À la recherche de la confiance perdue
ISABELLE MUSNIK
« La France ne peut être la France sans grandeur », pensait Charles de Gaulle. Et sans les Français bien sûr, qui se doivent de « viser haut ». Qu’en est-il donc de cette grandeur énoncée ici comme un devoir ?  Dans une période de doute, où le pessimisme pourrait l’emporter, comment « bien » parler aux Français ? Comment les rendre fiers d’eux-mêmes ? Comment faire rayonner la France et son image ? Les dirigeant(e)s d’agence de pub, corporate ou design ont un point de vue privilégié pour esquisser de concert l’art particulier de cette conversation recherchée. Tous l’affirment : avec émotion et intelligence, parlons-nous, et « en même temps » sachons écouter, rêvons de nouveau, dépassons nos peurs. Osons !
 






Agathe Bousquet
Présidente Publicis Groupe France

Redonnons de l’ambition
Nous regrettons le repli sur soi, la peur du renouveau, le besoin d’être rassuré… bref, l’insondable pessimisme français. Mais appliquons-nous toujours (ou parfois) les règles qui permettraient de créer de la confiance collective ? Des règles simples, voire naïves, mais trop rares sur les bancs de nos écoles, dans le discours des managers et dans les débats publics : je t’écoute ; je parle de ce que tu es avec estime ; j’arrête de dire que tu ne fais rêver personne ; je nous redonne de l’ambition.
La confiance collective fait défaut, et on tente de se rassurer puisque la confiance dans ses propres perspectives individuelles, surtout chez les millennials, semble bien se porter : la société n’avance pas, mais moi ça va. Alors, pourquoi s’inquiète-t-on ? Parce que ce paradoxe n’est autre qu’une forme de repli sur soi. Une société soudée a besoin de références communes, de biens communs, d’un projet qui dépasse sa propre personne. Bien parler aux Français, c’est savoir leur dire que, quand ils savent s’écouter les uns les autres, avec une juste estime d’eux-mêmes, ils font toujours rêver ailleurs. C’est y croire. C’est redonner de l’ambition à l’avenir qu’ils ont ensemble.





Julien Carette
PDG Havas Paris

Pour parler aux Français, expatriez votre communication !
Les Français ont un rapport masochiste à eux-mêmes : en France, ils se détestent et se dévalorisent ; à l’étranger, ils défendent d’une seule voix le génie français. Comme si changer de fuseau horaire donnait naturellement un diplôme d’esprit critique.
Ainsi, pour montrer les innovations de La Poste ou raconter la performance de la RATP, rien de mieux qu’un stand au Consumer Electronics Show (CES de Las Vegas) ou qu’un voyage sous n’importe quel soleil plutôt qu’une plongée en Ile-de-France… Il apparaît que parler aux Français d’eux-mêmes oblige à un décalage géographique, qui redonne de la perspective et permet de re-regarder son pays et ses forces de façon dépassionnée.
Et si c’était juste ? Juste parce que depuis l’étranger notre pays est formidablement évalué : la marque France porte des savoir-faire incontestés, une créativité reconnue et un esprit « différent » qui rendrait jaloux Apple. Juste parce que la philosophie, depuis Voltaire, nous enseigne qu’un pas de côté est bienvenu pour redécouvrir ce que nous ne pouvons plus voir et ce que la proximité déforme. Misons sur cet effet boomerang : réimporter dans notre pays l’effet de loupe que produit le made in France à l’étranger pour en décupler la valeur.





Jean-Paul Brunier
Président Leo Burnett

Estimons-nous !
Le Français apparaît fier de lui-même, trop fier, et disons-le au comble de l’arrogance. Cela ne va pas sans deux paradoxes. Premièrement, le Français est très polarisant ; on l’adore ainsi, sans question ni doute ou nuance, quand d’autres diraient qu’il s’entoure de certitudes, ne parle que de lui et de la France. Deuxièmement, il est très souvent arrogant quand il voyage, impitoyablement critique de son pays. Quoi de plus grave que la fierté ? Notre vrai problème est l’estime de soi, ou plutôt la « self evaluation ».
Un symptôme de ce mal profond est notre fausse modestie, presque systématique. Faites un compliment à un Américain, il vous remercie. Un Français s’engagera dans des circonvolutions précieuses et suspectes, alimentant sa réputation d’arrogant. Enfin, cette difficulté à bien s’évaluer et se considérer s’accompagne d’un rapport complexe au pouvoir et à la réussite, un « solipsisme » absurde – l’impression que nous serions au centre du monde.
Dans une société plus instantanée, transparente et collective, ce manque de jugement sur soi devient un handicap cruel ; il trahit un tempérament créatif, audacieux, certes, mais qui fait du Français, passionné de sa pensée triomphante, un camarade de travail, un partenaire de business ou un touriste souvent déroutant et égocentré. Il faut savoir s’évaluer plus objectivement, écouter plus systématiquement et donc moins s’écouter. Estimons-nous ! La voie de la fierté s’ouvre par la juste estime de soi.





