14 mars 2016

Temps de lecture : 3 min

Dépoussiérer l’iconographie pour renforcer sa communication

Quand un mouvement international pour la destruction des armes nucléaires décide de re-brander son iconographie, cela donne une campagne participative qui confirme le pouvoir de l’image et de l’art comme vecteurs de changement.

Quand un mouvement international pour la destruction des armes nucléaires décide de re-brander son iconographie, cela donne une campagne participative qui confirme le pouvoir de l’image et de l’art comme vecteurs de changement.

En donnant son accord pour rallonger la durée de vie de dix ans des centrales nucléaires en France, Ségolène Royal a rallumé la flamme contestatrice des ennemis de l’atome. Dans certains pays européens, notamment l’Allemagne, les associations et ONG anti-nucléaires pèsent du poids digne d’un lobbyste bruxellois. Dans d’autres, comme chez nous, les partisans de son extinction restent cantonnés à aboyer pour presque rien. Aux Etats-Unis, terre de charbon, ils sont carrément estampillés gauchistes dangereux. Au-delà des poids d’influence respectifs, qu’est-ce qui mondialement peut rassembler ce mouvement anti-nucléaire en quête d’homogénéité du message et des symboles ? Un re-branding visuel, évidemment !

Parce que le pouvoir de l’image dépasse les frontières et les langues, le mouvement international Global Zero, qui se bat pour l’éradication totale des 15 000 armes nucléaires recensées sur terre, a lancé le 3 mars une campagne participative de modernisation iconographique. En partenariat avec Creative  Action Network, qui a sollicité les artistes et designers de son réseau mondial (et surtout ceux des pays équipés de l’arme non conventionnelle, dont la France), Global Zero dépoussière l’imagerie traditionnelle de la cause anti-nucléaire.

Fini le vieillot Peace and Love de la contre-culture écolo-hippie des années 60 et 70, « il était temps de créer des nouvelles images puissantes pour communiquer visuellement sur l’urgence d’atteindre la promesse d’un monde sans arme nucléaire », explique Aaron Perry-Zucker, le co-fondateur de Creative Action Network, dans un post publié sur le blog du collectif international. La collection crowdsourcée rendue publique, début mars, est pour l’instant limitée à 50 dessins.

Une nouvelle imagerie pour une nouvelle tonalité

Une collection qui bénéficie toutefois d’une stratégie pour sa distribution et son exposition comme l’explique Derek Johnson, executive director de Global Zero : « Au fil de l’année nous ferons la promotion de ces créations artistiques dans la presse et sur les médias sociaux. Elles seront également présentes dans des manifestations, des évènements publics, des galeries, des expositions universitaires et des conférences. Chaque œuvre est aussi disponible à l’achat en posters ou imprimés sur des vêtements et des goodies. Les bénéfices seront partagés entre Global Zero et l’artiste contributeur ».

Si cette campagne conforte l’art comme vecteur de changements sociétaux, elle confirme surtout le pouvoir de l’iconographie comme levier marketing et publicitaire capable, dans le cas d’un mouvement humanitaire, social, pacifiste de relayer le message d’une cause sans le moindre mot. « L’art influence la manière dont nous voyons le monde et nous dévoile de nouvelles perspectives et possibilités », développe Derek Johnson « Bien sûr que nous essayons d’éradiquer les armes mais en fin de compte nous remettons surtout en cause le mythe de la force persuasive du nucléaire. Nous avions besoin pour cela d’un virage profond de l’imagerie du mouvement et faire appel aux artistes de la nouvelle génération, peut nous permettre d’imposer une nouvelle tonalité du message ».

Les anciens symboles rendaient le message irréaliste

Pour bien comprendre ce besoin de re-branding et la puissance des nouveaux designs comme symboles modernisés, ses autres arguments jouent la pertinence : « Il y a 34 ans, un million de personnes marchait dans les rues de New York pour demander la fin de la course à l’armement nucléaire. Cela reste la plus grande démonstration publique de l’histoire récente des Etats-Unis. Mais depuis la fin de la Guerre Froide le degré de préoccupation populaire a fortement baissé. Il faut faire voler en éclats cette complaisance et remettre les gens dans l’action. Pendant des décennies les fleurs et le « peace and love » représentaient le mouvement, telle une marque. Mais ces symboles ne résonnent plus en 2016 et renforcent même l’idée que le message n’est pas réaliste puisqu’il réchauffe une vielle demande des années 60. Il fallait résoudre ce problème ». C’est fait ! Reste maintenant à voir comment réagiront les citoyens.

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