?

Pourtant en faisant le constat d’une maîtrise de plus en plus crédible et durable de l’IA, la question de l’avenir de l’Homme et de la transformation de son monde et de ses relations, sur un plan tant économique que social se pose tous azimuts comme en témoigne le nouveau livre « Human + Machine » co-écrit par Paul Daugherty, et Jim Wilson,experts en IA d’Accenture. Un essai visant à montrer comment l’entreprise du futur établira une « intelligence collaborative » entre les personnes et les machines.

Même questionnement au salon AI Paris dont la deuxième édition est tout juste close. Au cours de ces deux jours, conférences, rencontres et échanges ont eu lieu sur le sujet des intelligences artificielles pour mieux évaluer leurs enjeux, ambitions et solutions, l’occasion pour INfluencia de particulièrement s’intéresser à la relation homme-machine.  Au programme : Sapiens et IA, ça matche vraiment ? Pourquoi nos neurones ont encore un avenir par le biais de la coopération et du sens ? Pascal Picq, Paléoanthropologue et Maître de conférences au Collège de France et Denis Jacquet, entrepreneur, président de l’Observatoire de l’ubérisation et fondateur de Day One, apportent des éléments de réponse à ces deux problématiques.

Hommes et sociétés : une co-évolution

Partant du principe que l’Homme ne progresse jamais seul mais toujours en co-évolution avec les natures qui l’entourent, l’IA se place en quelque sorte au même rang que les animaux : une « espèce » avec laquelle l’homme se transforme. Une transition qui s’impose de manière brutale, changeant notre écosystème en un « espace digital Darwinien » comme l’explique Pascal Picq : « des personnes avec très peu d’investissement -et c’est ça même l’essence de l’Uberisation- peuvent bouleverser l’ordre économique et social de nos sociétés ».

Le souci est que l’on ne mesure pas tout à fait l’impact de l’IA et de ses technologies et qui sont à double tranchant en nous permettant -en tant qu’acteurs- de communiquer et de percevoir le monde extrêmement rapidement. En effet, qui aurait parié que Facebook ou Twitter soient à l’origine d’un Printemps Arabe, des spéculations financières, numériques… et de l’avènement des informations tronquées ou fausses ?

Un avenir difficilement prédictible pour les IA

Quand en 1956, John McCarthy et Marvin Lee Minsky inventent le mot-valise « intelligence artificielle », nous sommes alors loin de nous imaginer de la multiplicité de ces intelligences que nous devons aujourd’hui appréhender et sélectionner minutieusement aux vues des impacts qu’elles peuvent avoir sur nos sociétés. Et « pour ce qui est de la capacité de comprendre des similitudes d’intelligence avec d’autres espèces, la France est mauvaise élève », souligne Pascal Picq, une réflexion qu’il aborde dans son prochain livre en cours de rédaction dont le titre parle de lui-même : « Les IA et les chimpanzés du futur ». En effet, selon lui, « la France est un pays cartésien -logique et rationnel-, donc philosophiquement mal outillé pour aborder la culture IA ». Une des raisons donc de l’anxiété éprouvée par les parties prenantes face à la grandissante prise de pouvoir de l’intelligence artificielle.

Pour Denis Jacquet, il est normal que l’homme se questionne sur sa place dans une société où productivité doit régner et où la transition démographique de l’emploi est sans appel : « le grand mot qui fait peur en France c’est la perte de la productivité ». « La mémoire consciente et inconsciente dans laquelle nous puisons notre créativité est de plus en plus externalisée en « Cloud » et vient alors la question d’une coopération homme-machine pour équilibrer et rassurer », poursuit-il. « Nous sommes très anxieux car nous avons peur que l’IA prenne la place des Hommes : un archaïsme anthropologique qui manque de réflexion, centré sur l’Homme seulement et non sur la société », ajoute Pascal Picq. La solution ? Parler de coopération et donner du sens à l’utilisation faite des intelligences artificielles. « Nous devons nous percevoir comme les artisans du monde qui vient », termine Pascal Picq.

Pour en savoir plus sur le salon de conférences et exposition AI Paris, cliquez sur la photo ci-dessous !

(*) étude du cabinet d’audit PwC

Pour en savoir plus sur le sujet, cliquez sur la photo ci-dessous et consultez le n°26 de la revue INfluencia : Intelligences humaines et artificielles. Et pour vous y abonner, c’est par ici.

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