24 mars 2019

Temps de lecture : 3 min

Irréelles jusqu’ à la dépression

Il est temps d’alerter les jeunes sur les ravages que les filtres utilisés pour déformer l’image de soi sur les réseaux sociaux , peuvent provoquer chez eux. Cette irréalité est la suite logique et malheureuse de la pub qui embellit les visages, allonge les jambes, réduit les tailles, affine les nez, etc. et de son corollaire et complice, la presse féminine…

Il est temps d’alerter les jeunes sur les ravages que les filtres utilisés pour déformer l’image de soi sur les réseaux sociaux , peuvent provoquer chez eux. Cette irréalité est la suite logique et malheureuse de la pub qui embellit les visages, allonge les jambes, réduit les tailles, affine les nez, etc. et de son corollaire et complice, la presse féminine…

C’est dans le cadre d’un partenariat avec Visual Diet, qui mesure l’impact des images sur la santé mentale, que les agences M & C Saatchi et MTArt ont demandé à Rankin, photographe de renom, de travailler autour des dangers engendrés par l’imagerie irréelle fabriquée de toutes pièces par les filtres mis à disposition des jeunes sur les différents réseaux sociaux. Ce phénomène bien connu de « dysmorphie Snapchat », produit un type de trouble dysmorphique du corps virtuel. Ces applications s’appellent Facetune, SelfieCity, RetouchMe mais comme l’explique Rankin ce ne sont pas elles qui sont les plus effrayantes, Photoshop l’est bien plus car il s’approche de la réalité en induisant l’étrangeté. Rankin a donc imaginé Selfie Harm afin de dénoncer et d’alertes rel grand public sur cette problématique en photographiant des jeunes personnes, filles, garçons, au naturel. Leur a ensuite confié l’image, en leur demandant de faire les modifications qui selon eux, les rendraient idéalement « prêts » pour affronter le regard des autres sur les réseaux. Et voilà le résultat. (images et film ci-dessous). `

Chagrin, anxiété…

Si l’écart entre ces images dédiées aux réseaux, provoquent chagrin, anxiété accrue et dysmorphisme, elles sont aussi l’objet de passages à l’acte tels que le recours à la médecine esthétique. Alors que cette dernière était pratiquée par des femmes de 35, 40 ans, elle est maintenant le fait de très jeunes. Maryna Taieb, médecin esthétique qui opère des modifications depuis plus de trente ans, le temps suffisant pour constater que l’addiction à l’acide hyaluronique, au botox et autres méthodes a bien évolué, prévient elle aussi des ravages quepeuvent produire ces images idéalisées. « Il y a encore dix ans, les femmes m’apportaient des magazines féminins avec en tête l’idée de devenir comme Charlize Théron, ou Jennifer Lopez. J’avais beau leur expliquer, qu’il s’agissait là de photos retouchées, et qu’il ne fallait pas tomber dans le piège de ce miroir aux alouettes, rien n’y faisait », explique-t-elle, aujourd’hui celles-ci, viennent à mon cabinet munies de photographies d’elles-mêmes transformées par photoshop qu’elles travaillent sur Instagram ou snapshat ».

Moi en mieux ?

A priori, on pourrait imaginer que ce n’est ni mieux ni pire qu’avant. Sauf que, comme le souligne ce médecin installé près du Trocadéro, « par le passé, il s’agissait de ressembler à une autre, une star, une idole, et que désormais, c’est leur propre image qu’elles veulent pouvoir améliorer. Pire, elles sont persuadées que ce visage qu’elles souhaitent, ne bougera plus jamais, malgré le temps qui passe ». Le fléau est d’autant plus alarmant que, ces jeunes filles viennent dès leurs 18 ans, accompagnées de leurs mères, qui offrent à leur progéniture, cette première mutation pour leur majorité », poursuit-elle. Si le phénomène est connu en Corée du Sud, car la société exige des jeunes filles qu’elles correspondent à des canons de beauté bien précis (mentons rongés, yeux arrondis, visages affinés) afin d’être prise en entreprise dès 22 ans, et de trouver un mari à 25 ans, la France semblait à l’abri de ces excès jusqu’à maintenant. « La jeune femme qui vient me rendre visite, le fait désormais, comme elle fait une manucure, ou un balayage pour les cheveux . Elle ne songe en aucun cas à ce que l’introduction de produits dans la peau peut induire» .

Une addiction qui fait des ravages

«Et les mères, sont contrairement à ce que l’on pense, complétement obsédées par le fait que leurs filles soient parfaites ». Ce phénomène se calme vers les 35 ans, au moment où les femmes se stabilisent, sont bien dans leur peau, se marient ont des enfants. Reste que pour celles qui ne sont pas épanouies, seules, la médecine esthétique, quand ce n’est pas la chirurgie, devient une addiction, pour gagner une course contre la montre perdue d’avance. « Certaines patientes viennent en me disant droit dans les yeux qu’elles n’ont rien fait, alors qu’il suffit d’un regard pour comprendre qu’elles consultent plusieurs professionnels, la semaine précédente, et ont déjà réalisé des injections de botox ou d’acide hyaluronique. Or tout le problème est que si certains professionnels travaillent sur la psychée de ces femmes ou hommes, d’autres ne se sentent aucunement responsables de ce que ces personnes sont malades et prêtes à tout.. « En cela, le travail de Rankin est intéressant, conclut-elle, encore faudrait-il l’utiliser à grande échelle pour mieux alerter tous ceux qui pensent que la solution est là ». Sans compter les problématiques psychiques lourdes qui s’y affèrent.

Allez plus loin avec Influencia

the good newsletter

LES FORMATIONS INFLUENCIA

les abonnements Influencia