12 décembre 2016

Temps de lecture : 8 min

La ville mène le jeu

La ville, un terrain de jeu où s’évader, s’émerveiller, bouger, échanger, vivre une expérience mémorable, marier le virtuel et le physique et partager la magie du lien social ? Une hypothèse mille fois vérifiée avec la 4ème édition de Playable City Award. Une compétition internationale créée par Watershed qui challenge des artistes, des créateurs, des architectes et des professionnels de l’événementiel ou des nouvelles technologies sur la problématique de la ville. Cette année, le thème était le voyage. Les 8 finalistes ont été inspirés.

La ville, un terrain de jeu où s’évader, s’émerveiller, bouger, échanger, vivre une expérience mémorable, marier le virtuel et le physique et partager la magie du lien social ? Une hypothèse mille fois vérifiée avec la 4ème édition de Playable City Award. Une compétition internationale créée par Watershed qui challenge des artistes, des créateurs, des architectes et des professionnels de l’événementiel ou des nouvelles technologies sur la problématique de la ville. Cette année, le thème était le voyage. Les 8 finalistes ont été inspirés.

L’attractivité est un des enjeux de la ville, quelque soit sa taille et sa situation géographique, pour faire vivre son centre, pour garder ses commerçants, pour attirer des investisseurs, pour dynamiser le tourisme, pour répondre aux attentes de ses différentes populations… Un sujet très sérieux (en raison des retombées socio-économiques) mais qui ne doit pas être traité en se prenant trop au sérieux, car touchant directement une population en quête de légèreté et de distraction. Alors beaucoup d’entre elles créent l’événement autour de manifestations culturelles, sportives ou officielles. Pourtant, elles sont à l’affût d’autres expériences qui les font percevoir différemment : intergénérationnelle, joueuse, accessible, curieuse, ouverte… vivante et (ré)créative donc.

Leur inspiration peut venir spontanément ou d’agences spécialisées mais aussi de concours où des artistes, des créateurs, des architectes et des professionnels de l’événementiel ou des nouvelles technologies proposent leur innovation, leur concept pour animer avec pertinence ces lieux urbains. Tel est le cas de Playable City Award, compétition internationale créée par Watershed et qui, pour sa 4ème édition, a récompensé en septembre 2016, le projet britannique, Stop Smile Stroll (voir ci-dessous). Challengé comme les autres sur le thème du voyage et préféré à 7 finalistes -retenus parmi 81 dossiers venus de 34 pays- celui-ci a séduit le jury par sa capacité à exploiter les passages piétons ainsi que les données de la ville. Permettant ainsi de créer des expériences entre les passants et les communautés locales en les invitant soit à faire la fête soit à partager un moment de réflexion le temps d’un feu rouge. Outre un prix de 30 000 £, Hirsch & Mann, l’équipe lauréate sera épaulée par Watershed pour développer et tester son projet à Bristol avant de l’exporter dans d’autres villes dans le monde.

En découvrant les 8 prétendants à la première place, le constat est clair : chaque compétiteur laisse une grande place au jeu, au rêve, à l’intuition, au lien social, à l’échange, à la proximité, la mixité, au mouvement, à l’accessibilité, au mariage du physique avec le virtuel. Extirpant la cité de ses habitudes, la tournant vers l’avenir et impliquant ses communautés tout en préservant son écosystème et son environnement. De même, chaque projet est une invitation pour les habitants à sortir de leur routine pour entrer dans une dynamique où ils retrouvent sinon leur âme d’enfant, au moins le plaisir et le sourire. Un vrai voyage dans l’engagement qui concerne les édiles mais aussi tous les citadins.

Faire oublier la technologie et le virtuel au profit de l’intuition et du plaisir

Stop Smile Stroll : grand gagant de cette 4e éditions, ce concept né en Grande Bretagne s’attaque au passage piéton assez anonyme alors qu’on s’y croise, ainsi qu’aux individus (piétons ou automobilistes) trop enfermés dans leur bulle entre leurs appareils connectés, les informations dont ils sont assaillis et leurs pensées. En appuyant sur le bouton pour traverser, le passant déclenchera une bande son et des jeux de lumière -sélectionnés en fonction du quartier- qui permettront à tous de venir s’exprimer sur le passage piéton en esquissant un pas de danse, une figure acrobatique, un sourire ou un geste qui les sortiront de leur train-train tout en établissant un lien avec leur environnement immédiat. L’objectif étant d’offrir une alternative distrayante et collective aux heures de pointe, à la journée de travail, au trafic, à l’actualité… en diffusant des petits bouts de chansons connues, des images, ou des expressions. Et en incitant les plus créatifs et audacieux à s’exprimer et les autres, plus passifs, à se détendre ou à réfléchir à autre chose le temps du feu rouge. Une expérience qui demande un fort engagement mais qui peut être mémorable pour ceux qui osent.

