5 juin 2017

Temps de lecture : 2 min

De l’art pour combattre les cochons qui tuent…

Détourner les incontournables cibles humaines noires utilisées dans les stands de tir en les transformant en œuvres d’art, c’est l’idée du jeune mouvement No More Black Targets afin de sensibiliser pacifiquement la population aux violences policières par arme à feu.

Détourner les incontournables cibles humaines noires utilisées dans les stands de tir en les transformant en œuvres d’art, c’est l’idée du jeune mouvement No More Black Targets afin de sensibiliser pacifiquement la population aux violences policières par arme à feu.

263. C’est le nombre d’hommes noirs qui ont été tués par des tirs de policiers américains en 2016, alors même que 69% d’entre eux étaient désarmés au moment des faits. Des chiffres dramatiques qui ont amené des artistes de toutes origines sociales et de toutes nationalités à créer un nouveau mouvement : No More Black Targets. Un collectif d’artistes pacifique né en février 2017 durant le Black History Month, la célébration annuelle de l’histoire de la diaspora africaine.

Leur objectif ? Sensibiliser la population aux violences policières par arme à feu à travers l’exemple pas si anecdotique des cibles humaines des stands de tir. Ces dernières sont en effet systématiquement représentées par une silhouette noire, menaçante, sur laquelle on s’exerce à neutraliser l’ennemi. Un « biais inconscient » selon les membres du collectif, qui associerait la couleur noire au danger. Une hypothèse qui fait sens lorsqu’on regarde l’histoire des Etats-Unis, pays où la ségrégation n’a été définitivement abolie qu’en 1964 et dont les stigmates sont encore très visibles. Pour faire connaitre son mouvement, No More Black Targets a collaboré avec l’association New York Society For Ethical Culture et l’agence Fred & Farid New-York. Afin de créer des œuvres de street-art colorées à partir de ces fameuses cibles humaines noires accrochées dans les stands de tir. Un détournement d’un objet iconique pour mieux souligner le racisme latent d’une société qui n’est pas en paix avec son histoire. Mais dont le symbole est universel. Les œuvres s’accompagnent d’un #NoMoreBlackTargets devenu viral, ainsi que d’une pétition pour exiger le retrait de ces silhouettes noires qui hantent les lieux dédiés aux armes à feux.

Des études alarmantes

Des chercheurs de l’université de l’Illinois ont récemment publié une étude qui cumulait les résultats de 42 autres, toutes sur la question de savoir si la « race » affecte la potentialité d’être la cible d’une arme à feu. « Les résultats ont démontré que c’était le cas », déclare Yara Mekawi, une des chercheuses de l’université. « Nous avons identifié deux éléments : un, les tireurs sont plus rapides pour presser la gâchette sur des cibles noires que blanches; deux, ils apprécient davantage shooter sur des cibles noires que blanches ». D’où le constat : un jeune homme noir à trois fois plus de chance d’être dans le viseur d’un tireur qu’un homme blanc.

Une réalité bouleversante qui confirme qu’une partie de la société américaine s’imprègne encore des vestiges idéologiques. Pourtant, les revendications sont déjà bien en marche. En 2014, après la mort de deux jeunes afro américains à Ferguson et New York, une partie des Etats-Unis s’était embrasée dans les rues du pays et avait repris le #BlackLivesMatter créé en 2012. Un mouvement puissant était né pour dénoncer le profilage racial, la brutalité policière et l’inégalité raciale dans le système judiciaire américain. Une logique différente de No More Black Targets dont la portée est limitée aux violences par arme à feu et à une approche exclusivement artistique. De quoi toucher la population par un biais plus émotionnel que rationnel.

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