Natalie Rastoin
Présidente Ogilvy Paris & OgilvyRed

Impossible n’est pas « Français »
Il est plus facile d’être fier d’être français si on est entouré d’étrangers, particulièrement en ce moment. Bien sûr, il y a eu l’élection d’Emmanuel Macron pour arrêter la série populiste, l’éclosion de la French tech pour rappeler l’excellence de la formation des ingénieurs, voire le Brexit, qui donne envie de revenir en Europe continentale. Bien sûr, il y a le plaisir de la cuisine, l’amour de la culture et la beauté du pays… Mais, surtout, il y a la liberté d’esprit, l’irrévérence inventive et l’envie permanente de discuter. Le Français dans une réunion internationale, c’est souvent celui dont personne ne sait trop ce qu’il va dire quand il commence à parler. Parfois énervant, parfois passionnant. Mais souvent libre d’esprit et peu conventionnel.
Dans la période de transformation sociale et techno­logique que nous vivons, c’est de cela dont nous pourrions être le plus fiers, de ne pas avoir peur de l’avenir. De ne pas avoir peur d’avancer, de bricoler des solutions, d’essayer de nouvelles façons de vivre ensemble. Bref, impossible n’est pas « Français » !





Jérôme Caudrelier
Directeur associé Casus Belli

De la conversation au dialogue
Malgré l’apparition des réseaux sociaux, les annonceurs ne font qu’entamer des conversations avec les consommateurs. L’avènement du feedback a certes rendu possibles des échanges du « bas » vers le « haut », mais généralement ceux-ci ne portent que sur des éléments périphériques d’un produit ou service. Trop souvent, dans cette approche verticale, les notions d’usage et d’utilité réelle sont absentes, et l’innovation reléguée au rang de gadget.
Comment alors renouer le dialogue en y intégrant une dimension collective ? En faisant médiation et en permettant au citoyen d’interroger, de questionner et de s’emparer de sujets de société ou liés aux nouvelles technologies. Et ce non seulement afin de pouvoir mieux appréhender le monde, mais aussi de créer de nouveaux usages ou de nouveaux services. Une méthode qui s’appuie sur des laboratoires du vivant, ou l’approche living lab : un espace de médiation et de porosité entre sciences, arts et culture, entre chercheurs, collectivités, entreprises et population. Un lieu qui promeut une innovation ouverte, partagée et basée sur le « commun ».





Benoit DÉSVEAUX
Directeur Général groupe Hopscotch

Ne plus parler, débattre !
Comment bien parler aux Français ? Je perçois derrière cette question celles que se posent beaucoup de responsables autour de la confiance perdue. Il ne suffit plus de pousser massivement des éléments de langage ou des contenus bien structurés. Il faut passer du mode monologue à celui de dialogue. Les organisations ont à leur disposition de nouvelles solutions pour engager des conversations avec l’ensemble de leurs publics.
Ces échanges doivent être connus de tous, car l’opinion se crée aussi en écoutant une controverse. Le débat permet de comprendre les enjeux, de se forger une opinion et ainsi de s’engager. Les solutions sont encore en gestation, comme les outils de démocratie participative. Un jour, le Conseil économique, social et environnemental sera un espace de discussion direct entre les Français et le législateur, sans passer par les organes chargés hier de les représenter. De même, dans toutes organisations, des responsables sociétaux d’entreprise permettront le partage entre leurs équipes, mais aussi avec leurs partenaires, administrés ou clients.





