Quand les filles s’engagent en pub !
cristina alonso
On croyait la pub rangée au placard avec ses vieux représentants des années 1980. Que nenni. Les jeunes femmes, librement et sans contrainte, s’engagent en pub comme elles s’engageraient en politique. Avec la conscience que l’objectif n’est plus d’offrir des récits utopiques aux marques ni aux consommateurs, mais un futur responsable. Un métier de fille vous dites ?
 


L’opportunité de construire

Brune Sabran, 26 ans, chef de publicité chez Ogilvy

« Je ne me destinais pas forcément à la pub, car j’ai débuté par une prépa hypokhâgne avant de passer les concours des instituts d’études politiques. Diplômée d’un master en Communication politique et institutionnelle de Sciences Po Grenoble, j’ai décidé de poursuivre avec un master au Celsa plutôt orienté Marketing & Communication stratégique, pour pouvoir justement travailler en agence de pub. Ce métier laisse de la place à l’imagination, à l’humour, à la créativité. Le vrai monde de la com’, je l’ai rencontré chez Publicis Conseil sur le budget Orange International avant d’être engagée chez Ogilvy. À partir de là, j’ai eu la chance de travailler sur KFC France, puis Lenovo, Motorola. Maintenant, je suis les comptes Vittel et Allianz France. Le futur de ce métier est en train de se redessiner. Les contours restent encore flous et modulables. L’opportunité est là de contribuer de manière active à la construction d’une nouvelle façon de travailler et de répondre aux problématiques de nos clients. »

Macho la pub ? « Comparé à certains milieux pro, les femmes occupent plus le terrain dans ce secteur qu’ailleurs. Après… nous sommes dans un contexte où globalement le monde professionnel a certains progrès à faire question parité, la pub y compris, où les femmes figurent moins dans les hautes sphères de l’organigramme. Notre responsabilité est de changer les représentations et les perceptions. Certains clichés autour de l’image de la femme persistent. C’est regrettable. »





La pure aventure

Amélie Coquart, 24 ans, chef de publicité chez BETC

« J’aurais dû intégrer un cabinet de conseil après mon parcours à l’ESG Management, mais après six mois de stage chez BETC, j’ai préféré faire mon second master à l’Iscom en alternance avec l’agence. J’ai compris assez vite que le métier de conseil en cabinet était trop abstrait pour moi et, c’est un détail, je n’avais pas envie de devoir me déguiser tous les jours en working girl. Mais la pub, c’est aussi et surtout une histoire de famille : quand j’étais petite, avec mes parents et mon grand-père, tous publicitaires, on se réunissait devant de la télé et le jeu était de reconnaître les pubs diffusées le plus vite possible pour gagner des points. J’ai toujours baigné là-dedans. Je me suis tout de suite sentie à l’aise chez BETC. Aujourd’hui, j’y suis chef de publicité en charge de Blédina et La Roche-Posay. J’ai travaillé auparavant sur Total. C’est une agence qui te forme et te permet d’avoir accès à des clients assez vite en direct – sous l’œil des boss bien évidemment. L’autonomie à 24 ans c’est précieux. En tout cas pour moi. Cela fait maintenant deux ans que j’y suis. La pub a clairement changé, ce n’est plus la pub à la Madmen et c’est notre chance. Nous nous sentons responsables des marques. Les enjeux sont tels aujourd’hui – notamment sur les engagements du food, du mieux-consommer, du respect – que nous vivons une pure aventure commune avec nos clients. Seul hic ? Une disponibilité et un investissement à 200 %. »

Mais ça c’est inhérent à la pub. Une petite réu le vendredi soir à 18 h 30 histoire de bien finir la semaine ? Allez…





La pub, c’est la guerre

Jeanne Taillard, 25 ans, conceptrice-rédactrice chez DDB

Sup de pub en rédaction, un BTS de design graphique, au total cinq années rondement menées pour atterrir en stage chez Romance avec Timothy Alexandre, son double DA. Jeanne fait du free-lance pendant quatre mois pour Anne-Marie Vince chez DDB, puis c’est le CDI.