Dance Step city : parfois, quelques mesures bien rythmées entendues ça et là suffisent pour avoir aussitôt envie d’esquisser quelques pas de danse. Parfois, il en faut un peu plus pour se glisser dans le groove, surtout si c’est en public. Avec Dance Step City qui vient des USA, il n’y a plus d’hésitation possible : n’importe quel passant dans la rue peut, en effet, transformer son trajet en une promenade autant ludique que magique. Comment ? Grâce à l’utilisation combinée de projecteurs de lumières laser et de perches audio directionnelles (le même matériel placé en hauteur qui sert aux spectacles…) pour adapter et projeter sur le sol de la rue les pas de chorégraphies musicales et dansantes inspirés de célèbres standards comme « Singing in the rain ». De là, à remplacer Gene Kelly, il y a forcément un « immense »… pas, mais se laisser guider pour sauter avec grâce et en rythme dans une flaque de pluie, est une expérience dont beaucoup rêvent, sur fond de challenge et de divertissement. Surtout si on peut le faire à plusieurs.

Happy Place : même si sa fonction a souvent un effet salvateur, rien de plus banal qu’un panneau indicateur. Happy Place, un projet britannique, lui ajoute ce petit quelque chose d’émotion qui lui manque en proposant au passant d’arriver à sa destination grâce à une démarche efficace mais aussi plaisante et divertissante. Il suffit pour cela que celui qui consulte ce mobilier digital très spécial affiche une tête réjouie. Un air heureux capté par un appareil photo qui déclenche l’apparition d’un texte explicatif et récréatif, et qui se déroulera complètement ou s’arrêtera en fonction de la longévité de son sourire. Cette démarche, placée sous le signe de la bonne humeur, sort les passants de leur routine, les rassure même en les invitant à s’ouvrir à leur environnement ou à la communauté qui les entoure tout en redonnant du piment à la quête d’information. Une démarche ludique et réconfortante qui inscrit aussi la ville dans l’ère du numérique en même temps que dans la rue, un lieu physique, humain.

Im[press]ion : imaginée par le cabinet anglais Mobile Studio Architects, cette idée est la version augmentée d’un tableau pour enfant sur lequel sont fixées des épingles pour indiquer un endroit ou pour communiquer. Installés dans plusieurs lieux comme des abribus ou un quai de gare d’une ville ou de plusieurs dans un même pays ou à l’international, ces panneaux connectés permettent d’une simple pression à deux ou plusieurs personnes situées dans des endroits différents, de se géolocaliser, d’entrer en contact, de réagir ou de manifester leur attention en dépit de l’éloignement via la manipulation de cette surface connectée et de ces points de contacts dipôles. Exactement comme on le fait sur les réseaux sociaux, mais cette fois, cela se passe dans des lieux physiques, utilitaires, identifiés et transformés en lieux de rencontres, les rendant ainsi moins anonymes et plus accueillants. Outre le fait d’effacer la frontière entre le digital et le physique en permettant à une interaction virtuelle et technologique d’être perçue très concrètement et naturellement, cette initiative très intuitive renoue avec une idée assez romantique du lien social. En invitant une communauté par le biais du jeu à s’ouvrir à de nouvelles perspectives de communication, d’entraide et d’attention. De quoi inciter à prendre davantage les transports publics.

Make Your Rythm : tromper son attente dans un lieu public est souvent difficile. Avec Make Your Rythm qui vient d’Iran, les passagers ne vont plus voir le temps passer, grâce à un abribus équipé de sièges d’apparence normale mais en fait fixés à des filins élastiques et reliés à des colonnes de leds de différentes couleurs installées sur les parois de l’abri. Ainsi, dès qu’un passager s’assied sur l’un d’eux, il génère un mouvement ascensionnel, déclenchant dans le même temps un jet de couleurs. Et forcément, plus le mouvement est de grande amplitude et plus la colonne de leds s’illumine vivement. L’objectif étant de permettre à chaque personne assise de créer son ambiance selon la vitesse et l’intensité de son balancement vertical. Ce qui doit l’amener naturellement à jouer avec les autres personnes, à leur lancer un défi et, pourquoi pas, à constituer une équipe. Transformant l’abribus en une véritable boîte animée par ses occupants et les couleurs. Et peut-être même en un rendez-vous pour les habitués, contribuant non seulement à l’exercice physique mais aussi à susciter une interaction sociale. Sans compter que ce dispositif pourrait très bien être aussi une source de créativité musicale avec un siège émettant le son d’une note.: une incitation dès le plus jeune âge à emprunter les transports publics.

