18 avril 2018

Temps de lecture : 3 min

Et si Cambridge Analytica était la meilleure chose qui pouvait arriver à nos enfants ?

Cambridge Analytica est clairement identifiée comme une société aux pratiques douteuses -et pas seulement sur la data. Une affaire d'autant plus préoccupante que pour Marc Zuckerberg, la vie privée est une notion obsolète. Ses priorités sont évidentes et le malaise est général. Pour le meilleur ? A condition que des pare-feux s'activent comme une régulation édictée par les institutions et une responsabilisation de chacun.

Cambridge Analytica est clairement identifiée comme une société aux pratiques douteuses -et pas seulement sur la data. Une affaire d’autant plus préoccupante que pour Marc Zuckerberg, la vie privée est une notion obsolète. Ses priorités sont évidentes et le malaise est général. Pour le meilleur ? A condition que des pare-feux s’activent comme une régulation édictée par les institutions et une responsabilisation de chacun. 

On leur dit, aux adolescents, qu’il faut faire attention à ce qu’ils postent sur Facebook ! Que plus tard un recruteur pourrait leur refuser un job à cause de ces photos d’eux visiblement éméchés au mariage de tante Lulu ! Néanmoins entre gratification instantanée et punition future, notre chère progéniture choisit toujours le shoot de dopamine de la récompense immédiate. Les spécialistes des neurosciences ont même prouvé qu’un like engendre un stimulus similaire à celui d’une drogue. Cependant, si la mécanique d’affichage de la vie privée est clairement visible et compréhensible par les digital natives, la menace est plus floue pour le ciblage et la manipulation des données personnelles.

Même si nous trouvons curieux de voir apparaître des bannières sur une nouvelle crème solaire après avoir réservé un billet pour Miami, nous sommes réticents à admettre que nous sommes ciblés, que pour gagner de la facilité d’usage, nous concédons aux GAFA le droit de tout savoir sur nous et de s’en servir pour générer des Mds$. Or la totalité de ce revenu provient de la publicité ciblée. Toute la valeur de Facebook repose sur la data personnelle de ses 2,2 mds d’utilisateurs. Comment serait-il possible que la plateforme puisse renoncer à l’exploiter ?

Selon TechCrunch, Facebook a franchi la ligne rouge plus de 30 fois depuis 2004 : en 2009, en supprimant la possibilité pour les internautes d’effacer leurs données, ou en 2016, en aspirant toutes les données de WhatsApp, fraîchement rachetée sans l’aval des internautes. Chaque fois, le géant californien, pris la main dans le pot de confiture, s’est excusé et a fait demi tour… Mais le point crucial reste que Marc Zuckerberg a clairement déclaré que la vie privée était pour lui une notion obsolète. Ses priorités sont évidentes. L’intérêt du scandale Cambridge Analytica, est bien de mettre en exergue le danger de certaines pratiques pour des choses aussi fondamentales que nos choix politiques ou notre modèle social.

Remettons l’église au milieu du village

Cambridge Analytica est clairement identifiée comme une société aux pratiques douteuses (et pas seulement sur la data) qui œuvre à déstabiliser des élections dans de nombreux endroits, comme l’explique Chris Wylie, un de ses ex collaborateurs qui a révélé le pot aux roses. Ils ont influé sur le Brexit, l’élection de Trump, et bien d’autres. Ce sont eux « les méchants » ! Le fait qu’ils aient siphonné 87 millions de profils (1,5 fois la population française) fait forcément le buzz. Certes les GAFA (et autres) vendent nos données, mais ils ne s’en servent pas pour nous envoyer faire la guerre en Syrie. Ce qu’on peut leur reprocher c’est de ne pas sécuriser cette data.

La data est comme la langue d’Esope, c’est la pire et la meilleure des choses. En tant qu’utilisateurs, nous sommes ravis, grâce aux cookies ou aux logins, de ne pas avoir à ressaisir nos coordonnées pour un billet de train et de se voir proposer des livres qui ont été appréciés par des gens qui partagent nos goûts. C’est cette faille qu’exploitent les data scientists : le caractère tribal des liens créés dans les réseaux sociaux nous rend prévisibles. Il suffit d’une douzaine de « like » pour avoir une idée de ce que je pourrais voter, et créer des narrations ad-hoc, pour moi et les gens qui pensent comme moi.

La vraie question est de savoir où se situe la ligne à ne pas franchir

On ne peut pas attendre des GAFA, dont l’objectif est d’accroître leur profit et leur valorisation, qu’ils fournissent le chanvre de la corde pour les pendre. En revanche, Cambridge Analytica éveille les consciences, du public et des états, sur les dangers d’un outil qui ne va faire que se perfectionner. Les objets connectés recueillent chaque jour davantage d’informations, notre mobile nous localise à chaque instant, et l’intelligence artificielle donne l’espoir aux entreprises digitales de pouvoir traiter des masses croissantes de données et de savoir prédire. Nous avons certains bienfaits à tirer de tout cela, à condition qu’une régulation fasse le nécessaire pour que nous ne soyons pas à la merci du premier malandrin, surtout s’il a des moyens.

Cette régulation peut venir des états, et le GDPR est une première tentative forte. Reste a savoir si sa mise en place est réaliste face à des entreprises/empires transnationales -Facebook injecte des millions en lobbying et ce chiffre gonfle chaque année. Mais la régulation doit surtout venir de nous, d’une responsabilisation qui nous amène à modifier nos usages. C’est d’ailleurs la fronde populaire qui, à chaque fois, a fait reculer Marc Zuckerberg. Aujourd’hui les gens installent des Adblockers et les annonceurs et les supports ont du revenir à des formats moins intrusifs. A la suite d’un choc approprié, c’est donc possible. En ce sens, Cambridge Analytica est sûrement la meilleure chose qui pouvait arriver à nos enfants !

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