« La pub, c’est la guerre, dit-elle en riant. Heureusement, j’ai l’esprit de compétition, et j’ai fait beaucoup de boxe, alors cela ne me dérange pas. Mais franchement il vaut mieux être deux. Un gars et une fille, c’est top pour argumenter, se vendre, convaincre, et puis du coup on a des visions complémentaires. » La pub n’était pas prévue au programme, elle songeait à la mode, au design produit. Ce n’est pas sa mère artiste peintre qui l’a menée là. Mais ses sœurs plus âgées qui y sont comme des poissons dans l’eau.

« Au vu de ce que l’on entend partout, ici l’ambiance est tout sauf machiste. Hommes et femmes gagnent le même salaire, on s’habille comme on veut. Nos boss hommes ou femmes sont respectueux. Bien sûr il faut jouer des coudes pour se faire remarquer des séniors afin qu’ils nous fassent travailler sur des budgets intéressants. Faut pas être un enfant de chœur. » Après, c’est vrai que les soirées sont cools et que si on ne fait pas attention, on y passe sa vie…





Politiquement pub

Eva Chapiteau, 30 ans, planeuse-stratégique chez Publicis

Après un master de psychologie, spécialité Psychologie des consommateurs et économie comportementale, Eva Chapiteau aurait dû travailler logiquement du côté des ONG. « Reste qu’aujourd’hui, réfléchir à la consommation en agence pour des clients “en difficulté” est une mission à part entière, humainement et économiquement passionnante. » Voilà comment la jeune femme résume son arrivée au planning stratégique chez Publicis, où elle officie depuis trois ans sur des comptes tels que Sanofi, BNP Paribas ou Saint-Gobain. Au démarrage, elle avait fait des stages à Pasadena sur des budgets à but non lucratif, enchaîné chez Chiat Day pour croquer de l’Apple, puis s’était établi un temps chez Air à Bruxelles pour enfin se fixer à Paris, Publicis Conseil.

« La publicité aujourd’hui est presque un engagement sociétal. En tant que femme, je savais que j’allais y trouver du sens. Construire des marques fortes aujourd’hui, ce n’est plus comme par le passé : répandre une utopie. Aujourd’hui, elles doivent répondre à la dystopie ambiante. »

L’enjeu pour les femmes ? 18 % d’entre elles seulement sont inscrites dans les cursus numériques, le code, les data, l’UX. C’est peu. Aurait-elle aimé travailler en politique ? « J’aurais très bien pu, lance-t-elle, mais aujourd’hui 80 % des marques s’engagent… politiquement. Je suis au bon endroit. »





Fière d’être une femme

Apolline Lemaire, 24 ans, conceptrice-rédactrice junior en team chez Buzzman

« Personne dans ma famille n’était dans la pub, mais j’ai toujours aimé ça. J’associe ça aux soirées dominicales. Surtout l’humour, l’impact et son “éphémérité”. Une publicité a très peu de temps pour convaincre. C’est un immense terrain d’expression pour un créatif. Si on s’en donne les moyens, on peut faire bouger les mentalités à grands coups d’accroches. Pour trouver un travail dans la pub en tant que créatif, un seul mot d’ordre : ton book – quels que soient ton niveau d’études ou le nombre des stages effectués. Il faut sans cesse l’enrichir, rencontrer des professionnels, participer à des concours créatifs, demander des avis. En tout cas, c’est comme cela que ça a marché pour mon DA et moi. Ce qui est génial, c’est qu’à partir du moment où une idée t’anime, le temps ne compte plus. Il peut m’arriver de travailler le week-end ou de multiplier les “charrettes”, de réfléchir sous la douche ou pendant un film. »