Arnaud Pochebonne
Directeur général Weber Shandwick France

In car with Kate and panache!
C’est dans notre G7 que la scène se passe. Coincés dans les embouteillages entre deux rendez-vous. J’ai un article à écrire pour INfluencia, et une fois encore je suis à la bourre. Alors je lui demande : « Kate, pour toi qui es anglaise, c’est quoi la France ? » Elle me répond : « Tu vois, Harry Potter, lorsqu’il s’apprête à prendre le train pour Poudlard sur le quai 9¾ ? Eh bien, c’est un peu l’impression que me fait la France. C’est la même chose qu’ailleurs, mais ce n’est pas tout à fait pareil, il y a un truc… Ce n’est pas que l’architecture ou la cuisine, c’est cet esprit qu’on ne trouve dans aucun autre pays. » Je lui dis : « Ce serait quoi alors cet esprit français ? » Après un instant, Kate rétorque : « C’est peut-être parce que vous avez tué votre roi. Du coup, vous vous êtes construits sur des idéaux. En France, rien ne se fait s’il n’y a pas une grande ambition derrière. C’est ce qui vous rend si admirables dans les grands rendez-vous de l’histoire, mais aussi arrogants et prétentieux, et parfois en décalage complet avec la réalité… un peu comme Cyrano ! » Et moi de m’entendre lui répondre : « Oui, c’est ça. Avec panache ! »





EliSabeth Billiemaz
CEO Humanseven

Rêver de nouveau
En 2009, Christine Lagarde, nommée ministre après une carrière d’avocate dans un pays très fier de lui, se lamentait dans les colonnes du Parisien : « Il faut que les Français soient fiers d’eux-mêmes ! » En septembre 2017, un jeune homme s’adresse à Emmanuel Macron à Toulouse et fond en larmes au moment de dire : « Vous nous rendez fiers d’être français. » Sans préjuger de la portée nationale de cette séquence émotion, moquée sur Twitter, ni fournir un point de vue partisan, une question se pose : pourquoi M. Macron réussirait-il là où tant d’autres ont échoué ? Peut-être parce qu’il ne se contente pas de dire “soyez fiers”, mais incarne une raison de l’être : rêver dans un quotidien dépourvu d’onirisme. Son parcours et sa personnalité portent un rêve français de dépassement des frontières. Un rêve qui ne se conjugue pas qu’au figuré ; regardez l’engouement autour du spationaute Thomas Pesquet ! Avec ce rêve, la fierté n’est alors plus du domaine du passé, elle se nourrit de tout ce qu’il reste à réaliser.





Frédéric MESSIAN
Président Lonsdale

Réinventer l’art de la conversation
Converser, acte fondateur de toute action de communication, est un processus itératif par excellence : c’est parler, puis écouter, analyser, répondre… et ainsi de suite. C’est faire le pari permanent de l’intelligence, individuelle et collective. C’est entendre toutes les questions et y répondre clairement. C’est aussi utiliser le registre de l’émotion, pour la faire naître chez l’autre et élargir le champ des perceptions. Les Français sont un peuple fondamentalement raisonnable, même si cela signifie se laisser aller à faire la révolution lorsque tout dialogue semble impossible. La récente victoire d’Emmanuel Macron en témoigne : les Français sont dans leur immense majorité capables de comprendre un contexte, d’en mesurer les enjeux et de les inscrire dans la durée, loin des discours simplificateurs.
Au-delà des chatbots et autres débats sur les dérives possibles de l’intelligence artificielle, réinventons avec modernité l’art de la conversation, ce mélange de curiosité, d’ouverture, d’écoute, longtemps érigé comme l’un des traits de la culture classique française, et d’une forme de savoir-vivre que l’Europe nous enviait.





Thierry Wellhoff
Président & CEO Wellcom

Serveurs, chauffeurs, la France a besoin de vous !
La France est unique, singulière et incomparable… Si seulement il n’y avait pas les Français ! C’est ce que l’on comprend de ce que pensent les étrangers à propos de notre beau pays de cocagne et de ses habitants. « Arrogants, râleurs, impolis, sans prévenance… » et surtout lorsqu’ils parlent de nos garçons de café et chauffeurs de taxi parisiens. Comment nous faire changer ? Surtout, comment changer la perception de nos visiteurs ?
Et si, justement, pour changer l’image de la France, nous nous adressions en priorité à ceux que nous avons coutume d’appeler les leaders et les relais d’opinion, qui ne sont autres que… ce public de serveurs et de chauffeurs ? Nombre d’études établissent, sans ambiguïté, leur pouvoir d’influence. Ils sont, sans vraiment le savoir, nos premiers ambassadeurs. L’image de la France passe en grande partie par eux. Patrons de bistrot, restaurateurs, taxi drivers, la France a besoin de vous. En avant tous !