Mischievous Footprints : venue tout droit du Japon, cette invention propose de redonner une autre perspective aux rues qui ne sont pas que du tarmac et des trottoirs ou des numéros.. En effet, ces artères au-delà de leurs fonctions utilitaires, racontent le temps qui passe, une saison, une histoire, une famille, un commerce, ses habitants qui vont et viennent… Parfois certaines, très fréquentée, gardent tout leur lustre mais d’autres tombent dans l’oubli. Injustement. Alors pour y remédier, Mischievous Footprints se sert des nouvelles technologies et des surfaces connectées qui peuvent être intégrées dans les matériaux de construction, pour créer en temps réel des traces. Un peu comme le modèle de ces deux projets déjà développés : “Spur of the words” et “At sight specific series”. Objectif : inciter les passants à mettre leur pas dans ces traces pour se lancer à l’aventure et découvrir les trésors cachés de la ville. Créant ainsi un circuit ludique sur le thème du mystère. Tout en les invitant à mener une réflexion culturelle, historique, sociologique, technique, environnementale… sur l’évolution naturelle de ces rues, cette expérience permet à la ville de démontrer toute sa vitalité grâce à son patrimoine et son territoire riche de surprises. Ces traces, qui peuvent prendre des formes différentes ou même l’allure d’émoticônes selon la thématique du parcours, sont décidément bien malicieuses, car elles invitent au voyage avec des yeux d’explorateur. Permettant à celui qui se laisse embarquer par ce voyage de s’ouvrir sur l’inconnu. Avec à la clé l’opportunité de rencontrer d’autres curieux ou passionnés et d’avoir un intérêt plus particulier pour la ville qui développe ainsi avec ses passants un rapport renouvelé et rayonne différement.

Paths : créer des espaces synchronisés visuels et musicaux tout au long des pistes cyclables en ville, telle est l’ambition de ce projet britannique. Avec des effets multiples : divertir en donnant aux cyclistes l’occasion d’interagir et aux marcheurs d’assister au spectacle produit, permettre des rencontres, inciter les citadins à emprunter ces voies à vélo ou à pied tout en mettant en valeur des lieux emblématiques ou plus secrets, architecturaux, sportifs, historiques, de loisirs, de croisements, via un son et lumière adapté pour chacun. Comment ? Toujours grâce aux nouvelles technologies et leur intégration dans les matériaux qui facilitent la connexion des personnes, de leurs smartphones avec les aménagements territoriaux et les mobiliers urbains. Ainsi, tout un système de leds, de capteurs de mouvements et points de contacts activés par le passage des bicyclettes, déclenche des animations. Chacune étant conçue en fonction du lieu qu’elle célèbre, du plus ou moins zen, artistique, dynamique, contemporaine… Un vrai programme récréatif et sportif où le citoyen est acteur pour réinventer son quotidien urbain sur fond environnemental.

The Conversing Circuit : l’abribus est une source d’inspiration. Et pour cause, c’est un endroit où l’on attend mais aussi où tout le monde se croise : du plus jeune au plus âgé et du plus aisé au moins nanti. Car, en ville, le bus reste un moyen efficace, sûr et plaisant pour se déplacer. Alors pourquoi ne pas faire converger toutes les populations vers la découverte et le partage d’emplacements clés de leur ville? L’idée est simple : créer une conversation entre un passager en transit et l’environnement dans lequel il est localisé, grâce à un jeu animé sur une carte connectée de la ville qui nécessite un contact manuel pour diffuser des informations locales, visuelles et sonores. Avec des programmes les plus attractifs possibles, des niveaux différents et un accès technologique simplifié, permettant ainsi à tous les publics de l’activer. Chacun des emplacements-clés étant représenté par une icône sonore et visuelle précise. Une jolie idée qui contribue à développer un sentiment d’appartenance à une ville, à une communauté et qui peut avoir des effets positifs. Elle nous rappelle aussi qu’en devenant adulte on oublie trop vite notre capacité à nous émerveiller, à jouer, à être créatif et spontané. Une attitude salutaire pour rapprocher quartiers et/ou populations.

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