6 juin 2018

Temps de lecture : 3 min

Recherche followers désespérément

Les comptes de la ville de Marseille sont globalement moins suivis que ceux des autres grandes villes françaises sur les réseaux sociaux. Et pour cause, ces-derniers sont souvent mal utilisés.

Les comptes de la ville de Marseille sont globalement moins suivis que ceux des autres grandes villes françaises sur les réseaux sociaux. Et pour cause, ces-derniers sont souvent mal utilisés.

Marseille est à la traîne sur les réseaux sociaux! La ville ne réunit que 28 000 followers sur Instagram, soit à peine plus que Nantes (26 000) et deux fois moins que Lyon (56 000), en dépit d’un décor de carte postale, que la ville essaie pourtant de mettre en valeur, notamment sur le réseau détenu par Facebook. Chaque jour, @villeMarseille poste photos et vidéos des Calanques, du Vieux-Port ou de la Bonne Mère. Cependant, le cadre ne fait pas tout. La stratégie de communication, la manière d’utiliser ces réseaux… voilà qui est tout aussi, voire, plus important encore. Et c’est justement là, où pêche la Ville.

@villeMarseille: un relai institutionnel

“ Tout est à revoir ”, assure Antonin Artaud, creative digital strategist pour l’agence de communication Jefferson and son. “ On voit très bien qu’il n’y aucune ligne éditoriale en parcourant les comptes de Marseille sur les différents réseaux ”. Le relai de l’institutionnel et celui de l’office de tourisme font office de contenu sur les comptes de la ville respectivement sur Twitter et Instagram. En effet, la cité phocéenne accorde une – trop – grande place aux posts des Marins Pompiers de la ville, de l’Olympique de Marseille ou d’autres institutions locales, qu’elle retweete quasi-quotidiennement.

Si la ville partage ces publications, elle n’est pas vraiment active sur ses biais de communication digitale: elle a tweeté moins de 10 000 fois en huit ans de présence sur ce réseau social. Elle y gagnerait en s’adressant de manière plus active à son audience. “ Il faut que la ville dynamise réellement ses comptes ”, affirme Laurence Bricteux, experte en marketing digital. “ Le public a besoin de sentir la présence d’une vraie équipe sur le terrain, aujourd’hui on ne sait même pas si quelqu’un s’occupe réellement d’alimenter les réseaux sociaux ”. Une question qui ne trouvera pas réponse. Contactée à ce sujet, la ville a refusé de livrer tout commentaire.

De nombreux tweets de la ville de Marseille concernent les institutions locales, en particulier l’Olympique de Marseille

La ville de Marseille et ses élus rédigent de nombreux tweets concernant l’OM

La ville ne fait que très peu de messages informatifs, tels que celui-ci, à l’attention de sa motivation

Les marins-pompiers de Marseille, une autre institution locale énormément mise en avant par la cité phocéenne

Marseille en négatif

Si une “ vraie équipe ” est présente, elle ne se charge donc que de relayer des informations institutionnelles, sa communication est sans parti pris. Pourtant, Antonin Artaud l’assure: “ être neutre, ça ne marche pas. Il faut être soit dans le “ tout positif ”, soit dans le “ tout négatif ” pour marquer les gens. Pour ce qui est d’une ville, il est évident que le contenu doit évoquer ce qui va bien ”. Pour faire dans le “ tout positif ”, la ville pourrait, pour commencer, indiquer aux Marseillais ce qu’il se passe réellement chez eux, donner des “ infos pratiques ”. “I l y a un vrai déficit au niveau de la stratégie d’information de la ville ”, analyse Roch Giraud, ex-directeur adjoint de la communication de la capitale européenne de la culture Marseille-Provence en 2013.

“ Aujourd’hui les réseaux sociaux ont pris une importance gigantesque dans la communication de toutes les institutions. Pourtant, certains services comme “ Allô Mairie ” (un service que n’importe quel citoyen marseillais peut appeler pour signaler une anomalie ou poser une question, ndlr) ne sont joignables que par téléphone. Personne sur les réseaux sociaux ne peut actuellement répondre aux Marseillais et ce n’est pas normal ”, renchérit  Antonin Artaud. Rester à l’écoute des habitants, mais également partager des actualités positives avec eux… “ Avec tout ce qu’il se passe à Marseille, il y a même matière à poster une quarantaine de tweets par jour ”, poursuit-il. Seulement, si la municipalité ne le fait pas, d’autres s’en chargent via des pages Facebook qui comptent des dizaines de milliers de “ likes ”. “ Les Marseillais ont un rapport passionnel avec leur ville. On le voit notamment avec “ Made in marseille ” et “ Marseille à la loupe ” qui connaissent un grand succès ”, explique Laurence Bricteux. “ Les habitants se sentent vraiment concernés par plusieurs problématiques, comme celle des déchets par exemple. Ils apprécient de voir des médias en parler autrement, d’apprendre que certains veulent résoudre des problèmes qu’ils connaissent ”.

Une utilisation old-school des réseaux sociaux

Cette absence de “ positive attitude ” n’est pas sans conséquence pour les comptes de la mairie. Sans cela, les Marseillais n’interagissent et ne relaient pas les posts de la cité phocéenne. Deux ou trois “ RT ” par post, un chiffre dérisoire vis-à-vis de ce qu’est et représente Marseille. “ Pour l’instant, l’état d’esprit de la ville c’est “je poste puis j’attends qu’on partage mon contenu ”, atteste Antonin Artaud, qui enseigne également la communication à l’European Communication School de Marseille. “ Ce sont pourtant des réseaux sociaux, c’est donc totalement contradictoire ! Ce ne sont pas des outils de communication descendante, classique. Il faut de la discussion entre un compte et ses abonnés. C’est comme en amour: il faut donner pour recevoir ”.

Cet article a été écrit par Anthony Guttuso

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