Johan Delpuech & Sylvain Thirache
Agence Sid Lee

Oublier l’autorité
Si l’on regarde bien, les Français ont toujours eu un petit différend avec la notion d’autorité. Respecter l’ordre établi, suivre les règles et se plier au bon vouloir de quelques puissants ne sont pas dans nos gènes. Les Gaulois, la Révolution française ou encore l’attitude que nous montrons à l’égard de nos chefs d’État en sont la preuve.
Vue comme opposée à la liberté, intrinsèquement française, l’autorité confine pour nous à l’austérité. Et c’est bien ce qui plaît au monde. Les plus puissantes marques en France aujourd’hui sont celles qui acceptent d’oublier complètement leur autorité pour redescendre dans la rue et intégrer la culture des consommateurs français. Elles ont compris que nourrir la culture sera toujours plus puissant qu’imposer un message aussi direct et créatif soit-il. À l’autorité viennent aujourd’hui se substituer la collaboration, la déconstruction de marque, le contenu culturel et le transfert de valeur.





Nathaël Duboc
General Manager gyro:paris

Allons voir ailleurs !
Il est frappant de voir à quel point nous, les Français, doutons toujours de nous-mêmes. Nous pensons ne jamais faire assez bien et recherchons toujours une forme de perfection, qui nuit parfois à notre capacité à passer à l’acte, à nous lancer, à oser. Difficile alors de ressentir ce sentiment de fierté, individuel ou collectif, que d’autres peuples ressentent plus naturellement, sentiment qui nourrit la confiance dont nous avons tant besoin pour nous dépasser. Ce sont d’ailleurs souvent les étrangers qui parlent le mieux de nous et qui savent apprécier ce que la France a de si précieux. Alors, allons voir ailleurs ! Ouvrons-nous, partageons, voyageons, envoyons nos enfants étudier et travailler à l’étranger, expatrions-nous ! Car c’est dans les yeux des autres peuples que nous verrons briller l’admiration et l’envie, parfois, l’attachement et le goût de la France, souvent ! Une bonne façon de réaliser et savoir apprécier ce que nous sommes, sans arrogance ni prétention.





Stéphane Billiet
Président We agency

Cultiver la singularité de la France
Des talents, on n’en manque pas. Des perspectives d’avenir, on en a plein ! Et si l’on croyait à nouveau dans le génie de la France ? Mes cinq conseils de « psy » pour rendre les Français fiers d’eux-mêmes :
1. Arrêter de se comparer aux Allemands : un actif sur dix est considéré comme pauvre en Allemagne, sans parler des retraités qui font des petits boulots pour survivre !
2. Célébrer les réussites et non ressasser les échecs : Paris a gagné l’accueil des jeux Olympiques !
3. Pratiquer la méthode Coué jusqu’à en être arrogant : bon, peut-être pas, mais les Français sont géniaux, non ?
4. Prendre la défense de la France à chaque fois que l’un d’entre nous se laisse aller au French bashing (même si ce n’est pas gagné, on aime trop ça…).
5. Voyager dans le monde, dire que l’on est français et apprécier les compliments : la France n’est pas mal vue, au contraire, elle bénéficie d’un incroyable capital de sympathie !





Gildas Bonnel
Président Sidièse

« Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse » (proverbe africain)
Et si nous contions aux Français la formidable épopée dans laquelle nous sommes collectivement embarqués ? La transition économique, sociale, environnementale que nous vivons aujourd’hui bouleverse nos convictions, déstabilise nos organisations et amplifie la crise de confiance citoyenne. Comment partager dans ce climat de désespérance sociale et humaine l’émergence de nouveaux modèles et la puissante capacité d’innovation que porte notre culture nationale ?
Il est grand temps d’écrire notre Grand Récit pour embarquer émotionnellement chaque membre du corps social dans la reconquête de notre fierté et dépasser les peurs qui entravent l’action et les transformations. Le secteur de la communication a une sacrée responsabilité. Nous savons raconter, mettre en image, mais surtout nous savons écouter, accoucher, partager. Quand nos talents font émerger le désir profond de réussite, de sincérité, alors ils servent un dessein plus grand que nous. Celui de la cohésion et de l’engagement collectif.





