12 décembre 2016

Temps de lecture : 4 min

Un « 18 trous » (ré)créatif au cœur de Londres, isnt it ?

Distraire et innover, c’était le dessein du Visionary Crazy Golf, porté au printemps dernier par Paul Smith et un collectif créatif, mais qui n’a pas fait le « PAR » faute de budget. Pourtant, la gamification, notamment via le sport, donne une dimension joueuse à la ville en développant des connexions avec ses atours, ses alentours et ses badauds. Et permet aux marques partenaires de s’extérioriser au travers d’un medium qui engage le citadin.

Distraire et innover, c’était le dessein du Visionary Crazy Golf, porté au printemps dernier par Paul Smith et un collectif créatif, mais qui n’a pas fait le « PAR » faute de budget. Pourtant, la gamification, notamment via le sport, donne une dimension joueuse à la ville en développant des connexions avec ses atours, ses alentours et ses badauds. Et permet aux marques partenaires de s’extérioriser au travers d’un medium qui engage le citadin.

Transformer pendant une semaine Trafalgar Square, épicentre de Londres et écrin de la colonne Nelson, en un parcours de golf, fallait oser ! De façon futuriste, ludique, créative et fonctionnelle pour l’ouvrir gratuitement au grand public, en confiant sa conception à pas moins de 9 architectes, designers ou artistes parmi les plus renommés dans le monde, c’était encore plus fou. C’est pourtant le pari qui a été tenté au printemps dernier par un collectif emmené par Paul Smith (initiateur et coordinateur), après plus de 9 mois de réflexion et de conception. Ce projet devait se dérouler en septembre 2016 pendant The London Design Festival, qui accueille volontiers ce genre d’expérience à l’instar du tournoi d’échec organisé sur un plateau automate géant conçu par Jaime Hayon en 2009.

Malheureusement, il n’a pas vu le jour, faute de monnaie sonnante et trébuchante. En effet, son financement passait par des sponsors et par une collecte sur Kickstarter entre avril et juin 2016. Notamment parce qu’en tant que projet dédié au grand public, celui-ci devait aussi y collaborer en versant son obole qui pouvait aller de 5£ à 5000£. Contre évidemment des récompenses à la hauteur de chaque investissement (paire de chaussettes dessinées spécialement par Paul Smith, une journée dans un studio de tel ou tel architecte, des billets d’entrée prioritaires pour le parcours…), mais toujours avec l’assurance d’avoir son nom inscrit sur le mur des donateurs. Or au terme de cette campagne de financement participatif qu’on pouvait suivre avec le hashtag #VisonaryGolf, « seulement » 23 083 livres auprès de 492 donateurs ont été récupérées sur les 120 000 nécessaires. Ce qui n’est pas anodin pour une opération ponctuelle.

Pourtant il est intéressant de s’y attarder, car ce projet propose une lecture rafraîchissante de la ville autour de la « gamification ». Une dynamique dont sont très friands les citadins comme le rappelle systématiquement leur engouement pour des animations telles que celle sur l’avenue des Champs Elysées transformée en aérodrome pour drones, la production d’électricité via des stations Vélib pendant la Cop 21… mais aussi pour les diverses courses à pied -du type La Parisienne- intra muros qui créent une émulation sportive et amusante et qui rayonnent hors les murs. Des manifestations en plein air qui cassent la routine, suscitent une connexion et font appréhender la cité et ses alentours dans une autre dimension. Le parfait cocktail pour une communication où les marques peuvent s’extérioriser différemment, directement ou indirectement. L’impact démultiplié d’une telle expérience était évident, car en choisissant de s’adosser à The London Design Festival, qui avait généré, en 2015, un trafic de plus de 375 000 personnes issues de 75 pays, la Visionary Crazy Golf s’assurait une audience locale, nationale et internationale. D’ailleurs la genèse du projet a été largement relayée et soutenue par une bonne quinzaine de magazines ou quotidiens.

Un projet pour le public d’où une campagne de financement participatif sur Kickstarter

L’idée ambitieuse du Crazy Golf Course, adoubée par la mairie de Londres, était donc toute simple : profiter de The London Design Festival, manifestation annuelle dédiée au design à travers 400 expositions ou mises en scène, pour donner carte blanche à des créatifs afin qu’ils dessinent un « 18 trous » urbain et visionnaire. En s’appropriant la topographie et les éléments architecturaux du lieu tout en jouant avec la thématique de la manifestation culturelle. Avec comme seul objectif, l’ouvrir à tous : pros, amateurs ou néophytes. Mais aussi susciter des envies inventives chez d’autres designers pour les éditions suivantes.

Et de la créativité il en a été question, permettant à chacun de montrer sa capacité à innover sur un sujet aussi sérieux et attendu qu’un parcours de golf. Ainsi, l’escalier de la National Gallery aurait arboré les fameuses rayures de Paul Smith, tandis qu’il aurait mené à un club house néo classique revisité faisant ainsi écho au musée, et que ses colonnes auraient été recouvertes de gazon. Zaha Hadid avait conçu un trou à double niveau au tracé escarpé suivant les ombres de la colonne Nelson. Celui de Tom Dixon était un entonnoir conduisant à un enchevêtrement de tuyaux pneumatiques où les balles prenaient de la vitesse ; celui de Mark Wallinger était un labyrinthe détourné ; celui du studio japonais, Atelier Bow Wow, un terrain d’entraînement transposé.

Quant à celui d’Ordinary Architecture, il s’agissait d’un pigeon géant au travers duquel les balles devaient circuler. Beaucoup d’imagination aussi du côté d’autres créateurs comme Camille Walala, Hat Projects représenté par Tim Hukin et Neon qui avaient l’espoir de bâtir un pavillon miniature où ils auraient donné leur vision de l’architecture du futur. Offrant une vraie source d’inspiration et de divertissement aux spectateurs, petits et grands, grâce à des formes et des couleurs tout sauf moroses. Avortée dans l’œuf, cette idée éphémère et audacieuse de « Visionary Crazy Golf » mériterait d’être concrétisée. Car tout en sortant un sport de son cadre, elle milite pour de la curiosité, de la couleur, de l’espièglerie, du partage, du mouvement sur fond de distraction.

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