Un conseil ? « J’encourage les femmes à être plus féminines. J’ai constaté qu’elles troquaient trop souvent leur féminité contre une espèce de virilité qui leur donnerait un semblant d’attitude de pouvoir. Mais ce n’est pas en imitant les hommes qu’on obtiendra des résultats. Quand toutes les femmes seront fières d’elles et naturelles, les machos n’en seront plus. »





Boxeuse manquée

Flora Cistoldi, 29 ans, conceptrice-rédactrice chez Rosbeef

« Avant de me lancer dans la publicité, j’hésitais entre la boxe de haut niveau et sauver les animaux. J’ai choisi la pub parce que j’avais peur de perdre trop de neurones avec la boxe, et que pour les animaux je me suis dit que j’épouserai Mike Horn plus tard ! J’ai fait un BTS Communication des entreprises dans lequel j’ai énormément appris. Puis je suis allée à l’Iscom pour faire un master 1 Chef de projet agence média parce qu’on m’avait dit que c’était bien d’avoir un nom d’école sur son CV. En vrai, quand on est créa, ce n’est pas très important, ce sont les stages qui comptent beaucoup. Je suis passée chez BETC, H (devenue Humanseven) et Rosapark avant de poser mes valises chez Rosbeef, où je suis actuellement. »

Et le job de conceptrice-rédactrice ? « C’est incroyable de pouvoir être payée pour ses idées et son écriture, non ? J’ai toujours été subjuguée par les pubs géniales que l’on pouvait voir à la télé, sur Culture Pub, et je trouvais ça dingue que ce qui sortait de l’esprit d’un mec puisse finir par être vu par des millions de gens. La bonne pub, c’est rare, et je voulais en faire. La pub peut sensibiliser et alerter sur des sujets sociétaux importants. On a beau critiquer la publicité, elle a le don de toucher tout le monde, en bien ou en mal, alors autant s’en servir à bon escient… »

Et la boxe dans tout ça ? « Je fais toujours de la boxe anglaise, donc j’ai dû perdre quelques neurones au passage, et je fais du volontariat avec les animaux, comme ça je laisse de la place pour d’autres envies qui viennent s’ajouter chaque jour. »





Humaniste et lucide

Marine Rigaud, 30 ans, consultante senior chez Dentsu Aegis

Dans la série « la vie doit être vécue avec humanité et exigence », Marine Rigaud a une haute opinion de son rôle au sein de la société. Lorsqu’elle entre à l’ESCCA, école de commerce dont elle dit aujourd’hui « ne pas lui avoir vraiment servi comme toutes ces boîtes privées », Marine ne sait pas encore très bien ce qu’elle veut faire. Et embraye sur un master à l’Essec pour atterrir chez TBWA, où elle pratique les relations publiques pendant un an. Assez pour s’apercevoir que ce métier « est trop mécanique, convenu, et pas aussi humain qu’elle ne le pensait ». Elle part donc faire du bénévolat à l’association dévouée aux enfants malades Make-A-Wish® France et y fait la connaissance d’un professionnel des médias qui lui donne un tout autre aperçu du monde de la com’ et des médias. Au final, Dentsu Aegis la contacte pour s’occuper de développement à l’international. Très vite, elle « vend » au groupe une plateforme qu’elle a imaginée lors de son passage à l’Essec destinée à créer de l’humain – « ou à l’organiser plutôt » – de manière à ce que les salariés se rencontrent, proposent des idées, exposent des projets, s’investissent ensemble au-delà de leur rôle proprement dit au sein de l’entreprise. Soient des rendez-vous hebdomadaires entre les différentes strates du groupe, une manière d’apporter du sens à son travail, et à celui de ses collègues.

Après cinq ans d’expérience et aujourd’hui consultante sénior, Marine se dit confrontée à « des femmes réceptives à améliorer la vie de tous, tandis que les hommes se révèlent plus personnels et politiques ». « Je ne suis pas féministe, mais je constate que les hommes sortent facilement de leurs gonds, insultent leurs homologues et semblent trouver cela normal. »
Cristina Alonso
Rédactrice en chef
 
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