Olivier Henry
Président et cofondateur La Force

TOUT ce qui nous rassemble
Bien parler aux Français, oui… mais lesquels ? Ceux dont la culture est pêle-mêle : le camembert, Johnny Hallyday, les Grosses Têtes, le gigot du dimanche et le pastis à l’apéro ? Ou bien les Français pour qui c’est tout cela plus les accras, Kassav, Tropique FM et le ti-punch ? Sans oublier les Français dont la culture est aussi celle du couscous, du ndolé, de Khaled, de Koffi Olomidé et du thé à la menthe. Parce que si l’on s’adresse souvent aux premiers, c’est plus rare voire jamais aux autres.
Alors qu’il suffirait, pour bien parler aux Français, d’être déterminé à parler à TOUS les Français. En privilégiant TOUT ce qui les rassemble. Et bonne nouvelle, les sujets en commun sont beaucoup plus nombreux qu’on ne le pense ! Le méchoui, le Club Dorothée, NTM, Zidane, le marché du dimanche matin, le Bataclan, l’espresso en terrasse, la fête de la musique, les grèves, le vent dans les cheveux frisés, crépus ou blonds… et même l’amour.





Philippe Pailliart
PDG Burson-Marsteller i&e

Bien parler, c’est faire
Les Français aiment se croire « différents », mais c’est aussi ce que pensent d’eux-mêmes les Américains, les Japonais ou encore les Anglais du Brexit. Acceptons-en néanmoins le principe et tentons une définition de cette « différence » : une certaine nostalgie du passé national et générationnel, une créativité puissante teintée de forte rationalité, une peur de la réussite qui n’est pas étrangère à une méfiance vis-à-vis de l’argent, un sens naturel de la justice moteur de conquêtes sociales, et une incapacité à se réformer en douceur mère de nos révolutions.
Attendons donc du discours politique qu’il sache exprimer une vision du monde et une ambition nationale, convaincre de la nécessité du mouvement aux dépens de l’acquis, rappeler la complémentarité de l’individuel et du collectif, et exprimer à la fois distance monarchique et proximité citoyenne. Mais le discours n’est rien sans l’action. C’est le respect des engagements qu’attendent les Français : la meilleure façon de savoir leur parler, c’est de faire.





Denis Gancel
Président agence W

Accordons tous nos talents
Jacques Marseille* avait raison. Il y a bien deux France. Il y a une France qui s’éteint peu à peu et qui se plaint. Elle a peur et se recroqueville. Lui parler de la réalité du monde ne l’intéresse pas. Son horloge s’est arrêtée. Elle a la nostalgie des temps anciens. Mettre les chariots en cercle, défendre les acquis est sa priorité. Et comme tout était mieux avant, forcément l’avenir n’est pas rose…
Et il y a une France qui se bat et qui n’a le temps de rien. Ni de maugréer, ni de souffler. Elle est dans le monde et elle ne le connaît pas si mal ! On dit qu’il faut habiter quelque part pour être partout chez soi. Le Français des deux France ne sait plus très bien où il habite. Résultat : il vit dans un pays dans lequel la méfiance est devenue une compétence. Alors, que faire, que leur dire ? Peut-être rien, se taire et laisser faire… Trop de mots ont été usés.
92 % des Français** sont favorables à l’idée de créer une marque France. Alors, prenons-les au mot ! Orchestrons à grande échelle des opérations de valorisation de leurs talents. Cela restaurerait leur fierté (un moteur essentiel), instaurerait la confiance et libérerait les énergies. Bref, assumons le désordre, acceptons l’échec et célébrons les succès : « Il est bon de dire du bien de soi-même. Ça se répète et on finit par ne plus savoir d’où ça vient ! »***

*La Guerre des deux France, Jacques Marseille, éd. Perrin.
**Observatoire de la marque France, Agence W.
***Marcel Achard.






Nathalie Cachet
Présidente Score DDB, Roubaix

#fierdemarégion
Les Français sont beaucoup plus attachés à leur région qu’à leur pays : fier d’être ch’ti, porter fièrement le 64, se revendiquer Breton… Il existe autant d’exemples que de régions ! Car la France est un pays incroyablement riche en merveilles locales : les canistrelli et la coppa corses, le chicon, la cassonade et la bière des Hauts-de-France, le nougat de Montélimar, la lavande et les olives de Provence,  etc. Les Français en sont extrêmement fiers et y sont émotionnellement très attachés !
Regardez la puissance de l’engouement local pour son équipe de foot que l’on soit marseillais ou valenciennois, ou encore la fidélité à son journal que l’on soit lecteur de La Voix du Nord ou de Ouest-France. Voyez aussi le grand retour des produits du terroir dans le commerce : on les montre, on revendique leur origine sur tous les supports, du packaging au prospectus, de la publicité au magasin. Les Français sont en recherche de proximité et de sincérité. C’est bien dans le local qu’ils retrouvent ces valeurs. #fierdemarégion





