27 mai 2019

Temps de lecture : 3 min

Le Skateboard, ou la glissade de l’underground au mainstream

L’École de Condé Nancy organise jusqu'au 29 mai une exposition intitulée « Parafonctionnalisme ». Pour le photographe Fred Mortagne et le sculpteur Raphaël Zarka, l’objectif était d’inviter les visiteurs à une réflexion sur l’influence du skateboard dans la redéfinition du territoire urbain.

L’École de Condé Nancy organise jusqu’au 29 mai une exposition intitulée « Parafonctionnalisme ». Pour le photographe Fred Mortagne et le sculpteur Raphaël Zarka, l’objectif était d’inviter les visiteurs à une réflexion sur l’influence du skateboard dans la redéfinition du territoire urbain.

Dans les années 70, le skateboard débarque en France après un succès éclair outre-Atlantique. À mi-chemin entre un loisir et un mode de circulation, l’art de la planche à roulette séduit immédiatement, et contrairement aux idées reçues, le grand public. « Rendez-vous compte, même RTL avait sa propre émission de skate, sponsorisée par Hollywood chewing-gum et Pepsi ! », raconte amusé Thierry Dupin, premier rider professionnel français. On était loin, très loin, de l’image contestataire, no future, que l’on associera ensuite aux amateurs. Les plus jeunes s’en donnaient à coeur joie.

Mais la suite on la connait : fin des 70’s, les Z boys, mythique collectif de riders californien, révolutionne la pratique et la fait passer d’un loisir anodin à une discipline de casse-cou, visuellement spectaculaire. Dès lors, le skate n’apparait plus comme un simple sport de glisse mais comme une composante essentielle d’un univers beaucoup plus large -à la manière du surf avant lui-. Une culture nouvelle à laquelle on associera différents codes, tels que les jeans baggy, la musique punk, les cheveux gras, un irrespect total des lois -surtout du code de la route-, et j’en passe. Si certains éléments s’apparentent plus à des stéréotypes, une chose est sur : à partir des années 80 et jusqu’au début des années 2000, la pratique du skateboard représente l’un des terrain d’expression alternatif privilégié des jeunes à travers le monde. Ses figures de proues étant aussi idolâtré que les riders du dimanche étaient détesté des plus anciens.

Mais si je vous disais que cette vision du monde, qui a tant fait grincer des dents en son temps, n’étaient plus seulement tolérée mais partagée ? Loin, très loin, de ses origines underground donc. Jusqu’au 29 mai prochain, L’École de Condé Nancy organise avec la Maison de l’Architecture de Lorraine une exposition intitulée « Parafonctionnalisme » pour présenter les œuvres du photographe Fred Mortagne et du sculpteur Raphaël Zarka. Cet événement co-produit avec les étudiants de 2e année du Bachelor Design d’Espace de l’école propose une lecture artistique des problématiques urbaines et architecturales par le prisme du skateboard, outil de réappropriation de la ville.

Culture urbaine & Architecture au service de la ville

42 photographies de Fred Mortagne, plus connu sous le nom de Fred French, seront exposées et accompagnées d’une œuvre architecturale « vivante » et modulable de Raphaël Zarka représentant un skatepark composé de 14 modules en bois permettent d’évoluer à la fois en rapport avec l’espace que l’œuvre habite et les usages projetés. En lien avec la volonté de l’artiste et des envies de la pratique des skateurs, la sculpture s’assemble, s’éclate, s’élève pour offrir une expérience unique à chaque démonstration. La scénographie de cette exhibition a été réalisée avec les étudiants en deuxième année de Bachelor Design d’Espace de l’École de Condé Nancy qui ont été dirigés par Fred Mortagne au cours d’un workshop dédié.

Photographe lyonnais, Fred French est également un vidéaste passionné par l’univers du skateboard. Son travail photographique explore les relations intimes existantes entre la pratique du skateboard et la construction des villes. Le skate dans la rue c’est l’art de s’approprier la ville et de la détourner de sa fonction première. Les skaters sont ici considérés comme des acteurs qui transforment la ville en un énorme terrain de jeu, à l’instar des usagers passifs de la cité.

Raphaël Zarka a choisi lui de s’exprimer avec la sculpture, le dessin ou encore la vidéo. Auteur de plusieurs ouvrages sur la relation existant entre le skate et la ville, il a conçu et créé l’œuvre « Paving Space » constituée de sculptures modulaires qui empruntent ses formes aux modèles réalisés par le mathématicien et cristallographe Arthur Schoenflies. Cette démarche artistique est à l’origine d’un film intitulé « Topographie anecdotée du saketboard », réalisé en 2008. Dans ce film, Raphaël Zarka met en lumière le regard que portent les skateurs sur la ville qui représente pour eux un ensemble de matériaux et de formes évoquant un jeu de construction. Ils associent les formes détournées de leurs usages pour produire du mouvement et évoluer dans les différents paysages qu’offre l’architecture des villes. En espérant que les pouvoirs publics et les urbanistes entendent ce message et incluent davantage ces aventuriers du bitume dans leurs réflexions. Ou pour que Tony Hawk dessine la future flèche de Notre-Dame…

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