Stephane Obringer
Cofondateur agence VO, Strasbourg

Stop au French bashing !
Éteignons BFMTV, regardons BNF : les Bonnes Nouvelles de France :-) Voici deux personnalités qui font aimer la France d’aujourd’hui.
Jacques Marescaux, le pionnier : fondateur de l’Ircad, le Professeur Marescaux a révolutionné le monde de la santé en réalisant en 2001 la première opération chirurgicale à distance entre New York et Strasbourg. Aujourd’hui, son institut s’affirme comme le plus grand centre de formation aux techni­ques de chirurgie mini-invasive au monde, avec 5 500 chirurgiens formés chaque année, venus de 117 pays.
Nadia Katrib, la messagère : derrière le petit héros Smarty le rat, un héros petit, gris et moustachu, se cache Nadia Katrib, qui nous livre avec pudeur sa propre histoire d’enfant exilée à cause de la guerre du Koweït. Devenue adulte, c’est désormais au travers de peluches et de livres que Nadia entend révolutionner le monde. Smarty est son merveilleux messager pour enseigner la tolérance et l’amour.
À travers les personnalités qui font rayonner la France, comment pourrait-on ne pas être fier d’être français ?





Gilles Masson
Président M&C Saatchi.GAD

Rayonner pour les autres et pour demain
Rayonner, du latin radius : « éclat, trait de lumière, épine ». Rayonne, donc, ce qui est en pointe, sachant qu’il y a deux sortes de pointe : celle qui creuse (l’exploitation de notre héritage) et celle qui montre, affirme une vision, crée une dynamique.
Certes, il faut continuer à creuser. Aéronautique, luxe, gastronomie, tourisme sont nos actifs d’excellence à toujours réinventer. Et il faut surtout imaginer les rayons de demain ; ce sont d’évidence ceux qui jouent des interactions entre deux mondes, voire de leurs écarts inspirants. Donc ne plus rayonner contre (pour soi), mais rayonner pour (avec les autres). Les rayons d’avenir ? Le nouveau leadership de notre soft power, qui réconcilie les cultures comme le Louvre Abu Dhabi, Christine and the Queens ou JR, les nouvelles alliances internationales, les licornes de la French tech très collaboratives de Vente Privée à Open Cloud Foundation d’OVH, l’écosystème unique des start-up comme le campus Station F, qui développe des nouveaux modes de co-création.





Philippe Holl
Président CH&C

Cette modestie qui nous manque
La France dispose d’atouts exceptionnels dans plusieurs domaines qui lui assurent un rayonnement naturel à l’étranger. Le domaine du luxe demeure une image de marque indiscutable. D’autres secteurs tels que l’aéronautique, les technologies de l’information, les arts et spectacles, le nucléaire… mettent également le pays en tête de palmarès. Ceci dit, ce rayonnement gagnerait en superbe si, dans les échanges commerciaux, on mettait une once d’humilité, afin de contrecarrer la perception, parfois erronée mais souvent avérée, d’une sorte de suffisance « à la française » qui nuit aux contacts préliminaires. On peut être très bon, excellent ou le meilleur et s’en enorgueillir, sans afficher cette prétention contreproductive qui nuit toujours en affaires. Les entreprises françaises qui réussissent et contribuent indirectement au rayonnement de notre pays sont celles qui savent doser sûreté de soi et modestie. Lorsque l’on est bon, très bon ou excellent, simplicité et retenue sont assurément deux facteurs qui ouvrent la voie au succès.





Jean-Paul Tréguer
PDG groupe BIG Success

Paris est une fête
Où que vous alliez dans le monde, à la question « d’où venez-vous ? », la réponse « de Paris » provoque des réactions comme « oh ! quelle chance ! », « c’est mon rêve ! » Notre capitale jouit d’un extra­ordinaire capital. Paris est la ville la plus fascinante au monde. Quelle chance pour l’image d’un pays dont l’influence a tant diminué…
Alors, pour faire rayonner la France, c’est simple, faisons rayonner encore plus Paris ! Mais c’est là où le bât blesse ! Ceux qui y vivent en connaissent l’amère réalité quotidienne : une incivilité généralisée avec ses conséquences désastreuses. Une ville aux trottoirs transformés en « crottoirs », des deux-roues fous, des taxis ronchons, des commerçants désagréables, des Parisiens à triste mine prêts à ne jamais aider un touriste. Et les voleurs à la tire qui s’en donnent à cœur joie. Parisiens, ce « challenge » est entre vos mains ! Essayez de commencer par sourire… vous voyez, c’est un premier pas.





Hervé Brasselet & Sophie Pô
Associés Parties Prenantes

« Dangereux, mais piquant »
En 1814, Madame de Staël qualifiait l’art de la conversation d’ « exercice dangereux, mais piquant, dans lequel il faut se jouer de tous les sujets » ; et elle ajoutait que « les Français sont presque seuls capables de ce genre d’entretien ». Français, open up! Voilà un art qui reste encore notre apanage.
Nous n’avons jamais tant écrit, échangé, conversé ; nous conversons dans toutes les langues du monde, sur tous les réseaux. Il ne s’agit donc plus de « parler aux Français », mais de participer à la conversation : les marques, les entreprises, les institutions publiques comme les associations initient des discussions, révèlent des parties prenantes et agrègent des opinions dont chacun ignorait parfois jusqu’à l’existence. À elles d’y trouver leur place, de créer de nouveaux modes de conversation adaptés à notre monde digital, de jouer avec ces rapports de force pour tenter d’influencer et de convaincre. Décidément, l’art de la conversation reste un exercice « dangereux, mais piquant ».





Vincent Leclabart
Président agence Australie

S’adresser au cœur et à l’intelligence
« Ask not what your country can do for you, ask what you can do for your country. »* C’est par cette adresse que JFK a mobilisé ses compatriotes pour qu’ils se sentent partie prenante de ce bien commun que sont les États-Unis. Voilà ce qu’il faudrait dire pour faire bouger les Français, eux qui sont plus pessimistes, enclins à s’expatrier et à se critiquer. Eux qui manquent tellement d’estime de soi.
Toutes les démocraties connaissent le repli sur soi, le communautarisme. Mais, aujourd’hui, nous avons une chance, les conditions sont réunies pour nous rendre « fiers » de nous-mêmes : nouvelle génération au pouvoir, économie qui repart, regard intéressé des autres sur notre pays. La fierté se crée dans l’effort couronné de succès.
Cela viendra en engageant les Français dans une action collective fondée sur un projet supérieur et un socle de valeurs communes redéfinies par rapport à l’époque, notamment la valeur cardinale d’égalité, à ne pas confondre avec l’égalitarisme. On dit que les Français ne se mobilisent que dans l’adversité. Je les crois aussi capables de se mobiliser pour grandir. Pourvu qu’on les emmène loin, qu’on les respecte en parlant à leur cœur et à leur intelligence.

*John F. Kennedy’s Inaugural Address, January 20, 1961.





Sylvia Vitale Rotta
Présidente-fondatrice Team Créatif, Chevalier de la légion d’honneur au titre du ministère des Affaires étrangères et du Développement international

Pour le plaisir des yeux
Comment faire rayonner la France et son image ? La question impose de réunir avant tout deux conditions importantes. Tout d’abord : prouver à l’étranger que les entreprises françaises ont la capacité de comprendre les besoins hors de leur propre périmètre, qu’elles peuvent prendre en charge des problématiques clients worldwide et sauront apporter des solutions très créatives, stratégiques et pertinentes à des marques ou sociétés inter­nationales, avec la connaissance des marchés locaux et des consommateurs. Ensuite : faire comprendre au Français qu’il peut être pertinent hors de France tout en étant fier de son pays, et que s’ouvrir à d’autres cultures est une énorme richesse. Voyager est gratifiant et peut nous rendre meilleurs. Le made in France est important, mais le Beau, le Bon et l’Intelligent existent aussi ailleurs. Et il ne faut jamais oublier que parler anglais est nécessaire, fondamental.
Une fois ces deux socles affermis, la France a une vraie carte à jouer grâce à la richesse de son patrimoine, sa culture tant saluée et enviée à l’inter­national, son élégance, et bien sûr sa gastronomie. Ses atouts que le design et sa French touch font rayonner partout dans le monde. Pour le plaisir des yeux.
Isabelle Musnik
Directrice des contenus et de la rédaction
 
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